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PES, I love you

Par Fabien Gelinat, nostalgique
4 minutes
PES, I love you

L’annonce de Konami ce mercredi après-midi a fait l’effet d’une bombe. Vingt ans après la sortie du tout premier Pro Evolution Soccer, le studio de jeux vidéo japonais a décidé de faire une croix sur une franchise phare du football sur les consoles de jeu au profit d’un nouvel opus, eFootball. Vingt années dont on retiendra surtout les premières, celles où PES était le jeu de simulation de football par excellence, et dont les fans se raccrochent aujourd’hui à leurs souvenirs d’antan.

La nostalgie a cette tendance, parfois fâcheuse, mais très souvent appréciable, d’enjoliver les souvenirs qui ressortent lorsque l’on se remémore certains passages du passé. Une certaine déformation de la réalité qui traduit les bons moments vécus en les rendant parfois plus beaux qu’ils n’étaient, et une réflexion qui prend son sens pour tout adepte de jeux vidéo. Chacun reste marqué à sa manière par un jeu pour diverses raisons – que ce soit son premier jeu, son premier coup de cœur, le déroulement du scénario ou bien le gameplay proposé – et peu importe si son opus favori a pris un coup de vieux ou non, car la beauté d’un jeu ne réside pas dans son graphisme ou ses nouveautés superficielles, mais dans sa capacité à atteindre émotionnellement le joueur. Et plus de quinze ans après sa période la plus prospère, Pro Evolution Soccer reste encore le jeu de simulation de football qui aura marqué plusieurs générations, des jeunes fans de football en école primaire qui découvraient les consoles de jeu aux adultes qui ont vécu l’essor des jeux vidéo, notamment grâce à une approche du football virtuel qui aura touché en plein cœur les néophytes comme les expérimentés.

Le charme de l’ancien

Évidemment, pour tout individu n’ayant jamais joué à PES et qui décide tout d’un coup de s’intéresser aux premiers opus en 2021, difficile de comprendre pourquoi une telle nostalgie s’est emparée de nombreuses personnes lorsque la mort du jeu a été officiellement prononcée. Ce dernier ne possédait que peu de licences et a dû attendre PES 4 pour avoir plusieurs championnats – auparavant, seules les meilleures équipes de chaque championnat étaient représentées, ainsi que les principales sélections nationales – les noms des joueurs, clubs et stades n’étaient pour la plupart pas les vrais sur les premières éditions, et le jeu semblait plutôt simple visuellement. Et c’est pourtant cette simplicité qui a fait le charme et le succès de PES. En offrant la possibilité de tout modifier pour que l’expérience de jeu soit la plus proche possible de la réalité, qu’il s’agisse des blasons des clubs, des maillots, des joueurs (y compris leur notation), Konami proposait une personnalisation totale de son jeu pour qu’il soit au goût de chaque utilisateur, allant même jusqu’à proposer des options totalement loufoques (tenues de pingouins, dinosaures et autruches ou encore têtes de chien à la place de celles des joueurs).

On peut évidemment ajouter à cela la Ligue des Masters et ses joueurs fictifs iconiques à partir de PES 2 : Ivarov, Stremer, Valeny, Espimas, Ximenez, Minanda, Castolo, etc. Ou encore – liste non exhaustive – la possibilité de créer une équipe de A à Z (et donc l’occasion unique de mettre à l’époque le onze de son club de district ou bien de se faire plaisir en y ajoutant simplement sa bande de potes accro au jeu), le réalisme tactique et technique nécessaire de l’époque pour construire une action et marquer un but, ou encore les différents modes d’entraînement à disposition pour se perfectionner et les intros épiques entre le premier et le cinquième opus… Bref, vous aviez une copie presque parfaite pour une simulation de football.

Ce n’est qu’un au revoir

Pour autant, ce jeu qui aura régné pendant plusieurs années, se permettant même de concurrencer, voire dépasser l’ogre FIFA lors de ses plus belles années (respectivement 5,76 et 6,53 millions de ventes pour PES 5 et PES 6, contre 5,27 et 6,38 millions pour FIFA 06 et FIFA 07 d’après les chiffres de VGChartz), aura connu un déclin au moment de virer sur les consoles nouvelles générations (PS3 et Xbox 360). Le fossé entre PES et FIFA n’aura de cesse de se creuser année après année, Konami se perdant dans son offre, alors que le jeu phare d’EA Sports se montrait plus solide chaque année. Et le regain de forme des deux ou trois derniers opus n’aura pas suffi pour faire survivre Pro Evolution Soccer au moment d’aborder la toute nouvelle génération de consoles (PS5 et Xbox Series X), sorties fin 2020.

PES est mort, au profit d’un nouveau jeu de football plus adapté à la next gen dont l’offre gratuite de base servira à convaincre les joueurs d’acheter la pluie de contenus additionnels payants qui en découlera. Il ne reste alors plus qu’à ressortir les vieilles Playstation 2 entreposées dans le grenier, sur lesquelles une couche de poussière s’est déposée au fil des années, insérer de nouveau sa carte mémoire et son CD, appuyer sur le bouton power et laisser le jingle de la PS2 résonner avant de profiter comme au bon vieux temps d’un Milan-Inter de gala sur PES 5, ou d’un Manchester United-Arsenal sur PES 6, afin de remonter le temps et se rappeler que oui, Pro Evolution Soccer aura proposé pendant plusieurs années la plus belle simulation de football.

Relisez notre série de portraits fictifs :==> Valeny, le président normal ==> Castolo, le silence n’est pas un oubli ==> Minanda, le cœur de l’homme ==> La vraie vie de Roberto Larcos

Axel Villière, le frère d'Ardennes

Par Fabien Gelinat, nostalgique

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