S’abonner au mag
  • Culture foot
  • Ballons mythiques

La véritable histoire du ballon en mousse

Par Fabien Gelinat
8 minutes
La véritable histoire du ballon en mousse

Star des écoles à partir de la fin des années 1990, réputé pour sa soi-disant incapacité à blesser les enfants et casser des objets ainsi que sa physique assez proche d’un réel ballon de football, mais également plus grand cauchemar des parents les jours de pluie, le ballon en mousse est devenu un accessoire incontournable pour les graines de champions désireuses de taper un foot entre copains sans se faire mal. Mais d'où vient-il ? Qui est à l’origine de ce concept ? Enquête.

La simple évocation des années 1990 renvoie aux bons souvenirs de la Game Boy, des Pogs ou encore des Tamagotchis. Mais s’il y a bien un autre objet qui a marqué l’ensemble des enfants passés par l’école primaire depuis cette époque, c’est lui. Depuis environ trente ans, il arpente les cours de récréation, filant d’un pied d’élève à un autre, effectuant un petit tour dans la flaque d’eau que tous les gamins s’étaient promis d’éviter pour ne pas qu’il se gorge d’eau et vienne tremper les vêtements par la suite, avant de finir généralement son périple sur le toit de l’école, rejoignant ainsi ses quatre ou cinq copains déjà sur place depuis trop longtemps. Lui, c’est le ballon en mousse, cette sphère de polyuréthane qui a transformé les parties de foot des plus jeunes, lassés d’un ballon en plastique dont la trajectoire n’avait ni queue ni tête et frustrés de ne pas avoir un substitut crédible au ballon en cuir, banni des cours de récré. Sa force ? Se rapprocher de la physique d’un ballon en cuir sans pleurer toutes les larmes de son corps si on le reçoit dans les parties intimes, même si, avouons-le, le prendre en pleine tronche n’est pas la meilleure sensation au monde non plus. Mais qui donc a eu cette idée de génie ? Pour avoir des éléments de réponse, il faut se diriger vers un pays de football. Ou plutôt de soccer, car c’est au nord des États-Unis, dans le froid de Minneapolis, plus grande ville de l’État du Minnesota, que tout a débuté en 1969.

Twister et plot twist

Pour avoir la version complète de l’histoire, rembobinons de quelques années supplémentaires. Nous sommes au début des années 1960 et Reyn Guyer, originaire de Saint-Paul, capitale du Minnesota collée à Minneapolis, vient de terminer ses études à l’université de Dartmouth. Diplôme en poche, Reyn réfléchit à devenir écrivain, mais cède à l’appel de son père qui lui propose de venir travailler dans son entreprise Design Company où il crée des affiches et des vitrines pour des grandes sociétés comme S.C. Johnson ou 3M. Rien de transcendant pour Reyn jusque-là, mais tout bascule en 1965. Copropriétaire de Design Company, le jeune Guyer décide de se tester dans le secteur des jeux de société et jouets afin de mettre au point une promotion pour le compte d’un client opérant dans le cirage de chaussures. Son concept, qui n’est autre que le jeu Twister, est une réussite et commercialisé dès 1966 par l’entreprise de jeux Milton Bradley, plus connu sous l’acronyme MB. Le rapport avec le ballon en mousse ? On y vient.

Le succès de Twister est immédiat et pousse Reyn Guyer à envisager une suite dans cette branche. Après discussion avec son paternel, il décide donc de lui céder ses parts chez Design Company et de créer sa propre entreprise de conception de jeux de société et jouets en 1968 : Winsor Concepts. Néanmoins, huit mois après sa naissance, sa boîte n’a accouché d’aucun bébé jusqu’à un après-midi où l’équipe de Winsor Concepts doit se réunir pour tester un nouveau concept de jeu : Caveman. L’idée ? Les joueurs disposent de pièces de monnaie qu’ils cachent sous des rochers et doivent protéger leur butin à l’aide de petits « cailloux » en mousse. D’abord morose, le test entre dans une atmosphère folle lorsque Will Kruse, un des employés, décide d’assembler plusieurs de ces cailloux en mousse et lance une mêlée générale. L’euphorie retombée, l’équipe se rend compte qu’elle a sous les yeux les prémices de quelque chose de fou.

La première balle d’intérieur au monde

Reyn Guyer flaire le coup de génie et décide de se fournir en mousse de densité différente, dont l’utilité première était de protéger les colis fragiles, et de les couper au ciseau pour obtenir des balles adaptées au basket-ball, dodgeball, base-ball, etc. D’ailleurs, il conserve depuis cette époque son premier prototype dans une boîte en acajou accompagnée de velours noir qui fait son petit effet à chaque intervention publique. Avec son crew, Reyn s’en va rendre une petite visite à Milton Bradley pour présenter ce nouveau concept, mais fait chou blanc : MB rejette l’idée, pas intéressé à l’idée d’élargir sa gamme de jeux.

Parker Brothers – célèbre pour son Monopoly – en profite et mise tout sur la falsie-ball, le nom d’origine de la petite balle chez Winsor Concepts (en référence au rembourrage que l’on peut trouver dans les soutien-gorge), au détriment du reste de la gamme. Et en 1969, la falsie-ball voit le jour, même si son nom a été modifié : on l’appelle désormais la NERF ball (NERF signifiant « Non Expanding Recreational Foam » ou « mousse récréative non expansible » en français, et dont le mot avait un double sens à l’époque : il correspondait aux barres des Jeep qui protégeaient les pare-chocs avant, tout en étant de l’argot dans les courses de voitures américaines où, lorsqu’une d’entre elles se faisait expulser de la piste par un concurrent, elle se faisait « nerf » ).

Le succès est complètement fou, les gens se ruent sur cette petite balle de 10 centimètres de diamètre et 80 grammes à la pesée, disponible dans six coloris (rouge, bleu, jaune, orange, vert et violet) et vendue pour un dollar US, une broutille. Résultat, plus de quatre millions d’exemplaires sont vendus la première année, un véritable carton pour cette petite sphère en mousse inoffensive. Le discours inscrit sur la boîte originelle ne trompe pas d’ailleurs : « SÛRE ! La Nerf ball est faite d’une mousse synthétique incroyablement moelleuse et spongieuse. Lancez-la en intérieur : vous ne pouvez casser ni lampes ni fenêtres. Vous ne pouvez pas blesser les bébés ou les personnes âgées. » Le groupe The Monkees est même sollicité pour réaliser un spot publicitaire à la suite d’un partenariat entre les boissons Kool-Aid et NERF. Très vite, Parker Brothers sort de nouveaux modèles plus développés, mais aussi plus ciblés sous la supervision de Reyn Guyer : ballon de football (américain) en partenariat avec la NFL, la Ligue de Football nord-américaine, de basket-ball, de base-ball et même un disque ressemblant à un frisbee pour permettre aux enfants de reproduire les mouvements de leurs idoles sans le moindre risque.

Et le football, ou plutôt le soccer, dans tout ça ? Eh bien, hormis la sortie de la Super NERF ball en 1970, un ballon qui n’est ni plus ni moins qu’une évolution de la NERF ball et dont le diamètre est légèrement inférieur à 18 centimètres (pour rappel, un ballon de foot possède un diamètre d’environ 22 centimètres), pas grand-chose à cette époque. Si le soccer n’a jamais été un des sports majeurs aux États-Unis, il fait encore plus pâle figure dans les années 1970-1980, et le championnat de l’époque (la NASL ou North American Soccer League) disparaît même en 1985. Mais ne nous égarons pas. Malgré son succès phénoménal, la NERF ball connaît un test d’inflammabilité non concluant en 1971, ce qui contraint Parker Brothers à quelques modifications (le polyuréthane est différent et la boîte n’est plus qu’un sachet) pour son produit phare qui perdurera jusqu’en 1991.

Le NERF de la guerre

C’est dans ces années que la NERF ball se décline dans une version ballon de neuf pouces (environ 22 centimètres donc) qui va réellement chatouiller les amoureux du soccer outre-Atlantique, malgré son poids qui est environ 50% inférieur à celui des gonfles en cuir (ces derniers pesant dans les 400/450 grammes), sauf par temps de pluie bien sûr. Et c’est également à cette période que l’attractivité du ballon en mousse de football grandit. De nombreuses entreprises se positionnent sur le marché en copiant l’idée de NERF. La conception hyper simpliste de départ – une sphère de polyuréthane et c’est tout – étant impossible à déposer, il s’agit d’une occasion en or de développer son propre ballon en mousse à moindre coût. Ces répliques vont proliférer en Europe et en France, qu’elles soient de marques connues (Kipsta, Mondo, etc.) ou non, et terminer aux pieds des jeunes enfants dans les cours de récréation, les jardins ou encore les rues.

Pour Reyn Guyer, 86 ans aujourd’hui, l’avènement des jouets en mousse lui a permis de faire décoller sa carrière. Il crée derrière son label de musique Wrensong/Reynsong en 1985, puis fonde Winsor Learning, qui aide les enfants souffrant de problèmes de lecture depuis 1997, lui-même étant dyslexique. Quant à la marque NERF, propriété de Hasbro depuis 1991, tout roule puisqu’elle s’est entre-temps développée de manière exceptionnelle en misant sur les jouets de type pistolets avec munitions en mousse ou à eau, et autres accessoires de bataille sans danger qui font fureur dans le monde entier. Pas une raison pour laisser la branche sport pourrir cependant, y compris le soccer, dont la Pro Foam Soccer ball et ses évolutions dans les années 2000 et 2010 ont apporté un souffle nouveau avec leur revêtement qui apporte plus de grip et de poids (entre 300 et 400 grammes contre environ 450 grammes pour un ballon en cuir) pour un réalisme sans précédent. Le ballon rebondit parfaitement et épouse des trajectoires réalistes bluffantes. Des innovations pour se rapprocher toujours plus des sensations d’un ballon en cuir qui ont surtout affecté le marché nord-américain, à défaut d’avoir une vraie renommée sur le Vieux Continent (et surtout un coût plus élevé de 10 à 20 dollars US par rapport aux répliques). Mais qu’importe le progrès technologique, tout le monde attend de manière utopique la solution ultime : pouvoir jouer avec un ballon en mousse sur un terrain trempé sans finir avec l’horrible trace sur son pantalon qui restera de la récré de 10 heures jusqu’à la fin de la journée, avant de subir les remontrances de ses parents à la sortie de l’école.

L’OM en maîtrise à Saint-Étienne

Par Fabien Gelinat

Crédits photos : Reyn Guyer et Hasbro

À lire aussi
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
  • Ligue 1
  • J14
  • Saint-Étienne-Marseille
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)
Articles en tendances
03
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
  • C1
  • J6
  • Salzbourg-PSG
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
  • Ligue 1
  • J14
  • Saint-Étienne-Marseille
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)
10
Revivez Brest-PSV (1-0)
  • C1
  • J6
  • Brest-PSV
Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Bruno Genesio est-il le meilleur entraîneur français actuellement ?

Oui
Non
Fin Dans 10h
163
120
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine