S’abonner au mag
  • Mexique
  • Chivas Guadalajara

Mais qui êtes-vous, les Chivas ?

Par
Mais qui êtes-vous, les Chivas ?

Les Chivas Guadalajara sont, eux aussi, "Mes que un club". Leur ligne de conduite : n'aligner que des joueurs mexicains. Découverte d'une institution qui vient de surprendre le monde en explosant le Barça.

Les Chivas ? Le club formateur de Chicharito. Voilà ce que répond l’amateur moyen de football à l’évocation du plus titré des clubs mexicains. Mais plutôt qu’un épiphénomène, la réussite de Javier Hernandez trouve sa source dans une tradition plus que centenaire. En 1908, le club Guadalajara, son nom à l’époque, est créé par le Belge, Edgar Everaert, appuyé par des … Français, et des jeunes mexicains. Un fil rouge va rapidement s’imposer et guider la politique des Chivas : refuser tout étranger. Autrement dit, former une équipe 100% mexicaine.

Pour avoir les moyens de son idéologie, ou plutôt de ses principes, l’institution de la deuxième ville du Mexique insiste depuis de nombreuses décennies sur le travail de formation. Illustration actuelle : outre Javier Hernandez, trois aztèques débauchés par le Vieux continent ont été biberonnés dans les fuerzas basicas du club : Salcido, Vela, et El Maza Rodriguez (Stuttgart). Au total, un tiers de la légion étrangère mexicaine provient des rangs du Rebaño Sagrado, le troupeau sacré. Belle proportion et … beau palmarès. Malgré une politique qui limite son champ des possibles, les Chivas ont cumulé 11 titres, dont sept remportés entre 1957 et 1965 par le Campeonisimo, cette génération dorée à laquelle appartenait Tomas Balcazar, grand-père du Chicharito.

Mexicanité

Le créneau autarcique du Guadalajara a fait du club un symbole de mexicanité. Dans un pays centralisé, la quasi-intégralité des symboles nationaux provient paradoxalement de sa deuxième agglomération, et de son Etat, le Jalisco : la Tequila, le mariachi, le charro (rodeo mexicain), et les Chivas. Manière aussi d’intégrer une ville réticente au pouvoir de Mexico, dans la communauté nationale. Pour l’anthropologue Andrés Fabregas Puig, auteur de l’ouvrage « Lo sagrado del Rebaño » (le sacré du troupeau), assister à un match des Chivas, à Guadalajara ou à Miami, par hasard, revient pour un citoyen aztèque à « nourrir son nationalisme, son sentiment de mexicanité » . « Les Chivas sont un symbole tangible de fraternité nationale » écrit Puig. A Mexico, ils sont d’ailleurs aussi populaires que l’America, incarnation d’une élite puissante et fascinée par l’étranger, ou les autres clubs phares de la capitale : Cruz Azul et Pumas. Le caractère sacré revendiqué par le troupeau chiva provient de la parabole qu’il constitue d’un Mexique capable de triompher en se reposant sur ses propres forces, mué par la croyance en une fraternité nationale. A l’instar de la sélection, le club et ses supporters prétendent représenter une certaine identité mexicaine, éminemment populaire.

Jusqu’à 2003 et le basculement de l’horaire des matches à domicile du dimanche midi au samedi soir, un jour de football à l’Estadio Jalisco débutait quatre heures avant le coup d’envoi. Les familles de « maçons » , surnom péjoratif donné par les fans de l’Atlas, l’ennemi local, aux soutiens des Chivas, se regroupaient pour déguster des mets made in Jalisco : « birria, menudo, tortas ahogadas » . « Un grand banquet collectif » synthétise Puig. Les mariachis venaient ensuite sonoriser l’avant-match. Postmodernisme oblige, l’identité chiva est aujourd’hui brouillée. L’association civile s’est transformée en entreprise présidée par Jorge Vergara, homme d’affaire avide des pesos des millions de supporters du club. Les fans de l’Atlas ne se lassent alors pas de chanter que « Chivas est une entreprise » . Aussi, le déclin de la croyance en une communauté de destin, en la viabilité de la nation mexicaine a entaillé la transcendance chiva.

Tacos bons marchés

Le caractère populaire du club a pris un grand coup sur la tête il y a un an, avec le déménagement du mythique Estadio Jalisco au flambant neuf, Estadio Omnilife. Un stade tout-confort, le plus moderne du Mexique, mais inaccessible à pied, et où la pizza trop chère a remplacé les tacos bons marchés. Dans un pays marqué par l’émergence d’identités régionales sur lesquelles s’appuient les nouvelles puissances du foot mexicain (Rayados Monterrey, Santos Laguna, Morelia), un succès des Chivas a aujourd’hui perdu une part de sa dimension nationale. Reste que la cantera du Rebaño Sagrado continue de sortir des joueurs qui font et feront l’orgueil d’un pays. Outre El Chicharito et Marco Fabian, le bourreau du Barça, on assiste dès à présent à l’émergence des Carlos Fierro et Giovanni Casillas, sacrés champions du monde moins de 17 avec le mini-Tri en juillet. Avec la préservation du caractère 100% mexicain des Chivas, l’institution de Guadalajara, malgré les mutations en cours, reste mes que un club.

Par Thomas Goubin, à Guadalajara

Le PSG dévore le BK Häcken et rejoint l’OL en demies

Par

À lire aussi
Articles en tendances
02
Revivez : France-Allemagne (0-2)
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne
Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)
32
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
  • International
  • Amical
  • France-Chili
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
Logo de l'équipe France
EDF, le coup de la panne
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne
Logo de l'équipe Géorgie
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport - Photo by Icon Sport
  • International
  • Géorgie
Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol
Logo de l'équipe Allemagne
23 March 2024, France, Lyon: Soccer: International match, France - Germany, Groupama Stadium. Germany's players Jamal Musiala (l) and Toni Kroos react. Photo: Christian Charisius/dpa   - Photo by Icon Sport
23 March 2024, France, Lyon: Soccer: International match, France - Germany, Groupama Stadium. Germany's players Jamal Musiala (l) and Toni Kroos react. Photo: Christian Charisius/dpa - Photo by Icon Sport
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
Allemagne : le gros coup de Kroos

Allemagne : le gros coup de Kroos

Allemagne : le gros coup de Kroos

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine