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Andy Murray, les herbes folles

Par Victor Le Grand et Alma Messina
Andy Murray, les herbes folles

C'est l'événement sportif so british du jour : Andy Murray affronte Roger Federer en demi-finale du tournoi de tennis de Wimbledon. L'occasion de se rappeler qu'à l'adolescence, l'Écossais a longuement hésité entre le gazon et la pelouse des grands rectangles verts. Retour sur la jeunesse « schizophrène » d'un ancien avant-centre à l'aise des deux pieds, pote d'Alex Ferguson, supporter des Hibernians et qui surnomme Franck Sauzée « The God ».

C’est la question qui fâche. Sans qu’Andy Murray ne l’ait vue venir un seul instant. Un matin de juin 2006, un célèbre journaliste anglais du Daily Mail, Des Kelly, réunit pour une même interview la légende du tennis britannique, Tim Henman, et le petit nouveau prometteur, Andy Murray, à peine 20 ans. Au détour de la conversation, Henman souhaite charrier son acolyte sur la rivalité sportive entre l’Écosse et l’Angleterre. « Vous, les Écossais, vous n’êtes pas qualifiés pour la prochaine Coupe du monde, vous êtes nuls en rugby, vous ne jouez pas au cricket et, durant les Jeux olympiques, vous représentez la Grande-Bretagne. » Murray éclate de rire. Tout le monde éclate de rire. Profitant de la bonne ambiance, Des Kelly la joue fine et pose un pavé dans la marre : « Mais alors, Andy, qui allez-vous soutenir au Mondial allemand ? » Réponse de l’intéressé : « Tout le monde, sauf l’Angleterre. » Une vanne ? Trop tard. Dès le lendemain, la punchline fait le tour de la presse locale et enflamme les réseaux sociaux. Un bad buzz, comme disent les communicants d’aujourd’hui. En 2010, à l’aube du Mondial sud-africain, un magasin de vêtements d’Aberdeen, troisième ville d’Écosse située en bord de mer du Nord, a même la bonne idée de lancer sa collection de tee-shirt. Le logo ? « A.B.E » , pour « anyone but England » . Soit au mot près ceux d’Andy Murray quatre ans plus tôt. La police locale interviendra pour retirer cette garde-robe jugée à « caractère raciste » . Et son instigateur malheureux d’en subir les conséquences : « C’était juste une blague, mais tout d’un coup, c’est devenu un débat national, déclarera-t-il dans les colonnes de FourFourTwo. J’ai fini par comprendre beaucoup à partir d’une si petite chose. »

« Il aurait peut-être un super avant-centre »

Ce que Murray vient alors de saisir, c’est l’intransigeance de tout un peuple britannique à l’égard de ses joueurs de tennis. Depuis le sacre de Fred Perry en 1936, il aura fallu attendre 76 ans et 2013 pour voir un autre local remporter Wimbledon. Son nom ? Andy Murray himself, vainqueur en finale et en trois sets du n°1 mondial, Novak Djokovic. Dans les vestiaires, José Mourinho ira féliciter en personne le lauréat, confessant avoir « versé quelques larmes » après la balle de match. Un an plus tôt, Alex Ferguson avait déjà interrompu la conférence de presse de son compatriote lors de sa victoire à l’US Open 2012 pour lui offrir une bouteille de vin, en compagnie de Sean Connery. Légèrement éméché, l’ancien manager de Manchester United s’était adressé à voix haute aux journalistes : « Andy Murray est entré dans la cour des grands joueurs de tennis. Mais si je m’en étais occupé plus tôt, il aurait pu devenir un grand joueur de football également. » Vrai.

Andy a 15 ans quand le centre de formation des Glasgow Rangers lui propose de faire plusieurs essais avec l’espoir de rejoindre son centre de formation. Qu’il est contraint de décliner. « C’est arrivé au moment où il a déménagé à Barcelone (dans la Sánchez-Casal Academy, ndlr) pour se consacrer entièrement au tennis, replace son grand-père maternel, Roy Erskine. Mais je n’ai jamais eu de doutes sur ses qualités de footballeur : il aurait peut-être été un super avant-centre. Il était habile des deux pieds, avait une grande détente, une bonne conduite de balle et un gros esprit de compétition. » La semaine, Andy taquine le cuir lors de chaque récréation scolaire, et porte en week-end la liquette des Gairdoch United, l’équipe junior d’un petit village de 3 000 habitants appelé Carronshore. Quand il ne joue pas, ce sont les Hibernians d’Edimbourg qui attirent ses faveurs de jeune supporter. Son idole ? « Franck Sauzée, sans aucun doute, confiera-t-il à FourFourTwo. Ici, on l’appelle « Le Dieu ». »

« J’aurais adoré jouer comme Jack Wilshere »

Pour les amnésiques, le lance-missiles français a joué pour les Hibs de 1998 à 2001. Tout comme Roy Erskine, ancien défenseur professionnel de 1952 à 1954. « Toute notre famille supporte les Hibernians et je dois admettre que mon lien avec le club en est la principale raison. On peut dire que tout est de ma faute » , rigole-t-il aujourd’hui. Conséquence : quand son emploi du temps le permet, Murray rate rarement une occasion de placer une tête à Easter Road. En avril dernier, l’Écossais est venu jeter un coup d’œil au nouveau terrain d’entraînement du club, une semaine avant son mariage. Roy était de la visite. Andy a passé la journée à regarder les séances, parler aux joueurs, aux dirigeants… Il a aussi été très impressionné par leur salle de fitness qu’il trouvait de qualité supérieure à celle de Chelsea où il a fait un travail de récupération après son opération du dos en 2013 : « J’ai réalisé à quel point les méthodes avaient avancé ses 60 dernières années. De mon temps, s’entraîner voulait dire courir et avec un peu de chance, on restait en forme. » Dix ans plus tôt, c’est un autre problème de santé qui contraint Andy à arrêter le football : « Je me souviens de ce jour où il s’est tordu la cheville, rembobine Roy. Sur le chemin du retour, il était inconsolable parce qu’il avait un match de tennis important le lendemain. »

Pendant quatre ans sur le circuit ATP, Murray traînera comme un stigmate une attelle au-dessus du pied. Pour ne pas prendre de risque, Andy ne joue plus au foot. Mais éprouve un amour récent pour Arsenal depuis qu’il a emménagé à Londres avec sa petite famille. « J’aurais adoré jouer comme Jack Wilshere, pour tirer les ficelles du jeu. » À défaut, l’Écossais tire aujourd’hui celles du tennis britannique. Cet après-midi, il essaiera d’atteindre la finale de Wimbledon et de remporter une deuxième coupe dorée. Avec peut-être, dans un coin de sa tête, le sentiment d’avoir pris il y a plus d’une décennie la bonne décision. Aucun regret ? Roy Eskine, au sortir de son tournoi de golf, n’est pas si catégorique. « Tous les joueurs de foot aiment le tennis et inversement. Pourquoi ? Dans le cas des tennismen, ils aiment la rigueur du football, les dribbles et, dans beaucoup de cas, ont un jour émis le souhait d’avoir été un grand footballeur. De temps en temps, c’est ce que doit se dire Andy… »

Par Victor Le Grand et Alma Messina

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