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Steve Savidan : Du bleu de chauffe au bleu de France…

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Steve Savidan : Du bleu de chauffe au bleu de France…

Dans le ciné popu d'avant, il se serait appelé P'tit Louis, ouvrier qualifié syndiqué, avec la gouaille et la moustache canaille. Dans la France popu un peu américanisée d'aujourd'hui, il s'appelle Steve et il est un héros populaire du foot professionnel. Devenu nouveau riche sur le tard mais avec une conscience sociale, il débarque à 30 ans à Clairefontaine chez les vrais millionnaires du ballon rond. Et si le rescapé miraculeux de la fracture sociale était en fait le fantôme du prolétariat venu hanter une gauche française boboïsée ?...

Ray Cric y avait pensé mais il était pas sûr. Alors quand Eric le Belge a parlé de « tueur » et que l’OM s’est dit intéressé par ce deuxième “Steve”, Domino a dit « Banco ! » … Non, on déconne : Steve Savidan chez les Bleus, Ray Stuc en avait vraiment parlé. Notamment après son quadruplé contre Barthez à la Baujoire : « La concurrence est rude, je lui souhaite de marquer beaucoup de buts pour continuer à frapper à la porte de l’équipe de France » . Dont acte. La sélection de Savigol, c’est une initiative facile qui vaut à Ray Gun la reconnaissance de la France du foot séduite par son “esprit d’ouverture”.

En fait, il n’y a rien d’aventureux à sélectionner le Stive : il a déjà 30 ans et sa carrière est derrière lui, il n’entre pas directement en concurrence dans une équipe de France déjà blindée d’attaquants meilleurs ou de niveau équivalent et l’Uruguay c’est un match amicaux. Savidan n’est pas l’avenir. Grand maximum, on peut tabler sur lui jusqu’à 2010, où l’animal pourrait mordre au Mondial sud-africain. L’option Savidan se situe donc entre un Flamini (testé, apprécié mais pas rappelé) et un Ribéry (un pari évident devenu ultra payant). Alors, disons que Savidan chez les Bleus, ça donnerait peut-être au mieux entre 10-15 sélections pour 4-5 buts. C’est quand même pas si mal pour celui qui pourrait devenir le nouveau joker de l’attaque tricolore pour les deux années à venir. Faut voir… S’il fait grosse impression chez les Bleus (genre un doublé contre l’Uruguay, genre Gomis avant la graisse) et continue d’affoler les compteurs avec Caen, alors des Djib Cissé, Hoarau, Bellion, Jimmy Briand ou Bafé, justement, pourraient attendre encore un peu plus longtemps pour venir crécher à Clairefonatine…

On va pas revenir sur les qualités évidentes de Savidan. Un buteur-passeur technique, instinctif et endurant. En gros, un autre Ribéry, mais plus porté vers l’attaque. Aujourd’hui, dans le foot moderne, ça suffit amplement pour faire la différence avec la moyenne des footeux d’ici ou d’ailleurs. A ce propos, on peut quand même s’interroger sur ces joueurs trentenaires qui régalent notre championnat (Savidan, Pagis, Lesage,…) : n’est-ce pas révélateur du manque de qualité technique de notre chère L1 (ne tirez pas ! Même Guy Roux se pose ce genre de questions !) ? Donc, a priori, une bonne surprise de Savidan chez les Bleus n’est pas à exclure. Une Ribéry-bis ?

Mais, en fait, l’autre intérêt évident à propos du joueur, c’est son côté “France d’en bas” qui rallie tous les suffrages. Authenticité, simplicité et humilité. Les médias forcent le trait sur le joueur venu du monde amateur. L’ancien grand bringueur pas sérieux, trimballé de prêt en prêt et qui n’a découvert la L1 qu’à 28 ans. La galère de footeux à 20 ans dans le SCO d’Angers en dépôt de bilan : « Je ne gagnais que 3000 francs par mois et ma femme était employée chez Quick. On n’arrivait pas à suivre financièrement. Du coup, j’ai choisi de travailler en dehors des entraînements. J’ai exercé le métier d’éboueur pendant trois mois. J’ai aussi été barman » . Vers cette époque, Stevy avait sérieusement pensé à raccrocher les crampons… Le bonhomme insiste toujours sur ses origines modestes (père facteur, maman au foyer) et confessait en 2007 une vague sympathie pour Bayrou : « Je suis du courant social. Droite ou gauche, je m’en fous » (il aurait même voté Ségolène au deuxième tour, pas banal chez les footeux). Pour faire tendance très à la mode, on le prend pour un Ch’ti parce qu’il a joué à Valenciennes et qu’il y a ouvert un bar-restau (le K9, en référence à sa femme Karine et à son numéro sur le terrain) alors qu’il est natif d’Angers. Enfin, l’homme conserve avec humour la distance salutaire vis a vis du métier de footballeur légitimement brocardé : « On mérite notre caricature. Moi le premier, avec ma grosse voiture, mes fringues. Mais on fait vivre une économie. Demandez aux vendeurs de bagnoles, aux bijoutiers, s’ils se plaignent que Caen ait une équipe en Ligue 1 ! »

Même s’il est devenu socialement “privilégié”, il incarne quand même la “France d’en bas”. A ce titre, il est marrant de noter que Savidan a été appelé en équipe de France au moment même où le Parti Socialiste se déchirait à Reims, incapable d’offrir une alternative crédible au sarkozisme. Plus en phase avec leurs querelles personnelles qu’avec les réalités sociales auxquelles ils sont censés devoir apporter des solutions, les caciques du PS se coupent un peu plus de leur base populaire, trahie et légitimement dégoûtée. Et si Savidan réveillait aujourd’hui la mauvaise conscience de certaines élites de gauche ?

Chérif Ghemmour

PS : « Steve » parce que Steve Mc Queen, l’idole de maman Savidan…

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