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Top 100 : Coups francs de légende (de 80 à 71)

Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet

De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.

#80 - Hérold Goulon - 2019

Pahang-Perak (3-1), Coupe de Malaisie, 22 juin 2019

« Je me suis dit, au pire, ma frappe finit au poteau de corner… » Mais sait-on jamais, sur un malentendu… On joue la demi-finale aller de la Coupe de Malaisie en juin 2019, le temps additionnel est presque écoulé, quand Hérold Goulon se charge de botter un dernier coup franc en faveur de Pahang. Hérold Goulon, l’ancien joueur du Mans à l’époque où il était international espoirs, passé par Blackburn, puis ensuite par des contrées plus confidentielles en Pologne (Zawisza Bydgoszcz) ou à Chypre (Paphos FC), a décidé de kiffer la fin de sa carrière sous les tropiques de la Malaisie. Où il restera dans les mémoires des bouillants ultras de Pahang comme l’homme qui a marqué un coup franc du bord de touche depuis sa propre moitié de terrain au bout de cette demi-finale aller. Une si belle cloche pour se faire éliminer (3-1 à l’aller, défaite 3-0 au retour) une semaine plus tard. Hérold spleen.

#79 - Alessandro Del Piero - 2006

Inter-Juventus (1-2), Serie A, 12 février 2006

Leader de Serie A avec neuf points d’avance avant cette 25e journée, la Juventus compte bien profiter de ce déplacement chez son dauphin interiste pour assommer définitivement le championnat. Ce qui sera chose faite à cinq minutes du terme grâce à la patte droite d’Alessandro Del Piero. Le numéro 10 et capitaine de la Juve offre la victoire aux siens en balançant une praline dans la lucarne de Júlio César – qui n’a même pas eu le temps de bouger d’un millimètre. Seulement, ce pion qui devait être celui du titre, perdra toute son importance quelques mois plus tard lorsque la Juve sera reléguée en Serie B, laissant alors l’Inter récupérer le titre de champion d’Italie. De son côté, Del Piero restera à Turin pour faire remonter la Vieille Dame en Serie A – il terminera d’ailleurs meilleur buteur de Serie B avec 20 buts – avant d’aller décrocher un nouveau titre en 2012. Une année qui marquera les adieux d’Alessandro à sa Vieille Dame adorée. Sauf que personne à Turin n’a oublié sa classe. Ni son coup franc contre l’Inter. La plus belle œuvre d’il Pinturicchio dans l’exercice.

#78 - Juan Arango - 2012

Hanovre-Mönchengladbach (2-3), Bundesliga, 28 octobre 2012

C’est l’histoire d’un homme qui, selon le mister Benito Floro, a la capacité de raccourcir « le temps et les distances » . C’est l’histoire d’un type qui a reçu un rare cadeau à la naissance : un sniper installé dans le pied gauche. Qui n’a jamais été surpris en train de perdre la boule devant un match de Juan Arango ? Seulement ceux qui n’ont pas vu un match de Juan Arango. Tout simplement car sur un terrain, l’international vénézuélien (129 sélections, quand même) était capable d’allumer de partout et de résoudre n’importe quel casse-tête. Problème : Arango n’a jamais vraiment eu l’occasion de le prouver dans un grand club, lui qui s’est engagé au Borussia Mönchengladbach alors qu’il sortait de plusieurs saisons plutôt réussies à Majorque. Peu importe, Juan Arango a laissé des images dans les mémoires et c’est déjà signe d’une carrière en crampons réussie. L’une d’entre elles est ce délicieux coup franc déposé au-dessus du crâne de Ron-Robert Zieler, lors d’un Hanovre-Gladbach joué en octobre 2012. Mené 2-0 après 53 minutes de jeu, Gladbach a renversé la vapeur dans les vingt dernières minutes pour s’imposer 3-2. Et le but de la victoire est ce coup franc enveloppé au premier poteau que toute la défense attendait dans la boîte. Coquin, à souhait.

#77 - David Beckham - 2003

à 6min 35s

Manchester United-Real Madrid (4-3), C1, 23 avril 2003

D’abord, Guti : « David, on échange nos maillots à la fin du match ? » Puis, Roberto Carlos : « Dis, David, tu ne viendrais pas jouer pour nous la saison prochaine ? » Enfin, Zidane : « David, ton maillot à la fin ? » Il fait nuit sur Manchester : une nuit historique. Historique pour la beauté de ce quart de finale retour de C1 entre Manchester United et le Real Madrid, disputé dans un Old Trafford en fusion. Vainqueur à l’aller chez lui (3-1), le Real fait le plus dur en ouvrant le score dans le premier quart d’heure par l’intermédiaire de Ronaldo. Puis, les occasions s’empilent et le scénario s’excite : au bout d’une heure de jeu, les Madrilènes mènent 3-2, Ronaldo a inscrit un triplé et Ferguson décide de faire entrer celui à qui il avait balancé une chaussure dans la gueule deux mois plus tôt (après une défaite contre Arsenal en Cup) : David Beckham. En vingt minutes, Becks claque un doublé, dont un coup franc limpide brossé au premier poteau, en guise de baroud d’honneur mancunien (4-3). Il tamponne surtout ce jour-là son transfert pour le Real Madrid.

#76 - Kieran Richardson - 2008

à 6min 25s

Sunderland-Newcastle (2-1), Premier League, 25 octobre 2008

« It’s a rocket ! Unstoppable ! » Ce samedi 25 octobre 2008, alors qu’on s’apprête à entrer dans le dernier quart d’heure de jeu entre Sunderland et Newcastle, le commentateur de la BBC n’en revient pas. Normal, après une faute à l’entrée de la surface sur Djibril Cissé, Kieran Richardson réalise ce qui l’avait fait rager le week-end précédent contre Fulham (0-0). Ce jour-là, un de ses coups francs avait frappé les poteaux à trois reprises, et un autre avait été refusé pour une faute dans le mur de Pascal Chimbonda. Mais la réussite lui sourit face au rival du nord de l’Angleterre, pour le plus grand bonheur des fans des Black Cats. Contre Newcastle, le gaucher troue les filets de Shay Given avec cette roquette fouettée de l’exter’ qui explose sous la barre. Le milieu anglais permet à Sunderland de reprendre l’avantage et de remporter le derby du Tyne and Wear à domicile. Le club attendait cela depuis 28 ans.

#75 - Zico - 1986

à 3min 24s

Flamengo-Fluminense (4-1), Campeonato Carioca, 16 février 1986

Revenu à l’été 1985 au Flamengo, son club de toujours, après deux saisons à l’Udinese, Zico a bien cru sa carrière brisée après avoir subi un tacle monstrueux de Márcio Nunes lors d’un match contre Bangu. Trois opérations au genou gauche et une longue période de récupération plus tard, le génial attaquant brésilien, dribbleur, court sur pattes, fait son grand retour en février 1986 à l’occasion d’un Fla-Flu. Alors ? Ce jour-là, Zico fait honneur à son surnom de « Pelé blanc » en claquant un triplé. Le premier but est une tête smashée dans la cage. Le deuxième, à vingt minutes de la fin, est une merveille de coup franc. La faute a été commise à la limite de la surface. Zico s’élance à la perpendiculaire du but et ouvre son pied droit pour nettoyer la toile d’araignée opposée. Le numéro 10 terminera son festival avec un penalty – son 700e but en carrière selon la légende, à même pas 30 ans. Score final : 4-1. Vitória do Flamengo !

#74 - Siniša Mihajlović - 2000

à 15s

Atalanta-Lazio (2-2), Serie A, 1er octobre 2000

Est-il possible de lober un gardien mesurant 1,85 mètre, qui n’a aucune raison de quitter sa ligne de but, sur un coup franc totalement excentré, en apparence anodin, sifflé trois minutes après le coup d’envoi ? Oui… À condition de s’appeler Siniša Mihajlović, et de disposer d’un pied gauche qui fait trembler autant les filets que les portiers sur coup de pied arrêté. Le 1er octobre 2000, à l’occasion d’un Atalanta-Lazio en championnat, où il porte un masque aux couleurs de son club, le spécialiste serbe dépose son petit caramel dès le début de la rencontre dans un angle ultra-fermé. Il est vrai qu’il profite d’un Alberto Fontana calamiteux dans les cages. Depuis, le malheureux gardien italien a été doublement pardonné. D’abord parce que son équipe réagira, en obtenant un bon match nul. Ensuite et surtout, parce que personne n’a jamais vraiment trouvé la recette devant un Siniša qui s’élançait au coup franc.

#73 - Juan Román Riquelme - 2014

Boca Juniors-River Plate (1-2), Primera División, 30 mars 2014

Un poète. Une idole. Un technicien hors pair. Un puriste. Un artiste. Une légende. Un esthète. Bref, un mec qui fait lever les foules. Alors, puisqu’il sait sûrement qu’il s’agit de son dernier Superclásico de Buenos Aires en ce 30 mars 2014, Juan Román Riquelme enflamme la Bombonera d’un cadeau délicatement brossé, évitant un mur très proche et très dense. Le gardien de River Plate (qui s’imposera finalement 2-1, dans cette dixième journée de championnat) ne fait pas obstacle, espérant voir le cuir fuir le cadre. Mais la gonfle caresse les ficelles. Et l’icône peut exulter, le public de Boca hurler, le chapitre se refermer. Un but aussi beau que Román, le numéro dix à l’ancienne, aussi envoûtant que son talent, aussi mémorable que les magnifiques souvenirs qui a laissés.

#72 - Oliver Neuville - 2001

à 4min 03sec

Kaiserslautern-Bayer Leverkusen (0-1), Bundesliga, 28 avril 2001

Après une saison 1999-2000 qui a vu Kaiserslautern se qualifier pour la Coupe UEFA, les coéquipiers de Youri Djorkaeff et Miroslav Klose peinent à jouer sur les deux tableaux. Preuve de leur inconsistance au cours de l’exercice suivant, le gardien de but Georg Koch encaissera 48 pions. Un triplé d’André Juskowiak contre Wolfsbourg (4-0), deux de Ionel Gonea et Adhemar lors d’une défaite cinglante à Stuttgart (6-1), et une ribambelle de doublés assurés par Tomasz Waldoch et Ebbe Sand de Schalke (5-1), un autre du vétéran Tobias Willi de Fribourg (5-2), et un d’Oliver Neuville lors du match aller contre Leverkusen. Au retour, à quatre journées de la fin, l’attaquant allemand du Bayer décide de remettre le couvert. Pour cela, il suffit d’une combinaison entre Zé Roberto et Bernd Schneider, puis une frappe lourde du cou-de-pied, à 20 mètres, qui vient nettoyer la lucarne du deuxième poteau. Imparable et insaisissable, Koch en fait encore des cauchemars.

#71 - Diego Maradona - 1995

Argentinos Juniors-Boca Juniors (0-1), Primera División, 15 octobre 1995

Ce Diego Maradona qui fait son deuxième passage à Boca n’a plus grand-chose à voir avec celui qui débutait sous les couleurs des Argentinos en 1976. Le poids a doublé, les cheveux ont été coupés, une bande blonde – que pourrait apprécier Djibril Cissé – est apparue sur le crâne, et la cocaïne est passée par ses narines. Il n’empêche qu’une chose ne s’est pas envolée : la magie dans la patte gauche de D10S. Celle qui permet au Pibe de Oro – qui sait très bien qu’il joue à 34 ans les derniers matchs de sa carrière – de glisser un amour de coup franc en pleine lucarne. Le tout, avec un seul pas d’élan. Avant de s’excuser auprès des supporters des Argentinos qui ne lui en tiennent pas rigueur. Pour preuve, le club évolue désormais au sein de l’Estadio Diego Armando Maradona. Une enceinte qui rêve de revoir un coup franc aussi soyeux. Comme au bon vieux temps où Maradona avait les cheveux longs.

Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet

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