Zoumana Camara, par défaut
Au départ, Paul le Guen avait tout tenté pour mettre en place une défense centrale Bourillon/Camara. Mouais... Si le premier s'est rapidement fait manger par Mario Yepes puis Mam's Sakho, le second s'accroche encore à sa place de titulaire. Critiqué souvent, encensé parfois, Zoumana Camara alterne le bon, le passable, et le très mauvais. Grâce à un réel manque de concurrence à son poste, il tient toujours bon, malgré tout, et surtout malgré lui...
Dimanche dernier, à quelques encablures de la porte de Saint-Cloud, le fan parisien n’en mène pas large. Pourtant, vers 17h ce jour-là, son club fétiche reçoit le ventre mou du championnat, l’OGC Nice. A priori, pas vraiment de quoi s’inquiéter donc. Sauf qu’à la lecture des compositions, le fan parisien s’attarde sur deux noms, ceux de Traoré et Mabiala, la charnière bis. Point de Sakho, toujours à l’infirmerie, et surtout point de Camara, suspendu un second match après son expulsion face à l’OM. Résigné, le fan parisien se rend alors à l’évidence, Zoumana Camara est bel et bien indispensable à son club. Sans doute une première dans sa longue carrière…
Qui se souvient aujourd’hui que son dépucelage en première division, Papus l’a vécu en Serie A, en Toscane et au Pento ? Pas grand monde. Pourtant à l’été 98, le natif de Colombes faisait partie du fameux butin braqué par l’Inter Milan dans nos centres de formation. En plus des deux Rennais Mickaël Sylvestre et Ousmane Dabo, les Nerazzurri l’arrachent à Saint-Étienne après seulement deux petites saisons passées au rythme de la L2 dans le Forez. En une poignée de mois milanais, Zoum comprend que sa place au club se situe plus dans les tribunes de San Siro que sur le pelouse et s’en va donc faire son initiation en prêt à Empoli.
Douze petits matchs puis retour en France, ou presque. Via un nouveau prêt, l’enfant du 9-2 débarque en Corse, au SC Bastia, pour y découvrir les joies de notre L1 nationale. Une solide saison plus tard, il profite d’une non-grève de la SNCM pour franchir la Méditerranée et s’engager sur la Canebière. Ironie du sort, c’est chez le grand rival phocéen que Camara devient incontournable. International même, puisque Roger Lemerre le case dans ses valises pour la Coupe des Confédérations 2001. Marseille découvre alors un stoppeur technique, propre, aux relances sobres et au jeu de tête sécurisant. Sept ans plus tard, Paris n’aura droit qu’au stoppeur…
Car entre-temps, la carrière du jeune espoir défensif s’est sérieusement crashée. Éloigné des terrains pendant près d’un an pour cause d’adducteurs récalcitrants, Papus peine à retrouver son niveau et finit par se faire lourder de la Commanderie. Il galère ensuite entre Lens et Leeds, dans l’enfer du Nord, avant de retrouver le sourire en même temps que son club formateur, l’ASSE. À l’orée de la saison 2004/05, les Verts retrouvent l’élite et offrent pour l’occasion une belle seconde chance à son ancien pensionnaire. Véritable rédemption qui l’amènera finalement à venir jouer le maintien dans la Capitale, après un long bras de fer avec ses dirigeants.
Depuis son transfert au PSG, son statut est pour le moins paradoxal. Discutable dans l’esprit des supporters pour ses prestations en dents de scie et ses multiples hésitations dans la zone rouge, il est pourtant essentiel dans celui de son coach. Marco Basa, ainsi que le cœur de Lilian Thuram, ayant fait défaut cet été, faute de mieux, Zoumana est toujours un titulaire indispensable dans l’axe bleu et rouge. Loin d’être le roc espéré par le club parisien – qui a tout de même claqué six millions d’euros pour ses services –, sa relative aura dans les tribunes se fait même peu à peu submerger par celle, débordante, du jeune Mamadou Sakho.
Alors, en rentrant chez lui dimanche dernier, le fan parisien était beaucoup plus détendu, presque rassuré. Camara a purgé l’intégralité de sa suspension, Sakho va rapidement retrouver sa place et la charnière Traoré/Mabiala n’a cédé que devant Peguy Luyindula. Du coup, ce soir face à Kiev, le fan parisien devrait être moins crispé. S’il sait bien que Paul le Guen peut toujours lui servir une équipe B, il est néanmoins sûr d’y voir Zoumana…
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