- Billet d'humeur
- Vikash Dhorasoo
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Paris : un dîner presque parfait ?
Tout va très vite, dans le football. Il a suffi au PSG de battre Porto et de baffer Évian pour revenir en grâce aux yeux des observateurs. Un renouveau du groupe parisien qui aurait pris ses racines autour de quelques parts de pizza…
Le PSG a gagné samedi contre Évian Thonon Gaillard. Contre une faible équipe d’Évian Thonon Gaillard. Trop de vitesse, trop de mouvement(s) et trop de qualité technique. Les Savoyards n’ont rien pu faire. Les joueurs parisiens ont mouillé le maillot. Semble-t-il. Le jeu était plutôt de bonne qualité et on a senti un vrai collectif. C’est ce que l’on a lu un peu partout, en tout cas. On a aussi appris que les joueurs avaient dîné ensemble dans la semaine : une bonne pizza, et ça repart ! Il suffirait donc d’un petit repas sur Paname pour ressouder les liens, se dire les choses, crever l’abcès et donc bien jouer ?
Prix d’interprétation
La vie est belle. Régler les problèmes dans le foot, c’est simple finalement. Il suffit de bouffer. Imaginons que le PSG ait mal joué et perdu samedi. Quelle interprétation aurait-on fait de ce dîner ? On n’en aurait certainement pas parlé. Certains n’y étaient même pas, selon L’Équipe du jour. Au même moment, Nene était écarté du groupe. Sans parler de Mamadou Sakho qui n’est plus dans les petits papiers d’un Carlo Ancelotti sous pression… En six mois, les joueurs du PSG ont sans doute, et heureusement, dû manger ensemble plus d’une fois sans pour autant que la presse en face des tonnes. Pourquoi ? On interprète les évènements comme on veut. Aujourd’hui, le groupe doit bien vivre. Ou bien revivre, tout du moins. Quel est vraiment l’événement déclencheur ? Le dîner ou la victoire ? La victoire ou le dîner ?
Le lendemain dimanche, on a vu Lyon battre Saint-Étienne. Lyon, l’outsider devenu pauvre, selon Jean-Michel Aulas. On a vu Clément Grenier se blesser et pleurer. On a vu ses partenaires arriver pour le consoler alors que, dans la même situation, Zlatan Ibrahimović était resté seul allongé dans la surface, de longues minutes durant. On a vu une équipe célébrer ensemble sa victoire à la fin du match et aller voir ses supporters. On a vu Biševac sauter sur son président. Et oui, c’était beau. Rafraîchissant. Le groupe vit bien, visiblement. Ah oui ? Est-ce parce que l’équipe gagne que le groupe vit bien ou est-ce parce que le groupe vit bien que l’équipe gagne ? Finalement, on ne sait pas vraiment. En voyant la joie des Lyonnais, j’ai repensé aux différentes périodes de ma carrière. Notamment celles passées dans ces deux clubs, l’OL puis le PSG. J’ai eu des bonnes et des mauvaises périodes à Lyon. Je n’ai eu qu’une mauvaise période au PSG. J’ai parfois été souriant, parfois beaucoup moins.
Coupable idéal ?
À Lyon, j’ai bien joué et mal joué. Mon caractère a plus d’une fois était mis en cause, le plus souvent lorsque je jouais moins bien, forcément, et surtout quand l’équipe perdait. La fin de mon parcours a été formidable. Deux titres de champions avant de partir au Milan AC. Là-bas, pas une fois on n’a parlé de mon caractère. Mes relations avec mes partenaires étaient super, les mises au vert sympathiques. On s’amusait beaucoup… Mais on ne dînait pas ensemble. Au PSG, j’ai mal démarré et, très vite, ma façon de faire comme ma place dans le vestiaire ont été critiquées. J’ai été fragilisé et, évidemment, j’ai eu des problèmes avec mes partenaires ou mon entraîneur. Une fois, on a diné ensemble. Sans aucun résultat. C’était la seule fois.
À quel moment suis-je responsable ou coupable de ce qui se passe ? À quel moment le vestiaire, le groupe, le coach sont-il coupables ? À quel moment la victoire ou la défaite sont-elles responsables de la cohésion du groupe, de la joie d’être ensemble, d’être une équipe, un collectif ? Qui paye lorsque l’équipe joue moins bien ou perd ? Dans ces mauvaises périodes, on regarde le montant du transfert des joueurs, leur contrat, leur salaire… Le groupe va alors décider et le vestiaire sacrifier. C’est quoi, dès lors, un groupe qui vit bien ? Ça pourrait être un groupe qui accepte les différences de caractère, les différences de salaire, les bonnes ou les mauvaises prestations des uns et des autres. Mais ça, le foot business ne le permet pas. Parce que finalement, un groupe qui vit bien, c’est seulement un groupe qui gagne suffisamment face aux objectifs du club…
Vikash Dhorasoo