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William Rémy : « Aujourd’hui, je n’ai pas trop à me plaindre »

Propos recueillis par Andrea Chazy
William Rémy : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Aujourd&rsquo;hui, je n&rsquo;ai pas trop à me plaindre<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Exilé depuis plus d'un an au Legia Varsovie, William Rémy ne parle pas encore très bien polonais. Ce qui n'a pas empêché l'ancien Montpelliérain de séduire tout le monde chez l'actuel second de l'Ekstraklasa, où il est un titulaire indiscutable depuis son arrivée. Le 17 février dernier, il a même eu le privilège d'être le premier joueur exclu à deux reprises en l'espace de quelques minutes face au KS Cracovia.

Raconte-nous déjà un peu cette double exclusion en quelques minutes face à Cracovia (défaite 0-2). Je prends un deuxième jaune en marchant sans faire exprès sur Javi Hernandez. Qui dit deuxième jaune dit rouge, donc je file aux vestiaires. Je commence à me changer, à enlever mon maillot. Et puis là, on vient me chercher en me disant : « Will, l’arbitre a vu la vidéo, il faut que tu reviennes sur le terrain ! » Je suis surpris, mais je me dis sur le coup qu’il a changé d’avis en allant voir la VAR. Quand je rentre, il me dit qu’il annule le jaune. Du coup, je commence à me replacer et là j’entends « Wait, wait » . Carton rouge.

En France, quand on évoque la Pologne et le Legia en particulier, on pense directement à vos supporters…(Il coupe.) Les supporters, ce sont des fous ! Même là, lors du match face à Cracovia, ils ont fait un tifo… Pfiou ! Ils chantent tout le temps, même quand on perd. Après, ils disent aussi pas mal de choses que je ne comprends pas. Mais tous mes amis qui viennent me voir me disent la même chose : vos supporters, c’est un truc de fou. Ils n’arrêtent pas de chanter !

Ça t’a surpris au début ? Parce que bon, même si la Paillade peut s’enflammer, c’est quand même une autre dimension.

Lors de l’un de mes premiers matchs, il y a eu tellement de fumigènes qu’on a dû faire dix minutes de pause le temps que la fumée se dissipe. Dans ma tête, je me disais : « Non, mais les gars on fait une pause là, vous aussi faites une pause, nan ? » Bah nan, les mecs ne s’arrêtent pas de chanter. Clairement, là, tu te dis que les mecs sont chauds.

C’est sûr que ce n’est pas la même chose. Lors de l’un de mes premiers matchs, il y a eu tellement de fumigènes qu’on a dû faire dix minutes de pause le temps que la fumée se dissipe. Dans ma tête, je me disais : « Non, mais les gars, on fait une pause là, vous aussi faites une pause, nan ? » Bah nan, les mecs ne s’arrêtent pas de chanter. Clairement, là, tu te dis que les mecs sont chauds.

Tu en as croisé dans la rue ? Ils te disent quoi ? Ouais j’en croise, après je ne comprends pas totalement l’anglais.

Tu fais comment au niveau des consignes alors ?Elles sont toutes en anglais, mais le nouveau coach (Sá Pinto, N.D.L.R.) parle français, donc il m’explique quand je ne comprends pas.

Et concernant le polonais ? Le polonais, c’est très dur. Je connais quelques mots, mais pour faire des phrases, c’est une autre affaire. Après, ça ne me handicape pas trop au quotidien, je me débrouille.

Tu es titulaire indiscutable au Legia depuis ton arrivée en provenance de Montpellier il y a un peu plus d’un an. C’est ce statut que tu es venu chercher ? Ne pas jouer, c’est ce qu’il y a de plus dur pour un footballeur. Tu t’entraînes tous les jours, et le week-end tu ne joues pas. Un week-end ça va, deux ça passe. Mais quand tu vois tes amis jouer et que toi, ce n’est jamais le cas, ce n’est pas facile.

Michel Der Zakarian, qui venait d’arriver au MHSC, t’avait expliqué les raisons ?

À Montpellier, Michel Der Zakarian m’avait dit : « Je ne compte pas sur toi, en plus il y a Djourou qui va arriver, donc appelle tes agents ».

Pas vraiment, même si moi non plus je n’étais pas allé le voir pour avoir des réponses. Il y a bien une fois où il m’a parlé, au début du stage d’avant-saison. Il m’avait dit : « Je ne compte pas sur toi, en plus il y a Djourou qui va arriver, donc appelle tes agents. » Djourou n’est jamais venu, et en plus, il me mettait à droite lors des entraînements, alors que ce n’était pas mon poste. Après, comme il m’avait dit directement en début de saison qu’il ne comptait pas sur moi, j’ai accepté.

Comment as-tu atterri au Legia après cet épisode ?C’est venu assez tôt, vers octobre. Au début, je ne savais pas trop si je voulais y aller, car j’avais des contacts en Angleterre. Je jouais avec la réserve de Montpellier, ça se passait bien, et je ne me prenais pas trop la tête. Tout s’est accéléré vers décembre, car ils voulaient que je vienne en stage avec eux. Je devais alors faire un choix : soit attendre au risque de me retrouver sur le carreau, soit y aller. Je me suis renseigné, j’ai regardé un peu à droite à gauche et je me suis dit : « Vas-y, ils sont premiers il faut tenter. » Aujourd’hui, je n’ai pas trop à me plaindre.

Ça n’a pas été trop dur de devoir partir vivre en Pologne ? À Montpellier, il y avait du soleil tout le temps. Là, j’arrive, l’un des premiers matchs se joue à -14 degrés ! Je ne sentais ni mes mains ni mes pieds. Mais après, c’est une histoire d’adaptation comme partout, et dans mon cas, ça s’est fait assez rapidement. En plus, il y avait un Français (Thibault Moulin, N.D.L.R.) qui m’a bien tout expliqué quand je suis arrivé.

C’était un regret de quitter la France de cette façon ?J’aurais pu rebondir en France, j’avais quelques touches en bas de tableau, mais ça voulait dire jouer le maintien. En plus, j’arrivais en janvier, donc c’était quitte ou double. Là, le Legia jouait la Ligue des champions, le titre. C’était un climat plus favorable. Après, on peut dire que partir de Montpellier de cette façon a été un échec. Je suis parti non pas parce que j’enchaînais les bonnes performances, mais parce que je ne jouais pas.

Il y a aussi eu une autre désillusion, en Ligue Europa, où vous avez été éliminés par les Luxembourgeois de Dudelange. Vous les aviez pris de haut ?

Contre Dudelange, on se disait que ça n’allait pas être un match trop difficile, plein de petites choses comme ça qui font que tu prends l’équipe adverse un peu de haut. On l’a payé cash.

Pris de haut je ne sais pas, car je n’étais pas dans le vestiaire avec eux. J’étais blessé au moment de la double confrontation. Mais je me souviens qu’on se disait que ça n’allait pas être un match trop difficile, plein de petites choses comme ça qui font que tu prends l’équipe adverse un peu de haut. On l’a payé cash.

Varsovie, c’est comment ?J’avoue que je suis plutôt casanier. À Montpellier pareil, même si quand je ne jouais plus, je sortais beaucoup le soir…

Tu faisais pas mal la fête à Montpellier ?

Je ne vais pas mentir : à Montpellier, quand je ne jouais plus, je profitais. Peut-être que ça a participé au fait d’avoir encore moins joué derrière

Je ne vais pas mentir : quand je ne jouais plus, je profitais. Peut-être que ça a participé au fait d’avoir encore moins joué derrière. (Rires.) Le week-end, j’allais voir mes amis, je sortais. Quand tu joues, il y a des trucs que tu ne peux pas faire comme aller à un anniversaire par exemple. Mais quand tu n’es pas dans le projet, tu lâches du lest à ce niveau-là. Je ne me cachais même pas, tout le monde le savait. Vers la fin, je n’allais même plus au stade voir l’équipe jouer. C’était une mauvaise période.

Tu as été approché cet hiver pour revenir en France ?Il y a eu pas mal de clubs intéressés, et c’est plutôt bon signe. Après, je ne suis pas pressé de partir. Je vis au jour le jour, je ne suis pas pressé de revenir en France. Quand je suis bien dans un club, je ne suis pas inquiet. Là, tout roule, je suis tranquille. Même si peut-être que dans quatre mois, je dirai autre chose.

Peut-on encore vibrer pour l’équipe de France ?

Propos recueillis par Andrea Chazy

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