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  • France – Coupe de France – 16e de finale – Guingamp/Châteauroux

Châteauroux 2004 : une finale, un frisson, puis le déclin

Par Régis Delanoë
Châteauroux 2004 : une finale, un frisson, puis le déclin

Châteauroux, qui affronte le tenant du titre ce soir en 16e de finale de Coupe de France, a eu droit à sa finale de la compétition au Stade de France. C'était il y a 11 ans, avec Zvunka aux manettes, Bertin et Algerino sur la pelouse, face au PSG de coach Vahid, de Pauleta, Déhu, Fiorèse, Pierre-Fanfan and co. Le climax de la Berri, qui n'a jamais pu revenir à la lumière depuis.

« C’est con ce que je vais te dire, mais je le dis quand même parce qu’y a rien de plus vrai : en Coupe, y a une part de chance. Et la chance, cette saison-là, on l’a eue. » Victor Zvunka est un gars du genre lucide et honnête. Plus d’une décennie après l’épopée de son Châteauroux en Coupe de France 2004, il garde en mémoire ce gros « coup de bol » , qui a permis à son équipe de sortir du saladier au bon moment lors des tirages au sort. « Et encore,rappelle-t-il, on commence par jouer Grenoble en déplacement, qui était à l’époque aussi en Ligue 2 et on gagne le match à l’arraché 1-0 grâce à un but marqué à la 90e. Là, on peut aussi parler de destin… » Tour suivant : encore une L2, encore à l’extérieur, avec un affrontement à Valence. « Pareil, c’était du ric-rac, rembobine le Z. On est menés 2-0, on égalise à 2-2 et on se qualifie aux pénos. Pfiou… Tu te dis que la baraka est avec toi. » Et la baraka, les Castelroussins l’ont encore plus tard, avec un huitième de finale face une nouvelle L2, Créteil, à domicile cette fois. « Ils avaient pas la tête à la Coupe, on gagne sans trembler 2-0. » Arrive le tirage des quarts de finale, et là, ça se complique avec une périlleuse opposition face à Monaco à Louis-II au programme.

Du très grand Roudet

Autre témoin de l’époque, le milieu de terrain Karim Fradin, aujourd’hui directeur sportif des Chamois niortais, joue lui aussi les modestes. « On gagne là-bas, ce qui est certes un exploit, mais faut resituer le contexte : Monaco jouait à l’époque sur plusieurs tableaux, dont la Ligue des champions, et l’entraîneur Didier Deschamps avait fait le choix de mettre plusieurs cadres au repos. » Une semaine après ce match, l’ASM jouera en effet son quart de finale de C1 contre le Real, et on connaît la suite, avec cette inattendue aventure européenne qui s’arrêtera seulement en finale face au Porto de Mourinho. La Coupe de France ? Un objectif secondaire. Rothen, Morientes, Zikos, Bernardi, Évra, Ibarra ou encore Givet ne figurent pas dans l’équipe opposée à Châteauroux, et la Berri en profite pour se qualifier 1-0, d’un but signé Djibril Sidibé, ancien joueur du Rocher. « Là, tu sens que l’engouement commence à bien monter en ville, tout le monde se met à y croire. »

Zvunka, lui, y croit d’autant plus que le tirage au sort lui fait de nouveau un cadeau avec une demi-finale à la maison contre le petit poucet de la compétition, Dijon, alors en National et entraîné par un entraîneur débutant, un certain Rudi Garcia. « Une telle chance, t’es obligé de la saisir, t’as pas le droit de te louper, insiste le coach. Je ne m’étais tellement pas permis qu’on se rate que j’étais allé voir cinq fois jouer les Dijonnais pour bien les superviser. Et ça m’avait bien servi d’ailleurs, car j’avais remarqué qu’ils avaient un point faible : leur arrière droit. Je lui avais mis Roudet en face, il lui avait fait très mal. » C’est d’ailleurs lui qui ouvre le score. La victoire est propre et nette : 2-0, score acquis dès la première période avec un deuxième but signé Gueï. Châteauroux est en finale.

PSG, le « grand frère »

Une finale que La Berrichonne va jouer en plus face au « grand frère » PSG, comme l’appelle Karim Fradin. « Je me rappelle Denisot, notre président, qui avait dit qu’il serait content, peu importe le vainqueur. À Châteauroux, l’ambiance montait au fur et à mesure depuis le huitième de finale à la maison. En demie, Gaston-Petit avait fait le plein, ce qui n’est plus jamais arrivé depuis, je pense. Et au Stade de France, on est montés à 30 000. Rien que pour ma famille, j’avais réservé une vingtaine de places. » D’ordinaire calme, la petite ville de l’Indre est en ébullition avec cette première finale historique de Coupe, une nouvelle belle occasion de revenir à la lumière après la seule et unique expérience d’élite vécue lors de la saison 1997/1998. Et c’est peut-être dans cet « avant » préparé des étoiles dans les yeux que l’équipe a déjà perdu sa finale, d’après Zvunka. « Aller au Stade de France, c’était un aboutissement pour mes joueurs, ce que je peux comprendre d’une certaine manière. J’avais bien quelques joueurs d’expérience pour essayer de calmer les choses, mais c’était difficile. On arrive au stade en pensant à prendre des souvenirs, à faire des photos, à choisir son casier dans le vestiaire… Tout sauf à penser au match lui-même. »

Passe de Fiorèse, but de Pauleta

En plus, le coach n’a pas à sa disposition un effectif au top de sa forme. « Giraudon s’était pété un tendon et était forfait, Gueï avait eu un accident de voiture et était diminué, comme Roudet, qui s’était claqué un peu avant… » Pour encadrer les jeunes Viator, El Bekri, Roudet ou Vandenbossche, Algérino est là, tout comme Teddy Bertin ou encore Karim Fradin, titulaire dans l’entrejeu, 31 ans à l’époque. « Ce match ne se joue pas à grand-chose, se remémore ce dernier. On avait un manque d’expérience des grands matchs, on n’a pas su exploiter nos temps forts, tout le contraire du PSG, qui marque sur coup de pied arrêté, ce qui n’est pas anodin. » Un but signé Pauleta de la tête, sur un corner tiré par Fiorèse. Un classique, qui intervient peu après l’heure de jeu. La formation emmenée par Vahid Halilhodžić l’emporte 1-0 sans briller, mais permet d’enrichir le palmarès du club pour la première fois depuis 1998. Une performance pour une équipe assez improbable pour qui a fini par s’habituer au PSG version Qatar : Letizi, Bošković, Pierre-Fanfan, El Karkouri, Mendy, Déhu, Cana, Ljuboja, M’Bami, Fiorèse et Pauleta (les Argentins Heinze et Sorín étaient absents à Saint-Denis). Cette équipe terminera par ailleurs à une belle deuxième place en championnat, laissant le ticket pour la Coupe UEFA à son adversaire de la finale.

De retour à Châteauroux « comme des moins que rien »

Malgré ce joli cadeau, Victor Zvunka garde un souvenir amer de cette fin d’épopée. « Après le match et le protocole, on est rentrés à Châteauroux comme des inconnus, des moins que rien. Personne pour nous attendre sur le parking, aucune fête, rien. On boucle une saison extraordinaire pour le club, et tu n’as aucune reconnaissance au bout. On s’est tous quittés au pied du car, chacun rentrant chez soi. On était écœurés… » La saison qui suit, après une élimination prématurée et attendue en C3 (0-4, 1-2 contre Bruges), les Castelroussins, avec un effectif enrichi de quelques nouveaux éléments de qualité (Fanni, Chafni, Mansouri, Marchal…), déroulent en Ligue 2 pour terminer au pied du podium et de la remontée en élite. Jamais plus Châteauroux n’a obtenu meilleur classement depuis, et la tendance est aujourd’hui plus que jamais à une relégation en National pour ce club historique du deuxième échelon du football français.

Par Régis Delanoë

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