Chelsea-Juventus, duel de putes

Chelsea, son argent, son Ruskof, son jeu direct ; la majorité des amateurs de foot détestent ce club, par principe. D’autant que José n’est plus là pour les faire marrer. En face, la Juventus Turin, soit le mal absolu. Moggi, les buts à la 98e, le dopage, son réalisme et son jeu chiant comme la pluie un soir d’hiver mosellan. Pas de mouvements, pas d’exploits individuels, pas de fantaisie, pas de générosité, pas de superstar à laque, rien à se mettre sous la dent. Au sein même des supporters de la Juve (si si, ça existe), Ranieri et ses manières sont de plus en plus critiqués.

Défensif, sectaire, apôtre de l’expérience et de la solidité, Claudio emmerde tout le monde. Même pas un mot plus haut que l’autre en interview pour faire passer la pilule. Soit, Ranieri n’est pas le premier sur la gaudriole ni l’offensive. Mais s’il s’agit de voir des gogols courir comme des fous, c’est du côté d’Arsenal qu’il faut regarder, et si l’intérêt est plutôt de voir des mecs faire mumuse avec le cuir, y’a de quoi faire en Catalogne.

Claudio, lui, correspond très bien avec la doctrine maison – sérieux, sobriété, sérénité – et surtout, il fait avec ce qu’il a. C’est à dire beaucoup de blessés, à droite Camoranesi se refait mal à chaque fois avant même de pouvoir revenir et à gauche, Nedved est tombé encore plus bas que Thierry « l’affront » Henry. Le Tchèque ne passe plus en un contre un et marque un match sur dix. Devant, Del Piero est toujours aussi génial mais plus vraiment aussi vif et Amauri n’est pas si bon que ça. Comme en plus ce sont Poulsen et Sissoko les milieux centraux, la Juventus n’est vraiment pas taillée pour enflammer le dance floor. Et pourtant, elle fait toujours peur. Ou au moins chier à jouer. C’est déjà ça, c’est peut-être même l’essentiel à ce niveau…

L’ancienne escouade de Ranieri, Chelsea, devrait pouvoir en dire autant avec l’arrivée de Guus Hiddink aux manettes. L’expérience Scolari (l’imposture ?) n’aura été que de courte durée. D’ordinaire, les licenciements de coachs sont plutôt regrettables, mais là, force est de reconnaître que la nomination du Hollandais volant (et de son pharmacien?) est une bonne nouvelle pour les fans des Blues. Avec Scolari, Chelsea tournait à vide et se serait probablement fait dessouder par la Juve.

Là, c’est nettement moins sûr, rien que le PSV époque Guus avait poussé le grand Milan dans ses derniers retranchements. Déjà, pour commencer, à l’instar de la dernière journée de championnat, Hiddink a mis en place un 442 losange qui sied davantage à son équipe. Anelka et DD devant, Deco en 10, Ballack et Lampard en piston, Mikel en 6. Surtout, histoire de ne pas parler tactique plus que nécessaire, Hiddink apporte avec lui une méthode qui a fait ses preuves aux quatre coins du globe. Reste que la Juve n’en a rien à foutre, elle en a vu d’autres et ne va certainement pas laisser Chelsea s’amuser si facilement.

Dans ce duel, c’est à celui qui dictera le ton qu’ira l’avantage. L’Anglaise va d’abord essayer de jouer, de proposer un match de foot ouvert, ce qui constitue sa meilleure chance de gagner. La Juventus va vite vouloir contrôler le match, ralentir les mouvements adverses comme les tibias. A ce jeu-là aussi, Chelsea a du répondant. Plus qu’une partie de plaisir, le match sera forcément sale ; ce sera alors la plus dégueulasse des deux formations qui l’emportera. Les paris sont ouverts.

Simon Capelli Welter