Sous l’égide de l’Egypte
Les doutes sont désormais levés, aplanis, envolés. Définitivement. On ne pourra plus dire que l'Egypte ne gagne que chez elle. Dans cette finale de tous les records (1), les Pharaons ont cloué au pilori tous les scepticismes qui les accompagnaient depuis leur triomphe cairote d'il y a deux ans.
Des débuts fracassants le 22 janvier contre le Cameroun (4/2) jusqu’à cette finale, au bout du compte, sans surprise (1/0) contre les mêmes Lions indomptables, les hommes de Hassan Shehata ont survolé la compétition. De bout en bout. Seuls les surprenants Angolais en quarts de finale (2/1) leur auront opposé une résistance épique.
Reste aux Pharaons à résoudre cette singulière équation : comment une équipe qui domine à ce point le continent, qui fut la première escouade africaine à se qualifier pour un Mondial (en 1934) peut-elle rater avec autant de constance les phases finales desdites coupes du monde ?
Depuis 1990, date de sa deuxième et dernière compétition planétaire, l’Egypte se prend régulièrement les pieds dans le tapis. Passe encore lorsque ses adversaires se nomment Cameroun et Côte d’Ivoire comme en 2005 mais quand même…A bien y regarder, ce paletot rouge estampillé Puma, ce jeu collectif soyeux et chatoyant, ses techniciens aussi frêles qu’habiles, cette propension à briller sur son continent et à rater les Mondiaux en suivant rappellent furieusement la Reprezentace.
Bonne nouvelle : la sélection tchèque a fini par mettre fin à la malédiction en 2006. L’Egypte devrait en accepter l’augure car les qualifications de la zone Afrique (on y reviendra demain dans le bilan de la Can 2008) pour AF’SUD 2010 menacent d’être terribles. Au bas mot : cinq places pour quatorze postulants dans l’optique d’une coupe du monde historique pour le continent noir et où personne ne veut passer son tour.
REDEMPTION SONG
Après Khartoum 1957, Ouagadougou 98, il y aura donc Accra 2008, troisième victoire à l’extérieur et sixième bague de la dynastie égyptienne. Comme souvent, la finale ne restera pas comme la plus belle composition de l’opéra ‘pharaonique’. Gagnés par la lassitude, les organismes égyptiens devaient composer, en plus, avec un milieu de terrain camerounais renforcé, en arc de cercle, prêt à tout pour dégainer son harpon barcelonais. En vain.
Quoique quelque peu étiolé, le jeu collectif des champions d’Afrique en titre offrait tous les quarts d’heure une grosse occasion mais Carlos Kameni, le portier de l’Espanyol, accomplissait des miracles et repoussait l’échéance.
Privés de Zidan, encore blessé et sur le banc, dans un premier temps, la manœuvre était dirigée par un Ahmed Hassan revigoré et titulaire pour la première fois (alors qu’il était le capitaine en titre et le meilleur joueur de l’édition précédente). Pour un résultat semblable ou presque. Quand Kameni n’y pouvait rien, c’est son poteau qui le sauvait comme sur cette tête d’Hosni (63e).
Finalement, sur un ballon en profondeur a priori sans danger, un contrôle calamiteux du Roi Rigobert donnait l’occasion à Zidan, à peine entré en jeu, à la suite d’une joute digne du foot de rue, d’offrir à Abou Treika l’occasion d’ouvrir le score et de dire la messe. Fin. Dans le temps additionnel, le capitaine des Lions aura bien l’occasion sur d’une tête sur coup-franc de remixer « Redemption Song » . En vain.
Otto Pfister, prince des mauvais choix et meneur d’hommes hors pair, vient de perdre sa deuxième finale de Can après celle de 1992 avec les Black Stars d’Abedi Pelé. Une sélection ghanéenne qu’on aurait adoré voir affronter au grand complet (avec Appiah et Asamoah en forme) avec son troupeau de buffles (Essien, Annan, Muntari et Appiah donc) contre les farfadets espiègles des Pharaons dans un Ohene Djan Stadium archi blindé jusqu’à la gueule. Au lieu de quoi, des Lions, privés de Jean II Makoun (sur le banc ??), d’Alexandre Song Billong (sorti après 15 minutes) et surtout de joueurs décisifs, capables de servir Eto’o, ne pouvaient espérer rivaliser avec le pays qui domine le continent avec ses clubs comme avec sa sélection. Sous l’égide de l’Egypte…
(1):
Septième finale (record égalé) et sixième sacre pour l’Egypte (record battu).
16 buts en phases finales pour Samuel Eto’o (record de Pokou (14 buts) battu).
Septième phase finale (de 96 à 08) pour Rigobert Song (record égalé).
En conservant son titre, le coach égyptien Hassan Shehata rejoint l’entraîneur ghanéen Gyamfi (vainqueur en 63 et 65 – mais aussi en 1982).
Enfin, une finale Egypte-Cameroun avait déjà eu lieu au Caire en 1986 et là encore, les Pharaons s’étaient imposés (0/0 ; 5/4 aux tirs aux buts)
Rico Rizzitelli
Par