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Bordeaux dans le sillon de Marseille et Lyon ?
Ce jeudi, les Girondins de Bordeaux iront défier les Reds de Jürgen Klopp dans la mythique enceinte d'Anfield. Pour l'heure, seuls deux clubs français ont réussi à s'imposer dans la ville des Beatles : l'Olympique de Marseille et l'Olympique lyonnais.
Pour tout grand amateur de football, le nom d’Anfield résonne comme aucun autre. L’enceinte mythique des Reds de Liverpool fascine autant qu’elle effraie les adversaires des Anglais. Elle fascine parce qu’en son sein sont nées tant de légendes, ont éclos tant de talents et sont passés tant de grands managers qu’il faudrait des jours entiers pour en dresser une liste non exhaustive. Elle effraie parce qu’ici sont tombés les plus grands, parce qu’ici les supporters sont censés chanter plus fort qu’ailleurs, parce qu’ici, personne ne marche jamais seul. Que Liverpool soit étincelant, ou que le club traverse une période plus difficile, aller jouer à Anfield n’est jamais simple. Ce jeudi soir, les Girondins auront fort à faire s’ils veulent espérer ramener les trois points de la victoire de leur voyage en Merseyside. D’autant plus que les clubs français n’ont jamais brillé dans le Nord-Ouest de l’Angleterre. À deux exceptions près : deux victoires exceptionnelles de l’Olympique de Marseille et de l’Olympique lyonnais en Ligue des champions. La première le 3 octobre 2007 et la seconde le 20 octobre 2009.
Marseille, une victoire historique
« À jamais les premiers ! » Si cette devise fait grincer des dents bonshommes et gentilles dames de la capitale, elle n’en est pas moins vraie quand il s’agit d’évoquer les victoires françaises à Anfield. Et pour cette grande première, l’Olympique de Marseille a fait les choses en grand. Il faut dire qu’au début de la saison 2007/2008, Liverpool est en forme. Avant de recevoir l’OM, les hommes de Rafael Benítez restent sur 11 matchs invaincus toutes compétitions confondues. Mieux, sur ces cinq derniers matchs de Premier League, les Reds n’ont encaissé aucun but. Et pourtant, les Marseillais, longtemps malmenés, s’en remettent à l’inspiration géniale de Mathieu Valbuena pour devenir le premier club français à s’imposer à Anfield. Une frappe limpide sous la barre. « Elle y est, elle y est » … Oui, elle y est.
« Ce sont mes joueurs qui ont écrit l’histoire ce soir. J’ai pris la responsabilité de mettre Valbuena dans cette équipe, dans cette position, mais je n’avais pas peur. Il a fait un grand match tactiquement, comme toute l’équipe d’ailleurs » , confie Éric Gerets en conférence d’après-match. Outre la performance des joueurs, celle des spectateurs est également unanimement saluée. Pendant 90 minutes, les Marseillais ont fait plus de bruit que les Reds et ont fait naître un sentiment partagé dans l’Europe du football : Anfield ne serait pas si bruyant que ça. « J’ai beaucoup de respect pour les supporters qui sont venus ce soir, qui ont fait peut-être 20 heures de bus à l’aller, et qui vont faire encore 20 heures au retour. J’ai senti que les joueurs étaient contents pour les supporters. Je leur ai dit avant le match que certaines personnes n’avaient pas beaucoup d’argent, qu’ils faisaient 20 heures de trajet pour venir les voir jouer. Alors, ils doivent être fiers de nous quand ils rentrent chez eux. À un moment donné, j’ai eu l’impression que l’on était chez nous, et non pas à l’extérieur » , explique Gerets.
Lyon, au mental et au courage
Deux ans après que les Marseillais ont ouvert la voie à leurs successeurs, les joueurs de Claude Puel se rendent à Anfield avec beaucoup d’espoirs. En Ligue des champions, les Gones restent sur deux victoires consécutives, la première à la maison contre la Fiorentina (1-0), et la deuxième à Debrecen (0-4). L’objectif est alors simple : la première place du groupe. La préparation du match n’est pas optimale : Lyon vient de perdre à Gerland contre Sochaux (0-2). Ce qui n’empêche pas Claude Puel d’affirmer en conférence de presse : « On a déjà oublié Sochaux. On est prêts pour être plus performant que samedi. Samedi, c’était un accident. Je suis convaincu que l’on va faire un grand match. » Heureusement pour Claude Puel et ses hommes, Liverpool connaît un début de saison compliqué, une situation comparable à celle que traverse le club aujourd’hui. « Il ne faut pas leur laisser de point en sachant que cela sera compliqué. On ne doute pas » , affirme le technicien lyonnais.
À la 41e minute, Benayoun trompe Lloris et plombe le moral des Rhodaniens. Tout du moins espère-t-il le faire. Dès le retour des vestiaires, les Gones reviennent avec les meilleures intentions, mais ne trouvent pas la faille. Entré à la 43e minute à la place d’un Cris blessé, Maxime Gonalons égalise d’une tête rageuse à la 72e minute et inscrit son premier but chez les pros ici, à Anfield, alors même qu’il évolue à un poste qui n’est pas le sien. « Au début, je me suis posé pas mal de questions, mais Jérémy (Toulalan) m’a beaucoup aidé sur mon placement, on a beaucoup parlé. Ensemble, on a bien réussi ce que l’on nous demandait. Je dépanne derrière quand j’en ai l’opportunité » , confie le futur capitaine de l’OL à OLWeb le lendemain. « Ce moment restera gravé dans ma mémoire pour toujours. Marquer à Anfield n’est pas donné à tout le monde. Sur le moment, je suis sur un nuage, je ne sais pas trop comment exprimer ma joie, c’est loin de moi, je fais donc ce que je peux » , poursuit-il. Ce nuage, les Gones ne le quitteront pas. Dans les arrêts de jeu, Delgado reprend un centre de Govou et donne la victoire aux siens.
« Cette victoire donne une dimension sur le plan historique, peu de clubs sont venus gagner ici. Mais c’est aussi un grand pas pour la qualification. Pas encore suffisant, au vu du peu de points de Debrecen. Et ce public ! Une foule formidable, on a entendu les supporters lyonnais pendant tout le match. Je suis très fier, on a rivalisé avec le peuple d’Anfield, et ce n’est pas donné à tout le monde » , exulte le président Aulas en conférence de presse le lendemain de la rencontre, très rapidement rejoint par son acolyte de toujours, Bernard Lacombe : « Une victoire ici, dans ce stade mythique, c’est énorme ! Le petit Gonalons se rappellera longtemps de son premier match en Ligue des champions, comme défenseur central, et avec ce but ! » Depuis, aucun club français ne s’est imposé à Anfield. Peut-être Willy Sagnol pensera-t-il à lancer un jeune joueur à Liverpool ce soir. Qui sait ce qui pourrait arriver ensuite ?
Par Gabriel Cnudde