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La Digue du cul
Prénom : Didier. Nom : Digard. Particularité : fossoyeur du milieu de terrain niçois. A 90 minutes d'une finale de Coupe de France, l'ancien Parisien veut mettre tout le monde d'accord. Oui, la Digue a un Cabaye dans chaque orteil.
« Il a le potentiel pour intégrer les Bleus » . Le compliment était signé Julien Sablé. C’était l’hiver dernier. A cette époque, Didier Digard n’était pas à 90 minutes d’une finale au Stade de France. Surtout, l’ancien Parisien était un homme blessé. Au sens figuré tout d’abord. Après trois saisons moyennes, l’ancien espoir havrais voulait confirmer son potentiel. Au sens propre ensuite, car la Digue est souvent sur la touche. La faute à un corps fragile. Notamment musculairement. C’est con pour un milieu défensif de son gabarit. D’autant que son binôme de l’entrejeu – Sablé – n’est pas une masse. Pourtant, derrière la grande carcasse tatouée et le crâne rasé de Didier Digard se cache un écorché vif. L’ancien Parisien ne se voyait pas forcement à Nice à l’aube de ses 25 ans. Il rêvait secrètement d’Angleterre. De Premier League et du Big Four. Un championnat qu’il a effleuré l’espace d’une saison avec Middlesbrough. Pas forcément un rêve…
Néanmoins, la Digue a cette fâcheuse manie qu’on appelle la précocité. Depuis qu’il a quitté son premier cocon familial pour s’enrôler chez les Havrais, le milieu de terrain a tout fait avant tout le monde. Casé à 15 piges. Père à 16. International chez les jeunes dès ses premiers poils, Double D avait tout du futur crack. Dans sa promotion normande, quelques noms ronflants : Lassana Diarra notamment. Le black et le blanc-bec deviennent potes et martyrisent les catégories de jeunes. Digard est comme ça. Toujours au bon endroit au bon moment. Comme en 2005 où la génération 1986 accroche le championnat d’Europe des moins de 19 ans. En Irlande du Nord, il fraye avec les Lloris, Gourcuff et autre Diaby. D’ailleurs, c’est là qu’il se lie d’amitié avec son pote Cabaye. Les deux compères auront l’occasion de se rendre des coups sur le terrain ce soir. Moussa Sow aussi était de l’aventure. Lorsqu’il s’arrache du Havre pour rejoindre Paname, Digard est aux anges. Paris, c’est la ville de son cœur…
Paname, 16 matches et puis plus rien
A Paris, le joueur n’a pas 21 ans lorsqu’il débarque pour succéder à Edouard Cissé. Les premières sorties sont flatteuses. On découvre un milieu technique, travailleur et polyvalent (en amical, il joue même latéral droit). Seulement les promesses ne font qu’un temps. Blessé, DD ne reviendra jamais et quittera Paname après une demi-saison et 16 matches de Ligue 1. Sans trop savoir pourquoi, Paris le brade en Angleterre. En deux saisons à Borough, Digard tombe dans l’oubli. Putain de gâchis. Il faudra un coup de fil de la cellule de recrutement niçois au mercato d »hiver 2010 pour que l’ancien Havrais revienne trainer ses guêtres en France. Un prêt qui tourne mal. Digard se blesse de nouveau. Mais les dirigeants azuréens croient en lui et relancent le prêt. Banco. Pour sa première vraie saison en Ligue 1, le milieu de terrain prend de l’épaisseur. Jeu au sol, transversales de 40 mètres, changements de rythme, le numéro 6 du Gym a pris la place du retraité Echouafni. Celle de la plaque tournante. Du baromètre.
Pourtant, de prime abord, le mec fait flipper. On parle quand même d’une poutre tatouée comme un biker. « Le premier que j’ai fait, c’est le nom de mon fils Marvin sur le bas-ventre. J’avais 16 ans. Les derniers, les visages de mes parents sur l’avant-bras droit. Les autres ? Ils représentent Paris, des gangsters parisiens, des armes… » déclarait-il dans Nice-Matin. Mais le type est casanier. Très loin du bling-bling et des sorties nocturnes. Alors quand il sort de sa carapace, c’est pour envoyer du bois. Ce soir, il retrouvera son pote Cabaye et les sentiments seront mis de côté. Au bout il y a Saint-Denis et l’espoir de jouer l’Europe. Et peut-être l’espoir d’évoluer un jour en Bleu qui sait ? Rien de plus logique pour un mec né un 12 juillet, après tout.
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