La ballade des Albiceleste
Et un, et deux, et trois zéro. L’Argentine, donnée super favorite de cette Copa America, l’a fait. Elle retrouvera dimanche en finale son éternel rival brésilien pour une apothéose qui s’annonce d’ores et déjà prometteuse.
Malmenée ces derniers temps en Coupe du monde, où son toque souffre sur la durée face aux combats physiques proposés par les équipes du Vieux Continent, l’Albiceleste ne se trouve jamais plus à son aise que lorsqu’elle a à évoluer sur son sous-continent, dans une compétition dont elle est sortie vainqueur pas moins de 14 fois, un record (à égalité avec l’Uruguay).
Si cette énième qualification argentine en finale ne surprend pas, les chiffres, eux, sont réellement impressionnants : cinq matches, cinq victoires, 16 buts pour – soit une moyenne de plus de 3 buts par match ! – et seulement 3 contre.
A titre de comparaison, son prochain adversaire auriverde compte une défaite, 12 buts pour (dont la moitié passée face au seul Chili…) et 5 contre. Certes, la faiblesse – surtout défensive – de certaines équipes lors de la compétition et la moindre homogénéité du plateau par rapport à ce que peut offrir un Euro par exemple ne permet pas d’offrir à de telles performances un immense prestige ; il n’empêche, la bande à Basile semble actuellement imbattable : une charnière centrale rugueuse Ayala – Milito, deux latéraux très offensifs Heinze – Zanetti, un trident de milieux défensifs garantis 100% “grinta” Mascherano – Veron – Cambiasso, un Riquelme de gala à la baguette et le duo de jeunots Messi – Tevez en attaque, ce dernier remplaçant Crespo depuis sa blessure. Soit un subtil mélange d’expérience et de jeunesse, de classique et de modernité, de tactique et de vitesse.
Hier soir face au Mexique, victorieux 6-0 du Paraguay en quarts et jusqu’ici défense la plus hermétique du tournoi (un seul but concédé), il a fallu attendre 45 minutes et quelques frayeurs (deux barres concédées) pour voir la machine ciel et blanc se mettre en marche.
Juste avant la mi-temps, Gaby Heinze devance spectaculairement du pied gauche le gardien Oswaldo Sanchez sur un coup franc magistralement placé de Riquelme. Surtout, le chef d’œuvre désormais traditionnel de Leo Messi intervient à l’heure de jeu : servi par son compère Carlos Tevez à l’entrée de la surface à droite des cages mexicaines, il contrôle et réussit dans la foulée un magistral lob dans la lucarne opposée.
Cinq minutes plus tard, suite à une faute peu évidente de Rafael Marquez sur Tevez, Riquelme le revenant parachève le succès des siens d’une panenka que n’aurait pas renié le Zidane loco d’il y a tout juste un an.
C’est bien simple, avec l’Argentine actuelle, même le geste le plus anodin se transforme en petit bijou. « Personnellement, je n’ai pas peur de Messi, pas plus que de Pelé ou Maradona : il a deux bras, deux jambes, deux yeux, comme tout le monde, il n’y a pas à avoir peur ; au contraire, on est d’autant plus motivés » déclarait le légendaire attaquant d’“El Tri” Cuauhtémoc Blanco avant le match. Visiblement la motivation n’a pas suffi…
RD