CdF : Pourquoi il faut regarder la finale de Coupe de Bretagne ?
A priori, si l'on n'a pas grandi dans la péninsule armoricaine, la finale de Coupe de France entre Rennes et Guingamp a autant d'intérêt que les oeuvres complètes de Manau. Pour les représentants des 25 autres régions, voici cependant les raisons de voir la vie en rouge et noir samedi soir.
L’AVANT MATCH
Le scénario corse
Jacobinisme oblige, moult palabres ont été nécessaires avant d’autoriser l’interprétation de l’hymne breton. Pour préserver l’unité de la République face à cette dangereuse région sécessionniste, il sera finalement joué à 19h30. Si on avait voulu le cacher, on n’aurait pas fait mieux. De quoi rendre plus régionaliste que le roi Nominoë, le moins porté des Bretons sur la discographie de Gilles Servat, et contracter une siffléite aiguë au moment de l’exécution du tube de Rougest de l’Ile.
Le scénario marseillais
Décembre 1997, Massilia abrite le tirage au sort de la Coupe du Monde au stade Vélodrome. Un match entre une sélection Europe face au reste du Monde parachevait cette journée. Mais plus que les roulettes de Zidane ou les buts de Raul, le moment marquant fut l’entrée en piste de Lionel Jospin, sifflé par un stade coléreux. Samedi, Nicolas Sarkozy pourrait essuyer une colère populaire autrement plus violente. Crise oblige, mais aussi car Rennes et Guingamp ne sont pas Rouge et Noir par hasard, les deux villes sont gouvernées à gauche (enfin par le PS), deux exceptions dans un environnement plutôt de droite. Sauf que le shérif des Hauts-de-Seine vient d’annoncer qu’il a un rencard de dernière minute avec Angela Merkel samedi. Un rendez-vous en forme d’alibi. Petit, et mesquin en plus celui-là.
LE MATCH
La Bretagne est la terre des n°10
C’est Christian Gourcuff qui le dit. Mais mis à part son fiston, Stéphane Carnot, et Jocelyn Gourvennec, on cherche et on ne trouve pas. Yohan Bigné ? Soyons sérieux. Reste que Guy Lacombe vient de repositionner Jérôme Leroy en meneur axial, et sur un malentendu Lionel Mathis peut lui aussi figurer cette grande victime du football moderne, ce grand regret des esthètes, le n°10.
L’alcool va couler à flot
Pourquoi l’Angleterre reste plus que jamais LE pays du football ? Parce que ses clubs font trembler l’Europe ? Par sa culture foot ? Pourquoi pas, mais surtout parce que l’alcool dégusté dès le déjeuner nourrit une ferveur aussi bonhomme que bruyante. Des vapeurs enthousiastes qui contaminent les joueurs et garantissent un spectacle énergique à défaut d’être technique. Et comme les Bretons n’ont rien à envier aux Britons quand il s’agit de se rafraîchir le gosier, le stade de France titubera comme un samedi à Liverpool ou à Portsmouth. There’s only one Jérôme Leroy ! There’s only one Wilson Oruma !
L’APRES-MATCH
Le pari
Chaque épopée en Coupe de France s’accompagne de paris plus ou moins stupides, de défis à la con. Ainsi, nous sommes en mesure de vous révéler qu’en cas de sacre rennais, Guy Lacombe a promis de se raser la moustache lors de la remise du trophée. Pierre Dréossi lui apportera blaireau, mousse et lames Wilkinson, avant de se livrer, pour sa part, à une imitation de François Mitterand, mode Bébête Show. Côté guingampais, Noël le Graët a promis de tout chambouler et de faire sa raie sur la gauche et non plus sur la droite. De vrais oufs ces bretons !
Enfin, il ne faudra manquer sous aucun prétexte cette finale, si vous êtes un fan de Jeanne Mas anarcho syndicaliste et lecteur de Stendhal.
Par
