Une transition offensive mal négociée
Peut-être le trop grand ménage opéré lors du dernier mercato estival déjà. Le secteur offensif a perdu trois pièces maîtresses devant : Jérémie Aliadière, Kévin Monnet-Paquet et surtout Vincent Aboubakar. Le trio détonnant pesait tout de même 28 des 48 buts merlus la saison dernière. Pour pallier la saignée, le club a d'abord opté pour la promotion des jeunes comme Valentin Lavigne, 20 ans, production du centre de formation. Le pari est plutôt payant puisqu'il est le joueur le plus décisif du club avec trois buts et une passe décisive réussis depuis le mois d'août. « Un rêve qui se réalise » dixit Lavigne. Mais il est un peu seul. L'ancien Havrais Walid Mesloub est toujours muet et le prometteur Benjamin Jeannot, transfuge de Nancy, auteur d'un but lors d'un Lorient-Guingamp portes ouvertes (4-0), cherche une solution. « Je ne veux pas du tout remettre la faute sur mes partenaires, nous a-t-il confié en certifiant avoir été parfaitement intégré dans sa nouvelle équipe. Peut-être que c'est moi qui ne fais pas de bons appels, qui n'en veux pas assez ou qui ne suis pas assez méchant dans la surface adverse. »
En arrivant dans le Morbihan, Benjamin Jeannot savait de toute façon que « ce ne serait pas facile de remplacer Aboubakar et Aliadière » . Même pour Jordan Ayew, pour lequel Lorient a lâché 4 millions d'euros. La starlette ghanéenne ne chiffre que deux ficelles en 11 matchs : un but dans ce fameux Lorient-Guingamp (4-0) et un péno lors d'une défaite contre Caen (2-1). « Je n'ai pas eu de préparation d'avant-saison, se défendait toutefois le joueur avant le revers à Caen dans les colonnes du Ouest-France. Je suis arrivé une semaine avant que le championnat ne commence, j'étais en vacances. C'est tout à fait normal que mes débuts soient poussifs. Je ne m'inquiète pas du tout. » Trois matchs de Ligue 1 plus tard, l'attaquant tant attendu se fait pourtant toujours désirer dans un club qui savait avoir du flair pour affoler un peu devant. « Jordan est comme moi, il voudrait être plus décisif, certifie Jeannot. On se met la pression qu'il faut, pas celle qui nous empêche de jouer. »
Un après-Gourcuff pas encore digéré
La pression, à l'échelle de Lorient, pèse aussi inévitablement sur les épaules de Sylvain Ripoll, à la succession empoisonnée d'un personnage comme Christian Gourcuff. L'ancien adjoint avait certes assuré, avec succès, un intérim glorieux lorsque son n°1 soignait une hanche opérée (3 victoires en 3 matchs), Ripoll compte aujourd'hui toujours 3 victoires, mais sur 13 levées. Lors de son intronisation en qualité d'entraîneur principal, le président Féry saluait un Ripoll « imprégné des valeurs du FC Lorient, un adepte du beau football, avec, en plus, une mentalité de battant, de gagneur. » S'il s'inscrit dans la lignée d'un jeu « à la Lorientaise » impliquant technique, redoublements de passes et propension à conserver le ballon, le nouveau coach a aussi apporté sa touche personnelle : plus de jeu encore et moins de temps faibles. Mais jusque-là, ça ne passe pas. « Je pense que la transition est un peu difficile pour certains cadres qui n'avaient connu que Christian Gourcuff comme entraîneur, expose Benjamin Jeannot. Je pense que le coach et son staff essaient d'installer de nouvelles choses, mais ça n'arrive pas à prendre tout de suite. »
Il faut croire que Yann Jouffre est concerné. Maître à jouer du dernier FCL de Gourcuff, l'ancien Guingampais a perdu de son influence : pas une galette ou un but depuis l'ouverture du bal. Dans un Lorient plus joueur encore, les historiques semblent ainsi avoir perdu leurs repères. « Ce qui est clair, c'est que le coach demande beaucoup de choses dans le jeu, constate un Benjamin Jeannot qui reste solidaire de son entraîneur. Des fois dans les matchs, on est sûrement trop joueurs. On n'arrive même pas à prendre un point quand on le peut, comme à Rennes et contre Saint-Étienne (défaite dans les dernières minutes à chaque fois, ndlr). Il faut savoir fermer le jeu dans les 10-15 dernières minutes. Pour au moins prendre un point. Si on n'est pas capable de gagner des matchs, il faut aussi ne pas les perdre et c'est ce qui nous manque actuellement. » Pire encore, les Merlus ont l'art de relancer leurs concurrents directs, comme Reims ou Évian qui sont allés chercher au Moustoir leur premier succès à l'extérieur. Pour l'instant, le président Féry ne cherche pas à couper la tête du calme aux grands yeux. « On a déjà eu des difficultés dans le passé, et la stabilité a toujours été un élément de réponse, assure-t-il dans les colonnes de L'Équipe. Après, c'est sûr qu'on va être attentifs aux prochains résultats… » Toujours se laisser une porte de sortie. Un autre marronnier.
Par Aurélien Renault
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