Calcio, une longue journée d’attente

Ah, qu’elle était belle, la trêve internationale. Soudés et talentueux, les glorieux gladiateurs de l’équipe nationale sont allés batailler contre la pluie et l’Ecosse, avant de rentrer fesser en public les Feroe et de finir premiers de leur groupe de qualification. Et le monde du football italien de se congratuler, et tout le monde de décrypter le mystère des chapeaux à l’Euro, et les journaux de parier sur les chances de la Nazionale à l’Euro. Même Fabio Capello, pourtant en retrait cette année, a gonflé d’orgueil l’actu italienne, en finissant en pole position la course des candidatures au poste de sélectionneur de l’équipe d’Angleterre. Pour un peu, on en aurait presque oublié que les joueurs de l’Italie ont joué en Ecosse avec un brassard noir en référence à la mort de Gabriele Sandri. Gabriel Sandri ? Oui, ce jeune tifoso laziale tué par un flic sur une aire d’autoroute. C’était il y a deux semaines à peine. On feuillette la presse italienne, et ça semble une éternité.

Pourtant, c’est bien le quotidien qui reprend ce week-end en Italie. Le quotidien, c’est le championnat, avec son Inter, sa Juve, sa Roma, sa Fiorentina. C’est aussi le mouvement ultra, qui a annoncé d’une seule voix sa volonté de faire aujourd’hui grève des encouragements dans toute la péninsule – d’autres ont prévenu d’arriver en retard au stade, pour bien marquer le coup. C’est enfin la fédération, qui a d’ores et déjà décidé hier d’interdire pour la semaine prochaine les déplacements des supporters de cinq clubs : Inter, Juventus, Genoa, Napoli et Lazio, tandis que se profile le même jour un Catane-Palerme à se faire un sang d’encre – c’est lors de l’édition précédente de ce match que le policier Filippo Raciti était passé de vie à trépas. C’est donc peu dire que dans la tête des décideurs du calcio, ce week-end est un peu le week-end de tous les dangers. Un genre de quitte ou double : ou bien ça repart en sucette et la saison est foutue, ou bien ça se calme, et on oublie tout. La deuxième solution arrangerait bien les affaires de la presse également. Lundi soir, le Corriere dello Sport a prévu de faire une grosse teuf à Milan pour saluer l’arrivée de son nouveau site internet. Ça se passera dans la discothèque “Rolling Stone”, et Moratti, Galliani, Matarrese, Della Valle, Frey sont déjà annoncés. Faudrait pas leur gâcher la fête.

Heureusement pour ces gens, niveau football, il s’agit d’une journée sans risques. Peu de vrais chocs, pour ne pas dire aucun. En tête de classement, matches faciles pour l’Inter face à Bergame, la Roma au Genoa, la Juve face à Palerme, et la Fiorentina à la Reggina. Le Milan a l’occasion de se rassurer en allant défier Cagliari, qui vient de perdre son pourtant excellent entraîneur Marco Giampaolo, le Frédéric Hantz transalpin. Pour les Français, il faudra regarder comment Frey gèrera les têtes lobées de ses adversaires, et guetter, peut-être, l’énième but de David Trezeguet, ce Riquelme à l’envers (énorme en club, tricard en sélection). Sinon, les spécialistes du match chaud auront quand même un Napoli-Catane à se mettre sous la dent. Le derby du milieu de tableau, 9ème contre 10ème. Vivement la semaine prochaine.

Samedi soir :

Genoa – AS Roma : 0-1

But : Panucci (89e)

Inter – Atalanta : 2-1

Buts : Suazo (11e), Cruz (30e) – Floccari (39e)

L’Inter conserve la tête du championnat avec trois points d’avance sur la Roma.

Ennio Gnocchi