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Shakespeare, le conte d’hiver

Par Maxime Brigand
Shakespeare, le conte d’hiver

Arrivé en pompier de service après le licenciement de Claudio Ranieri il y a trois semaines, Craig Shakespeare a été confirmé dimanche à son poste de numéro un à Leicester alors que les Foxes jouent leur avenir européen mardi soir contre Séville.

Personne ne s’attendait à ça. Pas comme ça, pas maintenant, pas après tout ce qui avait été fait jusqu’ici. Au fond, ce devait être un vol retour normal au cœur d’une saison qui ne l’est pas. L’histoire se sera donc terminée comme ça, dans la nuit du 22 au 23 février dernier, après un voyage européen pas si mal maîtrisé à Séville (1-2). Pour la première fois de son histoire, Leicester a une balle de quart de finale au bout du fusil mardi soir au King Power Stadium grâce au but de Jamie Vardy inscrit lors de la manche aller au Sánchez Pizjuán. Mais depuis, tout a changé. En rentrant de Séville le 22 février dernier, Claudio Ranieri est avec ses hommes dans l’avion. Le groupe arrive à Leicestershire, où se situe l’aéroport des East Midlands, mais c’est le bordel : la soute de l’avion ne s’ouvre pas. L’ensemble du groupe file dans un hôtel local, commence à débriefer son huitième de finale aller de Ligue des champions et basta, chacun chez soi. La suite est racontée par Craig Shakespeare : « Je suis rentré chez moi et j’ai reçu un appel de Jon [Rudkin, le directeur sportif des Foxes, ndlr] peut-être dix minutes avant que l’information ne tombe dans les médias. Il m’a demandé de prendre l’intérim pour le prochain match contre Liverpool. »

Cette scène, Shakespeare l’a racontée lors de sa présentation à la presse au lendemain du déboulonnage du héros. Claudio Ranieri a été viré, dégagé, un peu plus de neuf mois après avoir posé Leicester sur le premier podium de champion de son histoire. Plusieurs versions fusent alors : certains cadres auraient formé une résistance interne pour faire sauter le guide, Craig Shakespeare, adjoint de Ranieri depuis le début, se serait friter avec l’Italien après un nul à Copenhague en novembre… Ce qui interroge sur l’instant, c’est le timing. La décision, elle, ne peut surprendre au milieu du foot moderne. Personne ne sait vraiment ce qui a poussé la famille Srivaddhanaprabha à se séparer de Ranieri à cet instant. Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que l’adjoint a tué le numéro un et qu’il vient d’être confirmé à son poste jusqu’à la fin de saison après deux succès convaincants contre Liverpool (3-1) et Hull City (3-1). Et s’il fallait retenir une phrase, ce serait celle-ci, prononcé par Shakespeare après la victoire contre les Reds : « Claudio aurait simplement dit : « C’est ça le football. » »

Le gros doudou

Oui, le football, c’est devenu ça : un truc sans sentiment où le temps s’est réduit et où un entraîneur champion peut se faire lourder moins de neuf mois après un sacre. Et alors ? Il faut s’adapter, simplement. Dans sa lettre de départ, Claudio Ranieri n’a pas vraiment boxé contre cette sensation : « Hier, mon rêve est mort. Après l’euphorie d’une saison dernière couronnée d’un sacre en Premier League, tout ce dont je rêvais était de rester à Leicester City, un club que j’aimerai pour toujours. Je suis triste qu’il n’en soit finalement pas ainsi. » Puis, l’Italien a remercié sa femme, les hommes qui l’ont accompagné, la presse et les supporters. Pas un mot pour Craig Shakespeare, faut pas déconner non plus. Le suspense restera donc total, Ranieri, c’est fini. Place à la grosse tête de Shakespeare, ses gros doigts et son verbe grave.

Jusqu’ici, sa vie se résumait à l’ombre derrière les larges épaules, que ce soit celles de Nigel Pearson – qu’il avait suivi à Hull entre 2010 et 2011 – et donc celles de Claudio Ranieri ensuite. Mais le natif de Birmingham sentait que c’était son heure et que le club qu’il défend depuis son arrivée en 2008 était en danger. Joueur, le bonhomme était un milieu honnête et travailleur. Mais comment est l’entraîneur ? « Il a toujours cherché à créer un pont entre l’entraîneur et les joueurs. C’est la mission principale d’un numéro deux et il le faisait parfaitement. Sa force, c’est qu’il a toujours été honnête, donc les joueurs ont une confiance absolue en lui au point de venir à l’entraînement avec le sourire tous les jours. Lui, c’était la clé. » Voilà les mots utilisés par l’ancien international suisse Bruno Berner, passé par Leicester entre 2008 et 2012, dans les colonnes du Leicester Mercury. Un gros doudou pour une mission sauvetage donc.

Comme Barton et Di Matteo ?

Le choix d’installer Craig Shakespeare sur le banc des Foxes jusqu’à la fin de la saison, malgré les contacts avec Roy Hodgson ou Guus Hiddink, se justifierait avant tout pour ça, les bons résultats ne faisant qu’appuyer la décision. Pour la famille Srivaddhanaprabha, c’était également l’assurance d’un soutien total des supporters, Shakespeare était une gueule connue de tous. Une preuve ? Lors de la victoire face à Hull début mars, permettant à Leicester de respirer un peu plus loin de la zone rouge, le King Power Stadium a commencé à hurler des « faites-le signer, faites-le signer » qui racontaient beaucoup de choses.

Pour l’adhésion publique, c’est donc gagné. Et en interne, Shakespeare a reçu le soutien de tous, de Danny Drinkwater – « On aurait soutenu n’importe quel nouvel entraîneur, mais Shakes peut-être plus que les autres. Il nous connaît par cœur. » – à Danny Simpson – « C’est un super entraîneur, un super gars et il a pris le rôle de coach naturellement. » Simplement, en revenant aux bases, en éjectant certaines recrues de l’été dernier (Ahmed Musa) et en réintégrant certains héros du titre comme Shinji Okazaki. Certaines attitudes ne trompent pas, comme de voir Riyad Mahrez défendre de nouveau. De l’avis de tous, Craig Shakespeare était donc le meilleur choix, le plus simple pour tous, pour assurer la transition et permettre à Leicester de passer une fin de saison loin des eaux troubles. Comme Roberto Di Matteo avant lui ou Tony Barton en 1982, le voilà avec une campagne européenne à gérer et finir. Et pourquoi ?

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