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Quand Klinsmann jouait aux États-Unis sous un pseudonyme

Par Ruben Curiel
4 minutes
Quand Klinsmann jouait aux États-Unis sous un pseudonyme

En 1998, à la fin de sa carrière, Jürgen Klinsmann vient s'installer en Californie. Cinq ans plus tard, l'envie de tâter le ballon est telle que l'Allemand, quarante ans à l'époque, prend une licence au club d'Orange County Blue Star, en quatrième division. Et jouera toute une année sous le pseudonyme de « Jay Goppingen ».

« Cela n’a jamais été mon idée d’utiliser un faux nom. Je pense qu’ils ont pris le J de Jürgen, et l’ont transformé en Jay, et ils ont utilisé Göppingen, ma ville natale en Allemagne. » Onze ans après son année en tant que footballeur amateur aux États-Unis, « Klinsi » témoigne, pour Yahoo Sports : « Je m’amusais, et je me maintenais en forme. C’était agréable d’avoir une bande d’amis pour jouer au football. Après une très longue carrière, c’était superbe. J’ai vraiment pris du plaisir, et le changement de nom m’a toujours fait rire. » Installé en 2003 à Huntington Beach, sur la côte Ouest américaine dans la quête d’anonymat, l’Allemand aux 47 buts en 108 sélections a poussé le vice jusqu’au bout. Cette même année, Klinsmann prend une licence au club d’Orange County Blue Star, en Premier Development League, quatrième division américaine. Et jouera toute une saison sous un pseudonyme. Retour sur un exil américain, entre polémiques, intervention d’Angela Merkel et pseudonyme tirés par les cheveux blonds.

« Travailler plus tranquillement »

Si Jürgen Klinsmann est venu s’installer aux États-Unis, c’est parce qu’il n’est là-bas qu’un quadragénaire avec un léger accent allemand. Joachim Löw, adjoint de Klinsmann de 2004 à 2006 à la tête de la sélection allemande, raconte, dans le San Diego Union Tribune : « Quand il retourne en Allemagne, il est occupé, sollicité par les médias, le public veut le voir. Et quand il arrive aux États-Unis, il récupère toute son énergie. » L’intéressé confirme : « Le climat est meilleur, je peux travailler plus tranquillement. Vivre aux États-Unis offre une perspective différente. » En Californie, le vainqueur de la Coupe du monde 1990 apprend l’espagnol, travaille dans une entreprise nommée Soccer Solutions et refuse toute demande d’interviews des médias locaux, arguant qu’il préfère travailler dans le calme des coffee shops de la région. En 2006, alors qu’une polémique éclate sur ses nombreux allers-retours entre l’Allemagne et les États-Unis, Angela Merkel, la chancelière allemande, doit même intervenir pour pacifier les relations entre « Klinsi » et ses supérieurs de la Fédération allemande. Là encore, Löw, son plus fidèle vassal, venait à son secours : « Il a amené toute sa vie aux États-Unis. Ici, les gens sont plus positifs. En Allemagne, on tend à chercher le négatif, et on aime critiquer. » Une terre d’accueil si hospitalière que trois ans plus tôt, Klinsmann, alias Jay Goppingen, offrait ses services à une équipe amateur, en quête d’une qualification en play-off.

Cinq buts en huit matchs pour Jay Goppingen

Un stade universitaire et sa centaine de places, les plages et le climat avenant du Comté d’Orange en Californie, bref une nouvelle vie tranquille pour le buteur allemand. Interrogé par Yahoo Sports sur cet exil, avant le Mondial 2014, Klinsmann se justifie : « Il y a beaucoup de Californie en moi. Si vous vivez dans un endroit pendant une longue période, vous vous y adaptez et ne prenez que les bonnes choses. Évidemment, j’ai gardé les bons souvenirs de ma vie ailleurs. » Et d’ajouter : « Pour un footballeur, être anonyme et vivre une vie normale, c’est exceptionnel. Ici, je peux m’occuper tranquillement de ma famille, et les gens me laissent tranquille. » Jürgen Klinsmann se sent si bien en Californie qu’il rechaussera les crampons en 2003. Le buteur allemand prend donc une licence, au club Orange County Blue Star, là où les paparazzis et le public sont presque inexistants.
Robbie Rogers, quatorze ans à l’époque et membre des « Blue Stars » , raconte : « C’était incroyable de s’entraîner et de jouer avec lui. C’était intimidant d’abord, mais c’est devenu très agréable. Il était très enthousiaste. » Le milieu de terrain, aujourd’hui joueur de Los Angeles Galaxy, se souvient que « Klinsi » jouait incognito : « Il y avait une centaine de personnes dans le stade. Les gens ne se rendaient pas compte qu’ils voyaient jouer Klinsmann. Même nos adversaires ne le connaissaient pas. Le football était différent à cette époque. » Depuis, Robbie Rogers est international américain et a même marqué le premier but de l’ère Klinsmann avec la sélection américaine, en août 2011. Pete McNulty, à l’époque entraîneur de « The OC » , raconte que l’ancien joueur du Bayern Munich était parfaitement intégré : « Un jour, lors d’un tournoi, il regardait son fils Jonathan jouer. On a fait un match entre parents, et il a joué avec nous. Jürgen aime gagner, il y allait à fond. Tout le monde l’appréciait. On comprend pourquoi il aime la Californie lorsqu’il peut se permettre de faire des choses normales comme cela. »
Selon les statistiques du club, Jay Goppingen a marqué cinq buts en huit matchs. Le sélectionneur des États-Unis depuis 2011 raccroche les crampons à la fin de la saison de Premier Development League, en 2003. De l’autre côté de l’Atlantique, Klinsmann profite de sa vie tranquille : « Quelques regards, des gens qui viennent me serrer la main dans les magasins ou dans des cafés, ou des conducteurs qui me saluent au feu rouge. C’est tout. Et c’est très bien comme ça. » Comment dit-on « Home sweet home » en allemand ?

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Par Ruben Curiel

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