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Adil Rami, le footballeur n’est toujours pas un salarié comme un autre…

Par Nicolas Kssis-Martov
Adil Rami, le footballeur n’est toujours pas un salarié comme un autre…

Adil Rami n’est plus salarié de l’Olympique de Marseille. L’ex-international va donc devoir se trouver rapidement un autre maillot s’il désire continuer à exercer son métier. Le prétexte pour le licencier pose en lui-même problème, et la procédure et son hypocrisie illustrent à quel point les clubs patrons ne regardent toujours pas leurs joueurs comme des travailleurs, tout en leur demandant, à grands coups de chartes, de faire preuve de professionnalisme.

Dans le cas d’Adil Rami, il s’impose de bien distinguer deux « actualités » . D’une part les accusations, notamment de violences, qui pèsent sur lui de la part de son ex-compagne, Pamela Anderson, sans oublier, ce qui ne relève pas du judiciaire, des révélations sur sa double vie. Autant d’éléments qui dans leur ensemble ont largement contribué à ternir une image publique par ailleurs passablement écornée sur le plan strictement sportif. De l’autre, et même si évidemment ce qui précède sert forcément de toile de fond, la décision de la part de son employeur de se séparer de lui, et de son salaire, au prétexte de faute grave, en l’occurrence sa participation à Fort Boyard. Cela faisait longtemps que France Télévisions n’avait eu un tel impact sur le foot pro en France.

Actif et passif

Naturellement il n’a échappé à personne que l’OM, astreint par le fair-play financier à plus de sagesse économique, a besoin de libérer des liquidités pour renforcer son effectif, un impératif d’autant plus prégnant avec son début de saison déjà angoissant après la défaite à domicile contre de modestes rémois. Dans ce cadre, l’ex-international devient vite un « passif » dont il devient nécessaire de se débarrasser, surtout que son rôle dans le vestiaire, si souvent souligné, ne semble guère déteindre sur les performances de ses coéquipiers, sans parler de ses propres prouesses plutôt décevantes. Ajoutez, comme souligné plus haut, que désormais sa popularité de plus belle et sympathique moustache en bleu s’est considérablement effondrée, et vous comprendrez aisément que l’OM Patron n’a guère de scrupule à se débarrasser de son « bien » , devenu encombrant et coûteux à « stocker » . Prétexte, car dans une autre configuration, celle d’un défenseur décisif et médiatiquement bankable, comme lors de son retour du Mondial 2018, il aurait pu enchaîner sans problème tous les shows et les émissions, assurer un featuring dans Plus belle la vie, sans que quiconque ne songe à le lui reprocher du côté de la Commanderie.

Le but du droit

Adil Rami et ses avocats peuvent évidemment brandir le droit, celui du travail en particulier. Ce sera sûrement en vain, sauf à négocier quelques dédommagements (en rappelant que le gouvernement a fait plafonner les indemnités pour licenciement abusif). Tout d’abord parce que nombre de salariés ordinaires subissent eux aussi ce type d’injustice et n’obtiennent que rarement gain de cause, même quand les faits parlent d’eux-mêmes. Ensuite, le foot pro fonctionne, ce qui parfois convient fort bien aux joueurs, en dehors des clous du salariat ordinaire. Le pro, surtout lorsqu’il évolue dans l’élite avec les rémunérations qui vont avec, se transforme davantage en auto-entrepreneur qui fournit un service à un client qu’en un employé d’une entreprise avec des protections et des obligations, inscrites dans son CDI ou CDD. Des revues telles que Juris Sport sont désormais régulièrement remplies de petites explications juridiques sur des décisions de tribunaux, et autres jurisprudences, concernant des contentieux entre footballeurs, peu importe leur niveau (de CFA à Ligue 1) et leur club.

Adrien Rabiot, certes autour d’un autre type de conflit, en avait aussi fait l’amère expérience. Refusant d’être simplement un actif que son club puisse échanger pour son plus grand profit, il a vu ses droits élémentaires de travailleur niés, pour s’éterniser dans une bataille de com qui ne lui profita effectivement pas à l’arrivée. Bien sûr les émoluments de ces individus ne portent guère à la compassion. Mais ces bras de fer éclairent un système qui se construit hors-sol, et loin du droit. Et dont souffre et va surtout souffrir le fameux « footballariat » décrit par le sociologue Pierre-Cédric Tia, une réalité qui s’observe de plus en plus dans les basses divisions de notre « foot vrai » . La situation individuelle d’Adil Rami peut faire sourire ou laisser indifférent, l’attitude de l’OM a de quoi inquiéter en revanche.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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