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Saint-Denis, les Belges et les deux étoiles

Par Émilien Hofman
Saint-Denis, les Belges et les deux étoiles

Il y a 13 ans, la Belgique s'offrait sa dernière victoire contre la France à Saint-Denis. Entre une reprise de volée de Wilmots, le mutisme des attaquants bleus et le maillot à deux étoiles déployé dans les tribunes, la France aurait dû se douter que la Coupe du monde qui suivait ne serait pas tout à fait comme les autres…

« Une petite défaite pour un grand départ » , « Les Français ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes » ou encore « Avertissement sans frais » . Le 19 mai 2002, les titres et commentaires de la presse française ne se veulent pas très inquiétants. La grande France, championne du monde et d’Europe, vient certes de perdre un match amical contre le voisin belge (1-2), mais c’était sans Zidane, Henry ni Makelele et il ne fallait pas que les Bleus se fassent du mal avant de s’envoler vers l’Asie. À la fin de son résumé du match pour la RTBF, le journaliste belge Sébastien Georis conclut quant à lui avec un cinglant « Sérieux avertissement pour la France… » qui aurait peut-être dû mettre la puce à l’oreille sur le futur des Bleus.

« Incapable de citer un Diable rouge »

Pourtant, a priori, rien ne laisse présager le futur fiasco asiatique. Depuis la défaite 2-1 face au Chili en septembre 2001, les Bleus se sont remis sur un chemin plus positif en atomisant l’Algérie (4-1) et l’Écosse (5-0), en écartant la Roumanie (2-1) et en concédant deux matchs nuls face à l’Australie et la Russie (1-1 et 0-0). Et puis, face à une Belgique qui n’a plus gagné contre la France depuis plus de 20 ans et dont Marcel Desailly avoue être « incapable de citer le nom d’un Diable rouge » , il ne devrait pas y avoir de problèmes.

Nous sommes le samedi 18 mai, les Bleus décollent dans 24h pour rejoindre leur camp d’entraînement d’Ibusuki au Japon, afin de s’y préparer pour défendre leur titre acquis quatre ans plus tôt. Face à ses voisins du Nord, Roger Lemerre doit se passer de Zinedine Zidane, pas encore blessé, mais qui est parti assister à la naissance de son troisième fils. Pour pimenter un peu la rencontre, le sélectionneur national met aussi Barthez, Makelele et Henry sur le banc, pour éviter qu’on lui reproche de ne pas faire tourner son effectif. Pas encore mis au fait de la tactique de Lemerre – pourtant la même depuis deux ans –, TF1 diffuse une composition d’équipe à la pointe de laquelle on retrouve… Youri Djorkaeff. C’est justement « l’attaquant » qui amène les premiers dangers en servant Trezeguet et Wiltord, qui ne cadrent cependant pas. Remis par la suite dans la rencontre, les Diables rouges vont ouvrir le score par l’entremise de leur défenseur Glen De Boeck qui dévie de la tête-nuque-dos un ballon de Walem, Ulrich Ramé ne peut rien faire.

Bleus muets, Wilmots pas

Devant son public, la France ne veut pas perdre son deuxième match de l’histoire du Stade de France – le premier était une défaite 2-3 contre la Russie en 1999 – et Manu Petit, un des seuls Français à niveau ce soir-là, oblige le gardien belge De Vlieger à se détendre sur un coup franc aux 20 mètres. Incapables de se montrer décisifs devant le but belge, c’est peut-être en ce 18 mai 2002 que les attaquants français vont rentrer progressivement dans leur phase de mutisme dont l’apothéose se situera quelques jours plus tard en Asie. Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas eux qui égalisent à cinq minutes de la pause, mais bien Timmy Simons. Et un affreux but qui plus est, puisqu’il tombe au terme d’une partie de billard qui aura vu Djorkaeff, Trezeguet, Wiltord et même Lebœuf tenter d’intervenir dans le rectangle. 1-1 à la pause, mais la deuxième mi-temps est insipide : les Français se créent certes un peu plus d’occasions que leurs hôtes, notamment grâce au nouveau venu Djibril Cissé, mais au moment d’annoncer le temps réglementaire de trois minutes, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué ne pensent plus au score, mais déjà à la cérémonie exceptionnelle qui prendra place juste après le match et qu’ils invitent à ne pas manquer parce qu’il y aura « beaucoup d’émotion. »

Pas de chance pour eux, ils devront se taper le feu d’artifice juste après une défaite, car Gert Verheyen ne laisse pas le temps à Thierry Roland de finir sa phrase qu’il est déjà sur la gauche du rectangle français. Face à Desailly (qui se souviendra peut-être d’un nom grâce à ça), le Brugeois sert son capitaine Marc Wilmots sur un plateau, et ce dernier envoie une splendide volée qui vient trouer les filets de Saint-Denis, ainsi que la ferveur des milliers de supporters français présents au stade. Après le match, les Français sont soit beau joueur – « L’Histoire nous a appris que les Belges négocient toujours bien leurs matchs face aux Bleus. Ils ont plus voulu la victoire que nous » dira Lebœuf -, soit, comme Patrick Vieira, plus concernés par la situation – « La France doit revenir les pieds sur terre et c’est utile car nous ne sommes peut-être pas encore au point. »

Deux étoiles qui font cloche

Mais outre cette première étape vers le désastre sportif, la France entière ne sait pas qu’elle vient peut-être de se ridiculiser aux yeux de pas mal d’observateurs étrangers. En effet, pendant la rencontre, un énorme maillot de foot de l’équipe de France va être déployé dans les tribunes avec une particularité qui ne passe pas inaperçue au niveau du cœur : une deuxième étoile de champion du monde. Adidas, qui a lancé l’idée, se fait rapidement taxer d’arrogance et de suffisance par beaucoup de suiveurs du football. Si plus aucun membre de l’équipe de l’époque ne travaille encore au sein de la marque aux trois bandes, Emmanuelle Gaye-Pouedras, actuellement responsable corporate de la marque, a néanmoins eu vent de certaines explications concernant cette folle idée. « On m’a dit que ce n’était pas une campagne pour la deuxième étoile. L’objectif était de montrer que le peuple français et Adidas avaient un rêve commun. C’était donc une projection : « Et si ? » »

En étant dévoilé contre la Belgique voisine, le maillot à deux étoiles aurait tout à fait pu être vu comme une solide provocation, surtout que les Belges soupçonnent leurs voisins de se laisser régulièrement aller à des élans de chauvinisme. « Mais ce n’était pas du tout le but, reprend Gaye-Pouedras. Adidas n’est absolument pas dans une démarche de provocation, de rancœur ou d’agitation de quoi que ce soit. L’idée est plutôt de faire sourire, d’éventuellement créer du débat parce que c’est possible que des gens n’aient pas apprécié. Mais ce n’était absolument pas à destination des adversaires du jour. » En plus du maillot géant, la Fédération française et Adidas lancent également une affiche ainsi qu’une publicité au terme de laquelle les deux étoiles apparaissent comme dans un rêve. La campagne est totale, surtout qu’à côté de ça, Johnny y met du sien en balançant son terrible Allez les Bleus avant de rendre hommage au génial footballeur Zazie chez Claire Chazal. Reste que si Adidas assume tout à fait sa communication et ses propos, Gaye-Pouedras affirme que le marketing autour de l’équipe de France ne serait pas le même en 2015. « Il ne faut pas oublier que c’était il y a 15 ans et que la communication telle qu’on la faisait à l’époque n’est plus la même actuellement. L’apparition et le développement des réseaux sociaux font que notre démarche actuelle est d’engager la conversation et les échanges avec nos consommateurs, avec les gens qui sont aussi fans que nous du foot et du sport. On ne fait plus que déclarer des choses ou les afficher, on a beaucoup moins de campagnes « cinéma » ou télé. En revanche, on est omniprésent parce que les réseaux sociaux nous le permettent. » Le lendemain de la défaite contre les Belges, sans Twitter ni Facebook, les Bleus démarreront pour l’Asie pour une Coupe du monde qui va marquer l’histoire. Enfin la leur…

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