Qui pour téter la roue de MU ?
Dimanche à l'heure du thé (17h), duel entre Liverpool et Chelsea au coude à coude derrière Manchester. Un nul ferait les affaires des Red Devils. Un succès écarterait sans doute définitivement le perdant de la course au titre.
Question pour un champion : les reins sont-ils directement reliés au cerveau ? Pour Mark Lawrenson, ancienne gloire de Liverpool, il y a peut-être un lien. « Depuis que Rafael Benitez s’est fait retiré des calculs rénaux (en janvier, ndlr),il prend des décisions bizarres. Comme à Wigan où il a sorti à la fois Steven Gerrard et Fernando Torres permettant ainsi à Wigan de revenir (1-1). Ou comme quand il s’en prend d’un seul coup à Sir Alex Ferguson » . En clair, en passant trois fois sur le billard, le mage espagnol y a-t-il abandonné quelques fusibles ? Peut-être “Rafa” se rend-il surtout compte que le titre que Liverpool rêvait de retrouver après 19 ans d’abstinence est gentiment en train de lui glisser entre les doigts, tel une savonnette dans une douche de prison. Avec le violent désagrément qui s’en suit généralement !
Un fauteuil pour deux
Car le fait est là, imparable : Manchester United a repris le pouvoir. Les doubles champions d’Angleterre en titre comptent désormais cinq longueurs d’avance sur un duo de poursuivants déjà en sueur à la seule idée de devoir suivre le rythme d’enfer imprimé par les Diables Rouges (7 succès de suite en championnat, aucun revers depuis 12 journées). Oui, Liverpool et Chelsea vont devoir sacrément s’accrocher pour ne serait-ce que rester au contact du leader. En fait, on saura dès ce dimanche lequel paraît le mieux outillé pour téter la roue mancunienne.
À moins qu’une troisième option ne se dégage : aucun des deux. En cas de match nul, Reds et Blues pointeraient à quatre unités avec un match de plus que MU. En gros, l’affaire serait classée. D’autant que l’hypothèse est loin d’être farfelue. Sur les 21 derniers duels, les deux équipes se sont séparées sur un score de parité. Au passage, il convient de préciser que ces 21 confrontations se sont déroulées sur ces seules… cinq dernières années ! C’est donc en vieilles connaissances que Liverpool et Chelsea s’apprêtent à régler leur compte. Il y en a quelques-uns…
Chelsea, cancre du Big Four
On ne dénombre plus les différents sujets de fâcheries entre les deux escouades. Ici les deux demi-finales de Ligue des champions perdues sur le fil par Chelsea face à Liverpool. Là, la finale de League Cup 2005 bazardée par les Reds en prolongation. Ou encore les vrais-faux départs de Steven Gerrard pour le club de la capitale, encore en travers de la gorge des Scousers. Dernier sujet brûlant entre Liverpuldiens et Londoniens, la fin de série des Blues dans leur antre après quatre ans et demi d’invincibilité domestique sur un but de Xabi Alonso le 26 octobre dernier : le début des emmerdes pour Chelsea. Depuis ce couac, les hommes de Luiz Felipe Scolari ont multiplié les cagades à Stamford Bridge avant de collectionner les prises de bec en coulisses.
Heureusement, les Blues sont vachement jazzy on the road. Jusqu’à la déroute subie à Manchester en janvier (0-3), Chelsea affichait l’impressionnant bilan de 8 succès et 2 nuls. Le problème, c’est justement cette ratatouille encaissée à Old Trafford qui vient souligner deux points. Primo, l’excellent bilan de voyage des Blues est pondéré par le fait qu’ils se déplacent chez toutes les grosses cylindrées lors des matches retour. Secundo, la fessée administrée par MU rappelle la faiblesse absolue de Chelsea dans le mini-championnat du Big Four : quatre matches, quatre défaites. Pas très rassurant à quelques heures du road trip sur les bords de la Mersey.
Liverpool préfère les gros
Pourtant, Anfield est plus loin de sa légende que jamais. Certes, Liverpool n’y a pas perdu de toute l’année 2008. Mais cette saison, les Reds y coincent à peu près autant qu’ils y gagnent (6 succès, 5 nuls). Et la liste des tourmenteurs ressemble à un défilé de tocards : Stoke, Fulham, West Ham, Hull et Everton. Ces contre-performances mises en balance avec la très convaincante victoire sur Manchester United mi-septembre dégagent une manière d’évidence : en carafe dès qu’il s’agit de trouver la faille chez une équipe arc-boutée dans ses 30 mètres, les Reds sont en revanche plus prompts à faire la peau aux caïds débarqués avec quelque ambition. En ce sens, la venue de Chelsea est peut-être le meilleur moyen de se refaire la cerise.
Alors quoi ? Ce choc ressemble bigrement au match de la dernière chance pour deux formations qui compilent les soucis. Dans le coin droit, culotte rouge maillot rouge, un capitaine en proie avec la justice, un entraîneur bientôt en fin de contrat, une dette astronomique à éponger dans les prochaines semaines, ladies and gentlemen… Liverpool !
Dans le coin opposé, culotte bleue maillot bleu, un technicien avec tout le vestiaire à dos, un capitaine chahuté, deux attaquants qui dépriment de ne pas jouer ensemble, un proprio qui a décrété le serrage de ceinture après des années d’opulence, veuillez applaudir Chelsea ! Reste à savoir lequel des deux sera encore debout dimanche soir sur les coups de 19h.
Dave Appadoo
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