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- CSKA Moscou/Zénith
Le ballet de Moscou
Alors que ce week-end, l'attention sera évidemment focalisée sur la reprise de la Ligue 1, un choc se tient à l'autre bout de l'Europe. Le CSKA Moscou, leader du championnat russe, reçoit le Zénith, son dauphin. La Ligue des Champions avant l'heure.
Le championnat russe frétille. Tandis que pendant l’été, les joueurs européens se la coulent douce sur les plages de Formentera ou de Rio, les pensionnaires de Russie tournent à plein régime. En hiver, il fait trop froid. Du coup, la compétition s’arrête. Les mois estivaux sont donc les meilleurs pour faire vibrer le pays. Or, ce 6 août, le pays tout entier attend le choc du haut de tableau. Les deux grands clubs de ces dernières années s’affrontent, pour une affiche qui veut dire beaucoup. D’une part, le Zénith Saint-Pétersbourg de Luciano Spalletti. Vainqueur du championnat en 2007 et 2010. Dauphin du CSKA en 2003. Vainqueur de la Coupe UEFA en 2008.
De l’autre côté, le CSKA Moscou de Leonid Sluckij. Le club moscovite a raflé le titre national en 2003, 2005 et 2006, a été dauphin du Zénith l’an dernier, et a également remporté l’UEFA en 2005. Cette saison, les deux clubs marchent sur la Russian Premier League. Une seule défaite en 18 journées pour le CSKA (lors du derby face au Spartak), deux pour le Zénith (face au CSKA au match aller, 0-3, et contre Tom’Tomsk), et une concurrence qui peine à suivre le rythme imposé par les deux leaders. L’heure de se départager a donc sonné.
Deux équipes en pleine bourre
Psychologiquement, l’avantage est indéniablement dans le camp du CSKA. Vainqueur de la dernière confrontation directe, sur la pelouse de Zénith, le 10 avril dernier, le club de la capitale s’est également payé le luxe de sortir l’équipe de Spalletti en quarts de finale de la Coupe de Russie (2-0). Une double gifle qui a fait mal au champion, mais qui ne l’a pas abattu pour autant. Même si les semaines qui ont suivi la déconvenue ont été difficiles, le Zénith s’est remis sur les bons rails à partir de la fin du mois de mai, et ont engrangé 20 points sur les 24 derniers possibles.
Un élan qui les fait arriver à ce rendez-vous dans de bonnes conditions, même si en face, c’est du costaud. De fait, le CSKA 2011 ne rigole pas. Emmenés par des joueurs en pleine confiance, parmi lesquels le Japonais Honda ou le meilleur buteur du championnat, l’Ivoirien Doumbia, les Krasno-sinie n’ont commis quasiment aucun faux pas depuis le début de leur saison. Et le coach le sait. En cas de victoire face au Zénith, son CSKA s’envolerait à huit points de son adversaire. Autant dire, un coup de marteau (sans la faucille) sur le championnat.
Gazprom impose sa loi
Néanmoins, le bien-nommé « Club Sportif Central de Football Professionnel de l’Armée de Moscou » vient d’essuyer un revers qui pourrait mettre le doute dans la tête des joueurs. En seizièmes de finale de la Coupe de Russie, il s’est lamentablement fait sortir de la Coupe de Russie par Volgar-Gaszprom, actuel 13ème de deuxième division. Une élimination qui a fait du bruit du côté de Moscou, mais qui a été interprété de deux façons. Soit le CSKA a sous-estimé son adversaire et s’est fait sortir à la loyale, soit l’équipe rouge et bleue a joué la stratégie, en se déchargeant d’une compétition « mineure » , pour pouvoir ainsi concentrer toutes ses forces sur le championnat et la Ligue des Champions, qui débute dans un mois. Dans les deux cas, l’élimination n’a pas été digérée par les supporters, qui ont d’ores-et-déjà demandé une victoire face au Zénith en guise de pardon. Requête acceptée par le coach qui porte le même prénom que Brejnev. « La défaite face au Volgar-Gazprom est déjà oubliée. Nous sommes entièrement focalisés sur ce match. Je suis juste déçu d’avoir concédé ce but en fin de match la semaine dernière face à Krasnodar. Cela nous aurait permis d’avoir 7 points d’avance et de pouvoir nous envoler à +10. Mais ce n’est pas grave. Il faut gagner samedi, nous ne nous laissons pas le choix » a-t-il affirmé à la presse russe. Un homme déterminé.
Khimki perd jamais
En face, on joue évidemment à celui qui poursuit et qui, du coup, n’a rien à perdre. En août dernier, le Zénith avait abandonné tout espoir de participer à la Ligue des Champions en s’inclinant, lors du tour préliminaire, face à l’AJ Auxerre. Spalletti n’aimerait pas que le mois d’août devienne celui où son équipe perd toujours tout. Or, pour revenir dans la course à sa propre succession, l’ancien Zénith Leningrad n’a pas d’autre choix que d’aller réaliser un exploit en terre ennemie. Un stade de l’Arena Khimki où le CSKA (excepté le derby face au Spartak) n’a plus perdu en championnat depuis juillet 2010. « Le CSKA est en train de faire une excellente saison, mais je pense que nous avons toujours l’opportunité de combler l’écart. Nos intentions demeurent les mêmes : nous essayons de donner toujours le meilleur de nous-mêmes » a déclaré le coach italien en conférence de presse. Une victoire ramènerait le Zénith à deux points du leader. Sachant que le CSKA devra ensuite affronter un mois de fer, avec un déplacement chez le Rubin Kazan, et deux derbys face au Spartak et au Dynamo Moscou. Le jour où la Ligue 1 redémarre, le championnat russe pourrait ainsi subir un tournant décisif vers son zénith. Le cycle des saisons.
Eric Maggiori
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