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Colback à lauréat

Par Dave Appadoo
Colback à lauréat

Le milieu de terrain de Newcastle retrouve son ancienne équipe, Sunderland, pour un derby du Nord bouillant. Un match dont Jack Colback sera la vedette et pas seulement pour son image de traître de service : au vrai, le Magpie est une des sensations anglaises de la saison.

Rien que pour ça, il ne faudra pas rater l’entrée des deux équipes quelques secondes avant 14h30. « Ça » , c’est la promesse de John O’Shea de ne pas serrer la main de Jack Colback avant le match. « Peut-être après le match, mais pas avant » , nuance le défenseur de Sunderland. Pas un mauvais bougre pourtant, l’ancien latéral gauche de Manchester United. Mais voilà, la pilule est encore coincée dans le gosier de nombreux Black Cats, joueurs et supporters. Cette pilule décidément très amère, c’est ce départ l’été dernier de Colback chez l’ennemi absolu, Newcastle. Dix-sept ans qu’un joueur n’était pas passé directement d’un club à l’autre, Lee Clark en l’occurrence, aujourd’hui coach de Birmingham. Surtout que Jack Colback est vraiment une jeune pousse grandie au sein du club de Sunderland qu’il a rejoint dès l’âge de dix ans. Même si le club de son cœur a toujours été Newcastle, et qu’au fond, sa véritable « trahison » était originelle.

« Ça m’a fait un mal de chien, lâche quand même l’ancienne légende du club Niall Quinn qui a tout connu chez les Black Cats, capitaine, entraîneur, manager et président. Ça aurait été moins difficile s’il avait joué une dizaine d’années et qu’il avait aspiré à autre chose, ça aurait pu se comprendre. Mais là, il devenait seulement le joueur que nous espérions. Mais c’est la loi du football, il n’y a pas de rancœur à avoir vis-à-vis de Jack. Je pense qu’il a aussi été influencé par son agent. Disons surtout que je plains Gus Poyet qui a perdu un atout majeur. Et sans contrepartie. » Car une bonne partie du malaise vient de là : l’ami Colback s’est carapaté chez le voisin honni libre de droits. Et ouais, pas la moindre pépète pour un joueur très convoité et qui aurait profité de ce départ sans indemnité pour signer, dit-on, un contrat à 280 000 euros par mois. Mais pourquoi diable autant de bisbilles pour ce Colback au pedigree plutôt obscur… ?

Chelsea à genoux devant lui

Car franchement, à première vue, le néo-Magpie ne paie pas vraiment de mine. Mais à première vue seulement. Car le bonhomme qui vient de souffler sa vingt-cinquième bougie est un solide gratteur de ballons dans l’entrejeu. Mais surtout, le natif de Killingworth, à quelques encablures de Newcastle, possède une drôle de capacité à jouer très proprement, même sous une très forte pression. Au vrai, le bougre ne balance jamais, et c’est à la fois une rareté pour un insulaire et un étonnement vu les a priori que l’on pourrait avoir sur sa technique, disons relative. « Good but no skills » , comme le définissent la plupart des médias britanniques : « bon mais sans habilité » . Rien à voir avec la légende Paul Scholes, prototype même du joueur hyper actif devant une défense (même si l’ancien Red Devils a occupé à peu près tous les postes du milieu) et incroyablement créatif balle au pied.

Mais sans atteindre le génie (si on peut utiliser ce mot pour Scholsy) de son illustre aîné, Colback a véritablement bluffé le royaume en dominant le milieu de référence de Chelsea lors de la première défaite de la saison des Blues à St James’Park, avec toujours cette capacité toute anglaise à aller à la filoche avant de se projeter pour flairer un second ballon ou même finir un contre mené par ses camarades. Oui, une sorte de milieu à tout bien faire dans la lignée d’un Jordan Henderson, autre produit de la formation méconnue de Sunderland, et que Colback pourrait retrouver prochainement en sélection.

L’histoire du « Pirlo Roux » …

Car l’été dernier, Roy Hodgson a convoqué le jeune homme pour les deux matchs de l’Angleterre face à la Norvège, puis la Suisse. Un appel essentiellement dû à la cascade de forfaits dans l’entrejeu anglais, mais que quelques suiveurs de Sunderland avaient pronostiqué dès la fin de saison dernière, comme l’impayable Niall Quinn qui ne peut s’empêcher une vacherie : « C’est juste dommage que cette convocation soit arrivée avec Newcastle » . Ce rendez-vous a finalement été manqué par l’ancien international U20, la faute à une vilaine blessure au mollet. Mais la première prise de contact international a produit son petit effet, puisque le sélectionneur des Three Lions a eu l’idée pour le moins saugrenue de surnommer le nouvel appelé le… « Pirlo roux » . Ou comment créer le buzz de manière idiote sur un petit gars du Nord du pays qui n’avait rien demandé à personne.

Car, suite à cette comparaison comme une insulte au maestro italien, les tweets de fans désabusés ont fleuri dans tout le pays, relayés avec gourmandise par les journaux, parmi lesquels ces deux-là picorés au hasard : « Voir Colback dans la liste m’a redonné espoir d’être sélectionné moi aussi un jour, alors que je n’ai jamais joué ailleurs que dans mon jardin » (@Darren_Barnard), ou encore « Si Colback joue avec la sélection, je change de pays et je supporte le Costa Rica » (@The LukeDwyer). Oui, au fond, Colback figure une vraie évolution : longtemps, le public anglais se délectait de ces gars qui lui ressemblaient tant et qui perçaient au plus haut niveau ; aujourd’hui, ce même peuple anglais prend conscience qu’Albion ne sort essentiellement que des joueurs ordinaires. Et Jack Colback est, bien malgré lui, une incarnation de tout ça.

Par Dave Appadoo

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