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Tottenham, le bug dans la matrice

Par Mathieu Rollinger
Tottenham, le bug dans la matrice

Ni les chiffres, ni les statistiques, ni les cotes, ni les précédents, ni les tendances, ni les soucis d'effectif, ni les erreurs tactiques et encore moins les scénarios ubuesques de ses rencontres ne devaient laisser une chance à Tottenham d'accéder à la finale de Ligue des champions. Bref, c'était présenté comme une mission impossible. Et c'est exactement pourquoi les hommes de Mauricio Pochettino l'ont fait.

Mais qu’est-ce qu’ils foutent là ? Rien ni personne ne devait permettre à Tottenham de se hisser pour la première fois de son histoire en finale. Que faire de la belle histoire de l’Ajax qui rêvait d’un retour au sommet 22 ans plus tard ? Que répondre à ceux qui redoutaient de voir deux clubs anglais en finale (en attendant de voir si Chelsea et Arsenal pourront faire de même en Ligue Europa). Eux, ce n’était pas leur problème. Les Spurs ont bazardé les signes du destin pour mieux écrire le leur, et cette demi-finale en était certainement le plus beau chapitre. Menés 2-0 à la mi-temps du match retour à Amsterdam, après avoir perdu l’aller 0-1 chez eux, ils présentaient le profil type de l’équipe pouvant être enterrée à 45 minutes du terme.

Mais comme cette édition 2018-2019 de la Ligue des champions a décidé d’être celle de l’anormal, les gars de Pochettino se sont saisis des chiffres, statistiques, discours et vents contraires pour mieux les retourner en leur faveur. Si l’Ajax avait accaparé jusqu’ici le label de « surprise de l’année » , c’était oublier que Tottenham est lui un vrai miraculé. Certainement parce que le contenu était moins flamboyant que celui proposé par les Néerlandais, peut-être parce que Mauricio Pochettino avait tendance à se planter dans ses compositions de départ, aussi parce que ce club fait partie des quatre plus puissants du championnat national le plus puissant. Pourtant, ces mecs-là reviennent de loin, très loin.

Passion frissons

Si les Spurs pourront visiter le Wanda Metropolitano, c’est d’abord parce qu’ils ont pu sortir de leur groupe lors de l’ultime journée, grâce à un but égalisateur de Lucas (encore lui) au Camp Nou, à cinq minutes de la fin du temps réglementaire, qui envoyait alors l’Inter en C3 grâce à leur attaque (8 points chacun, même différence de buts, mais 9 buts marqués par les Anglais contre 6 pour les Italiens). Un détail qui pèse lourd. Courte trêve pour les cœurs fragiles de Londres : l’obstacle Dortmund a été passé sans trop d’encombre. Ce ne sera pas le cas en quarts face à Manchester City. Car il aura fallu un coup de VAR pour annuler sur le gong ce que Sterling pensait être le but de la qualification, et laisser les Londoniens repartir avec le gros lot, au terme d’un match complètement fou.

Le scénario de la demi-retour face à l’Ajax aura prouvé qu’il n’y avait finalement pas de limite à cette folie. Et le triplé de Lucas, achevé dans les dernières secondes, défie lui aussi l’entendement : Tottenham est la première équipe depuis 23 ans à se qualifier en finale après avoir perdu la demie aller à domicile. C’est aussi la première à s’imposer à ce stade de la compétition après avoir été menée de deux buts, depuis Manchester United face à la Juventus en 1999. Et tout ça sans la présence de son meilleur joueur, Harry Kane, lors de ses trois derniers matchs. Et aussi sans avoir effectué le moindre recrutement depuis le mois de janvier 2018. La dernière recrue achetée étant… Lucas Moura. Pour résumer, si la vie sur Terre est un énorme concours de circonstances, celle de Tottenham dans la compétition l’est tout autant.

Qui dit mieux ?

Mais le parcours des hommes de Pochettino n’est pas le seul paramètre qui permet de considérer cette performance comme anormale. Même l’histoire personnelle des Londoniens ne les prédisposait pas à ça, quand on sait qu’ils n’avaient plus mis les pieds en demi-finale de C1 depuis 57 ans, et que Pochettino n’avait jamais franchi les huitièmes de finale en cinq années de présence sur ce banc. « Nous sommes en train de vivre un rêve parce qu’il y a cinq ans, personne ne nous imaginait là, affirmait d’ailleurs l’Argentin avant la rencontre. Nous allons essayer de gagner, mais je ne cherche pas à savoir si nous sommes en train d’écrire l’histoire. Le plus important est d’apprécier et de faire de notre mieux. » Mission déjà accomplie, donc.

Le club devient le quarantième à connaître l’honneur de disputer une finale de Ligue des champions et le premier finaliste inédit depuis Chelsea en 2008 (lors de la dernière finale 100% anglaise, remportée par Manchester United). À Madrid, les Spurs pourront continuer de défier les lois de la logique, en succédant aux Blues au palmarès des vainqueurs inédits (2012) et en devenant le vingtième club à soulever la C1. On en est encore loin, mais qui sait de quoi ces types, capables de perdre à Bournemouth le samedi et de signer le plus grand exploit de leur histoire le mercredi, ont encore dans le ventre.

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