Clap de fin pour Nedved

Pavel Nedved est passé maître dans l’art du contrepied. Après avoir annoncé sa retraite internationale après l’Euro 2004, il avait finalement disputé la dernière Coupe du Monde Allemande devant l’insistance du peuple tchèque. En 2007 et 2008, il avait également émis l’hypothèse de raccrocher définitivement, avant de se raviser afin d’aider la Juve à redevenir ce qu’elle était après une saison passée au purgatoire. Et voilà qu’au lendemain d’une défaite à Chelsea en Ligue des Champions, le sosie de Lorant Deutsch annonce la fin de sa carrière pour le mois de juin. Vraisemblablement pour de bon, cette fois-ci. « C’est une décision définitive et je ne changerai pas d’avis » , a-t-il déclaré jeudi matin.

Alors que retiendra-t-on de Pavel Nedved ? Tout d’abord des buts d’anthologie, comme celui qui restera comme le dernier de l’histoire de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe inscrit face à Majorque en finale de l’édition 1999 (victoire de la Lazio 2-1). La frappe de mule à l’entrée de la surface était la marque de fabrique du Tchèque, qui avait l’avantage d’être aussi précis et puissant du pied droit que du gauche.

C’est lors de sa double épopée européenne avec le Sparta Prague et la République Tchèque en 1996 que Nedved s’est fait un nom à l’Ouest. Mais à la différence de ses camarades (Bejbl, Poborsky, Berger etc.), Nedved réussit à confirmer. Peut-être parce qu’il a su choisir le championnat nécessaire à son épanouissement. Le Calcio aime ces joueurs froids, travailleurs et capables de vous planter un but décisif de 30 mètres lorsqu’on les croit dans un mauvais jour.

Au sommet à 31 ans

Beaucoup de spécialistes étaient sceptiques lorsque la Vieille Dame décida de troquer Zinedine Zidane pour Nedved à l’été 2001. Et pourtant, la Juve n’a jamais été aussi forte que lorsqu’elle avait le Tchèque pour chef d’orchestre. Championne d’Italie pour la première fois en quatre ans lors de la première saison de l’ancien Laziale à Turin, elle conserva son titre l’année suivante et faillit décrocher la Ligue des Champions 2003, à un carton jaune près. Celui qu’un Nedved au sommet de son art reçut lors de la demi-finale retour face au Real, le privant ainsi de finale à Old Trafford face au Milan AC. Une absence qui ne l’empêcha pas de décrocher le Ballon d’Or à la fin de l’année. A 31 ans, à un âge où tout footballeur est considéré sur le déclin.

Véritable marathonien des rectangles verts, Nedved incarnait à lui seul la notion de mouvement perpétuel. Surtout, Lippi avait la chance de pouvoir changer de système plusieurs fois par match sans que le rendement du Tchèque ne s’en ressente, chose qui lui était impossible avec Zidane à la baguette. Tantôt deuxième numéro 6, parfois à droite ou à gauche, ou même utilisé en neuf et demi, le blond à la coupe Playmobil était ce qu’on appelle un joueur complet.

Au final, il n’aura manqué à Nedved qu’un titre continental avec sa sélection. Une consécration qu’il effleura en 1996 (défaite au but en or face à l’Allemagne) et surtout en 2004. La Reprezentace, grande favorite du tournoi, avait perdu face aux Grecs sur cette escroquerie de but en argent.

Alors que la Juve s’apprête à entamer un nouveau cycle, Nedved a compris qu’il était temps pour lui de « laisser la place aux jeunes » . Au moins sa retraite obligera la Juve à focaliser son prochain recrutement sur un gros morceau, ce qu’elle aurait déjà dû faire l’an dernier. Car ce n’est pas avec Poulsen qu’on gagne un championnat.

Marc Hervez