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Manu Chao : « Ce n’est pas facile d’être Diego Maradona »

Propos recueillis par Romain Lejeune
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Manu Chao aime voyager. Mais jamais sans ballon. Le temps d’une escale dans la ville de Charleville-Mézières, le plus espagnol des chanteurs français, très rare dans les médias, épingle le football sous toutes ses coutures.

Le souvenir d’un grand match ?L’Uruguay contre le Ghana, lors de la dernière Coupe du monde (Ndlr : quart de finale 2010). Énorme match ! Le football, dans sa plus belle expression.

Tu aimes le foot sud-américain ?Je ne suis ni nationaliste, ni régionaliste, ni « continentaliste » . Tu ne peux pas comparer l’équipe d’Argentine et celle du Brésil. Ce sont des jeux complètement différents. Tu ne peux pas dire qu’il y a une école sud-américaine. Il y a peut-être une école argentine, il y a peut-être une école brésilienne, mais pas une école sud-américaine. Je ne pense pas, en tout cas.

L’empreinte de Diego Maradona, en Argentine, omniprésente ?Elle l’est, oui. Et pas seulement en Argentine. Tu peux aller en Afrique, Diego, c’est une référence.

Une référence pour toi aussi ?Oui, en foot, c’est une référence, sur le terrain, mais aussi en dehors ! C’est quand même l’un des seuls qui a osé critiquer le système. Peu se permettent de critiquer ceux qui leur donnent à manger. Il a toujours dit ce qu’il pensait. Et ça, c’est salutaire. Il y a des gens qui disent que Diego est un dieu. Il y en a d’autres qui disent que Diego est un diable. Diego, c’est Diego. Et en tant que personne, c’est un mec pour qui j’ai beaucoup d’admiration.

Personnellement, tu le trouves comment ?C’est un mec que j’aime bien, qui vit au présent, qui est à 100%, peu importe la personne avec laquelle il parle : que ce soit avec moi, toi, le directeur du stade ou le balayeur des loges, il est à 100%, là, avec toi. Il n’est ni dans le passé, ni dans le futur. Il est à 100% dans l’instant présent. C’est ça qui le fait beau !

« Ce que j’aime, c’est jouer entre quatre arbres, les blousons à terre pour faire des cages »

Une rencontre incroyable ?Ce n’est pas parce que les gens sont connus que c’est incroyable de les rencontrer. Mais c’est une expérience. Moi, tout ce que je sais, pour l’avoir vu vivre un peu, c’est que ce n’est pas facile d’être Diego. C’est facile de le critiquer. C’est facile de l’encenser. Mais ce n’est pas forcément facile d’être Diego au jour le jour.

Tu es passé au Brésil. La Coupe du monde est bel et bien en marche ?Ça construit plein de routes, l’argent disparaît, comme d’habitude. Apparemment, ils sont en train de refaire les stades. Je pense qu’on fera le bilan après, pour voir ce que cela aura réellement apporté. S’il y a de vraies infrastructures pour tout le monde, c’est bien. Si cela n’a apporté que la vie chère…

Tout ce qu’il y a autour du foot semble t’agacer…Ça déclenche beaucoup de trucs : au niveau de l’argent, c’est complètement surréaliste, au niveau du nationalisme, c’est surréaliste. Moi, pendant la Coupe du monde, la Coupe d’Europe, je ne suis pas pour un pays, je suis pour l’équipe qui fait le plus beau football. Ce côté drapeau, je n’ai jamais aimé ça. Même au niveau des clubs : les mecs qui se mettent sur la gueule pour des clubs dans lesquels il n’y a pas un seul joueur qui en est originaire, je ne comprends pas très bien.

Le transit des masses d’argent te dépasse ?Ça ne me dépasse pas, et il n’y a pas que dans le foot : c’est dans le pétrole, dans l’industrie, c’est dans la musique aussi, à d’autres niveaux. Le nationalisme, c’est aussi un truc qui ne me plaît pas, je trouve que cela ne va pas dans le sens des choses du futur.

Pour toi, le nationalisme est un truc passéiste ?Voire rance. Ce que j’aime, c’est le beau football, à petit niveau comme à haut niveau, parce qu’il y a des artistes du football. On peut dire que certains mecs jouent artistiquement, quand les entraîneurs leur permettent…

Concrètement, qu’aimes-tu dans le football ?Ce que j’aime, c’est jouer, trois fois par semaine, au quartier, en Catalogne, entre quatre arbres, les blousons à terre pour faire des cages. Les musiciens de rue viennent. On fait jouer les mômes du quartier, quelques anciens viennent aussi.

« Le foot, en parler c’est bien, le jouer c’est mieux »

Tu mets la pratique très en avant ?Le foot, en parler c’est bien, le jouer c’est mieux. Le grand plaisir, il est là. Parler foot au bistrot, c’est bien, je le fais aussi. Tu finis toujours par jouer à ce jeu-là, à un moment ou à un autre. C’est un facteur d’intégration, comme dirait l’autre. C’est un sujet de conversation récurrent dans n’importe quel bar du monde. Tu viens d’où ? Tu habites où ? Je viens de Barcelone, « Ah Messi ! » , et ça y est, c’est parti !

Quel est ton poste de prédilection ?Ça dépend, quand on joue au quartier, on tourne, à la bonne franquette, comme on dit. On n’a pas vraiment de postes attitrés. Mais j’ai toujours été un peu plus milieu de terrain. Comme j’ai toujours dit : jambes courtes, mais vue longue, de temps en temps, je fais une bonne passe.

Ferais-tu un parallèle entre football et musique ?Ce sont deux moyens d’expression différents. Comme il y en a 1000 autres. Le seul parallèle, c’est dans le côté médiatique. Un musicien connu et un footballeur connu, ce sont des gens qui ont accès aux micros et aux médias. C’est le seul parallèle que je vois, sinon, tenir une guitare ou dribbler avec un ballon, techniquement, ce n’est pas pareil, bien que l’un comme l’autre nécessite un entraînement. Il y a des petits parallèles dans ce sens-là : si tu ne travailles pas ta guitare ou ton chant, si tu n’entretiens pas la bécane au jour le jour, que ce soit dans la musique ou dans le foot, tu n’es pas au niveau nécessaire. Si tu veux être au bon niveau, il y a un facteur travail, un facteur entraînement, qui est d’ailleurs beaucoup plus physique dans le foot que dans la musique.

Jouer au foot te permet de rester en forme sur scène ?Ah oui, bien sûr ! Ça aide à ça, le côté physique, poumons et endurance, c’est bon, bien sûr.

Qu’aurais-tu à dire aux jeunes qui débutent ?Faites-vous plaisir, jouer, ce plaisir-là est immense, le bonheur de partager un bon moment autour d’un ballon. Nous, c’est ce que l’on fait. Les guitares sont au bord du terrain et, quand on a fini avec le ballon, on les prend et on joue un moment. C’est un point de réunion, que ce soit un match de foot ou une guitare qui commence à jouer quelque part. C’est un lieu de réunion sociale. Cette fonction sociale est importante. Surtout quand c’est fait spontanément.

Le football, vecteur d’intégration ?Bien sûr, ça peut l’être. C’est un sport international, un passeport. Si tu regardes les trois quarts des équipes de foot au monde, il est rare que les joueurs soient originaires de la ville pour laquelle ils jouent. Il y a donc à peu près dix joueurs sur onze qui se sont intégrés !

Tu vois ce sport comme un passeport ?À haut comme à petit niveau : tu arrives dans un quartier, tu ne connais pas, il y a des mecs qui jouent, tu commences à jouer, c’est un bon passeport pour entrer dans un groupe.

Sa dimension sociale t’interpelle ?Se connaître, apprendre à vivre ensemble et à partager des choses… Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où chacun reste enfermé chez soi face à son écran, à partager des trucs à moitié virtuels avec des potes qui sont à 10 000 kilomètres, ce que je ne critique pas, mais le vrai contact physique est important, aussi. Donc autour d’un ballon, à se vanner, à s’entraider, à se faire des passes, à se placer. Et puis il y a un côté éducatif : si les mômes veulent jouer, il faut qu’ils jouent, qu’ils apprennent, qu’ils se fassent avec les plus anciens, c’est important.

Jouer te rend heureux ?C’est du bonheur. Je crois que le plus grand plaisir du foot, c’est de le jouer. Et puis, ce sport te permet de percevoir la personnalité de chacun, c’est un révélateur formidable.

Après la trêve internationale, place au festin !

Propos recueillis par Romain Lejeune

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