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Les bons coups de Graz
Pour leur bizutage dans la reine des compétitions, les Brestois ne défient pas un gros d’Europe. On peut même aisément ranger le Sturm Graz dans la case des petits poissons de cette Ligue des champions new generation. Sauf que derrière ce nom quasi inconnu - et dur à prononcer - se cache une équipe en pleine bourre, cochant toutes les cases du club moderne.
À quelques heures d’entrer dans le grand bain, les supporters du Stade brestois doivent certainement se répéter la même chose : c’est maintenant, ou peut-être plus jamais, l’occasion de gagner un match de Ligue des champions dès leur baptême du feu. Un autre résultat qu’une victoire ce jeudi soir contre le Sturm Graz confirmerait déjà que les Finistériens ne devraient pas faire partie des barragistes en février prochain. Facile, vraiment ? Les Autrichiens ne sont pas des outsiders, loin de là, et ils ne demandent qu’à éclore. Du moins sur la scène européenne. Car sur le plan national, le Sturm Graz vient de rafler le gros lot : un doublé coupe championnat, actant la fin d’une décennie de règne du RB Salzbourg.
Le nouveau roi d’Autriche
Depuis cet été, Graz a donc rappelé qu’il n’y avait pas que le laboratoire du RB Leipzig, le Rapid et l’Austria Vienne dans le pays de Mozart. À la barre du projet : un anonyme répondant au nom d’Andreas Schicker. Directeur sportif du club depuis 2020, l’homme de 37 ans a bâti un modèle de stabilité sportive et financière. En quatre ans, Schicker s’est révélé comme un roi des plus-values. Rasmus Højlund, recruté pour deux millions et transféré pour 20 millions d’euros à l’Atalanta en 2022 ? C’est lui. Emmanuel Emegha, actuel buteur de Strasbourg, débarqué pour 3 millions et des brouettes et revendu dix patates de plus ? C’est lui aussi. Son dernier coup, il l’a réalisé cet été, avec la vente du jeune milieu Alexander Prass pour 10 millions d’euros à Hoffenheim. Du scoutisme pur et dur donc, déployé aux quatre coins du continent, qui aura permis au club de passer un cap en peu de temps. Et, par la même occasion, de renflouer les caisses comme jamais.
Les résultats obtenus depuis les années Covid sont au rendez-vous : les Noir et Blanc voguent sur la scène européenne depuis trois ans, en plus d’avoir réussi à faire vaciller Salzbourg de son trône. Ce qui n’était pas gagné d’avance. « Si l’on regarde le chemin parcouru au cours des trois dernières années et demie, nous nous sommes rapprochés de Salzbourg. Nous avons fait un très grand pas vers eux, déroulait le directeur sportif dans une interview donnée à 90 Minuten. À cela s’ajoute une continuité avec l’ensemble du conseil d’administration, la direction, l’équipe et les entraîneurs du club. » Et revoilà le Sturm Graz en Ligue des champions, où le club n’avait plus mis les pieds depuis le début du siècle, en 2000-2001.
Roulez jeunesse
Sa réussite sportive, le Sturm Graz le doit autant à Andreas Schicker qu’à son entraîneur Christian Ilzer, lui aussi débarqué en 2020 dans la capitale de la Styrie (un Land situé à l’est du pays). Le divin chauve autrichien a instillé un style de jeu offensif, efficace et généreux aux champions en titre, où les latéraux se transforment souvent en ailiers. Le tout animé par un effectif très jeune (la moyenne d’âge est de 23 ans !) et consolidé par des recrues à fort potentiel, mais à bas coûts. « Pour réussir son scouting, il est crucial de savoir exactement comment on veut jouer au football, expliquait le DS au micro de Sport1. Ici, nous suivons une direction claire et avons trouvé un excellent entraîneur pour cela en 2020, en la personne de Christian Ilzer. Il pratique un football très actif et exigeant physiquement. Nous savons exactement de quels types de joueurs nous avons besoin pour cela. »
Ce qui a permis à Ilzer d’avancer avec une ossature : « Nous nous appuyons sur un leader très expérimenté, accompagné par de nombreux jeunes joueurs avec un fort potentiel de vente », précise l’incontournable Andreas Schicker. Il fait allusion au « vétéran » géorgien Otar Kiteishvili (28 ans) à Graz depuis 2018, et prolongé jusqu’en 2026. Pour l’épauler, ses dirigeants sont allés fouiner les bonnes affaires. Le gardien Kjell Scherpen et le milieu central Malick Yalcouye sont arrivés en prêt de Brighton. Auxquels s’ajoutent ceux du milieu offensif Lovro Zvonarek (Bayern Munich) et l’attaquant Erencan Yardimci (Hoffenheim). La recrue star, l’avant-centre Mika Biereth, a été débauchée d’Arsenal pour un montant record de 4,7 millions d’euros. Ces renforts suffiront-ils pour au moins se hisser en barrages ? Pas sûr. En attendant, le club d’Arnold Schwarzenegger a l’occasion de faire trembler autre chose que la petite Bundesliga.
Par Aurèle Toueille