Rooney, premier de la classe ?
On a beau se palucher sur Iniesta, Cristiano Ronaldo ou Ribéry, il n'en reste pas moins que le joueur le plus fondamental en Europe, voire au monde, en ce moment est peut-être bien Wayne Rooney. Un doute ? Pourtant, les faits et les chiffres sont imparables.
On le sait, les Anglais ont souvent la formule facile. Mais on n’est pas obligé de toujours les croire. Surtout quand il s‘agit de football, au pays où le moindre one month wonder est d’office sollicité pour tourner un DVD ou publier une autobio. Alors forcément, quand Albion a intronisé dès ses débuts Wayne Rooney comme le “White Pelé”, on était franchement sceptique. D’autant qu’après des débuts fracassants (4 buts à l’Euro 2004 à 18 ans à peine), l’Anglais avait traversé un sacré désert en sélection : trois ans et demi sans claquer le moindre pion en match de compétition. Et nous, de nous demander : et si, une fois encore, on s’était fait enfumer ? Sauf que Rooney est bel et bien un vrai crack. Aujourd’hui, malgré les Gerrard, Lampard, Terry et Ferdinand, l’ancien Toffee est l’élément le plus important de l’équipe d’Angleterre. Au vrai, il est peut-être bien le joueur le plus déterminant pour sa sélection au monde. A 23 ans seulement…
Bobby Charlton peut trembler
D’ailleurs, bien plus que des impressions parfois aussi saisissantes que trompeuses, ce sont les stats qui le disent. Castrofootball a ainsi publié un rapport sur les performances chiffrées durant la phase de qualification pour le prochain Mondial. Et ledit rapport est formel : « Wayne Rooney est le meilleur joueur des qualifications pour la Coupe du monde 2010. Meilleur buteur des éliminatoires (8 pions), il a également effectué le plus de tirs (28 dont 14 cadrés) et été impliqué dans davantage de buts que n’importe quel autre joueur (4 passes décisives en plus de ses buts, soit 12 réalisations sur les 21 de l’Angleterre directement liées à lui) » .
D’ailleurs, son coéquipier à Manchester United, Gary Neville, n’a aucun doute : si Michael Owen, avec 40 buts en sélection, est le plus près du record de Bobby Charlton (49), c’est bel et bien “Wazza” -et ses 24 buts en 57 sélections- qui pourrait mettre, un jour, tout le monde d’accord, que ce soit en équipe nationale ou sous la tunique des Red Devils (249 buts en 758 matches pour Charlton contre 102 buts en 243 apparitions pour Rooney). « Il a encore beaucoup de chemin à parcourir mais Wayne a l’opportunité de battre ces deux records, fantasme Neville sur le site de MU. Il aura encore de nombreux matches à jouer mais devra rester à l’abri des blessures pour faire tomber ces record très difficiles à battre » .
Coupet, Berbatov : « Rooney est plus fort que Ronaldo ! »
Mais l’influence de Rooney ne se limite-t-elle qu’aux chiffres ? Les sceptiques ne manqueront pas de regarder avec un air goguenard les statistiques parfois décevantes de Roo à Manchester, mais celles-ci ne traduisent pas un constat établi par la plupart de ses équipiers : malgré les records de Cristiano Ronaldo ces trois dernières saisons à MU, Rooney était probablement le plus important des deux strikers. « Même si Ronaldo marquait plein de buts, j’ai toujours pensé que Wayne était le plus fort et le plus déterminant pour nous » , avançait même Dimitar Berbatov après le départ du Portugais à Madrid. Même son de cloche du côté de Grégory Coupet, victime avec l’OL des Mancuniens (1-1, 0-1) en huitièmes de finale de la Ligue des champions en 2008 : « Il y a beaucoup de grands joueurs à Manchester mais le plus impressionnant, c’est Rooney. Ce type est partout, il presse, part dans le dos, se replace et n’hésite pas à se sacrifier à droite pour la cause de l’équipe. Je suis admiratif » . Et Coupet touche juste ! Car le fond de l’énigme a toujours été ce sacrifice de l’Anglais pour son équipe, fut-ce au détriment de ses stats personnelles.
Capello croise les doigts
Mais la donne est peut-être en train de changer. Ronaldo parti sous d’autres cieux, Rooney a été convoqué par sir Alex Ferguson pour enfin occuper le rôle d’attaquant de pointe à plein temps. Et le résultat est déjà là : 4 buts en autant de journées de Premier League. Des chiffres enfin en rapport avec ceux produits en sélection où le Mancunien possède depuis bien longtemps les clés de l’attaque. Alors, Fabio Capello se frotte les mains tout en croisant les doigts (pas simple, hein) pour que son attaquant vedette ne se blesse pas avant la Coupe du Monde (comme en 2006) pour laquelle est déjà qualifiée l’Angleterre, cela ne fait plus guère de doute. Mais gare au cache-misère ! Car le talent de Rooney ne doit pas masquer les faiblesses insignes de la sélection aux Trois Lions : ici le poste de gardien de but toujours en friche (James ? Foster ? Kirkland ? Soyons sérieux…), là celui de latéral droit soumis à la bonne humeur de Glen Johnson (loser passé à Chelsea et Portsmouth mais plutôt bien luné depuis une poignée de matches avec Liverpool) ou encore ce satané flanc gauche déserté depuis quinze plombes et la retraite internationale de John Barnes. Oui, malgré Rooney, l’Angleterre pourrait bien être encore trop juste pour la victoire finale. Mais une chose est certaine : sans lui, elle n’a définitivement aucune chance.
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