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Paris, champion de l’indifférence ?

Par Alexandre Aflalo
Paris, champion de l’indifférence ?

Ce mercredi face à Angers, si les étoiles s'alignent, le PSG pourrait déjà valider mathématiquement l'obtention de son dixième titre de champion de France. Quarante et un ans après, les Parisiens rejoindraient donc l'AS Saint-Étienne au Panthéon du football français. Un sacré accomplissement qui ne fait pas se décrisper grand monde, même à Paris, où les supporters ont du mal à se réjouir pour un trophée acquis au terme d'une saison aussi triste. On leur a donné la parole.

À la sortie du Parc des Princes, sur les coups de 23h, dimanche soir, il n’y avait pas grand-monde pour donner de la voix. Sur le boulevard des Maréchaux, l’artère qui redirige les sortants des tribunes vers la porte de Saint-Cloud, la foule dense, mais silencieuse n’était perturbée que par quelques coups de klaxon, dont on ne pouvait deviner s’ils étaient liés au résultat du match face à l’OM ou au trafic qui commençait à s’épaissir. Pas vraiment d’excitation, pas d’électricité non plus, au mieux quelques sourires sur les visages les plus jeunes : on aurait du mal à croire que dans l’enceinte de la porte d’Auteuil, c’est un Classique face à Marseille qui vient d’être remporté par le PSG (2-1). Une nouvelle affiche qui aura déçu, comme tant d’autres cette saison. Avec 15 points d’avance sur sa victime du week-end et dauphin, Paris peut déjà être sacré champion de France ce mercredi, pour la dixième fois de son histoire, égalant le record de l’AS Saint-Étienne. Et on a l’impression que tout le monde s’en cogne un peu.

Même battre l’OM, ça ne me fait plus rien. Parce que c’est juste normal avec l’équipe qu’on a.

Mercato XXL, promesses non tenues et train-train annuel

Il y aura bien quelques irrésistibles pour assurer que la conquête de ce dixième titre leur hérisse encore les poils des bras comme au premier jour. Les autres ne se font pas prier pour dérouler la liste des raisons qui font que ce titre les indiffère un peu plus que les autres. Première d’entre elles : « On est trop au-dessus en championnat, il n’y a plus aucune joie à l’idée de gagner un match, résume Valentin, 31 ans, supporter depuis le siècle dernier et un peu nostalgique des années galère. Même battre l’OM, ça ne me fait plus rien. Parce que c’est juste normal avec l’équipe qu’on a. » Vadim, ancien abonné et habitué du Parc depuis 2005, complète : « Personne ne va s’enthousiasmer sur un dixième titre de champion avec un tel écart d’effectif entre le PSG et le reste. » Une équipe dopée cet été par le mercato XXL qui a vendu la promesse d’une saison spectaculaire et d’un jeu léché. Résultat : « Une équipe sans âme, sans fonds de jeu, sans liant, des matchs de Ligue 1 sans aucune saveur, estime Clément, supporter du club. Ce PSG n’a jamais eu la marque d’une équipe dominatrice et sûre d’elle qu’elle a eu ces dernières années. Et comment ne pas parler du niveau des adversaires qui, malgré un PSG au pire niveau depuis QSI, n’ont pas réussi à mettre une once de suspense pour le titre. »

En onze saisons de QSI, Paris aura remporté le titre huit fois, ne l’abandonnant qu’aux saisons exceptionnelles de Montpellier (2012), Monaco (2017) et Lille (2021). « Le titre c’est le minimum, estime Christophe, fidèle rouge et bleu depuis ses premières émotions au Parc des Princes, en 2005. Avec les années, on est devenus des gosses de riches, on fait la fine bouche et on n’apprécie plus un titre de champion à sa juste valeur. » Une conséquence, aussi, du fait que remporter la Ligue 1, ce qu’il a prouvé qu’il pouvait faire très facilement, n’est pas vraiment l’objectif du PSG. Dans « Rêvons plus grand » , la devise du club, il faut surtout comprendre « rêvons au-delà de nos frontières » : dans tous les discours, toutes les sorties médiatiques, toutes les têtes, il y a avant tout cette Ligue des champions, seul trophée manquant au cabinet du club et le seul qui fait encore réellement vibrer l’immense majorité des fans du PSG.

Paris C1-Germain

En se concentrant principalement sur la C1, en bâtissant un club et un effectif taillé presque exclusivement pour tirer les grandes oreilles à la coupe, Paris a participé à reléguer la Ligue 1 au rang de trophée secondaire. Un état de fait qui a été poussé par les médias, mais aussi par les supporters qui s’en sont bien accommodés. Et même si le PSG va rejoindre Saint-Étienne en tête du palmarès du championnat de France, 41 ans après l’établissement du record par les Verts en 1981, cet accomplissement a été complètement noyé par l’élimination face au Real Madrid, et la déception qui s’en est suivie. Aujourd’hui, c’est tout un club, toute une équipe qui ne semble plus vivre que pour la Ligue des champions. « On a vécu des humiliations par le passé, mais le mercato estival nous a donné un espoir immense, et ce trou d’air contre Madrid a été un coup derrière la tête », ponctue Raphaël, un autre supporter qui avoue même qu’il a vu cette saison « [sa] passion se consumer. J’ai même fait ma première pause entre l’élimination en Ligue des champions et le match contre l’OM. C’était inimaginable, mais je m’emmerde devant les matchs. »

Je ne me sens pas représenté par les joueurs. Même l’époque Matuidi, Ibra, Maxwell… On avait l’impression qu’ils se battaient pour nous.

Il y a neuf ans presque jour pour jour, en mai 2013, la place du Trocadéro s’habillait de rouge et bleu pour célébrer en grande pompe le premier titre de champion de l’ère QSI. Des dizaines de milliers de personnes réunies sur la place sous un cagnard assommant pour quelques minutes de communion populaire immédiatement gâchées par les débordements, les casseurs et les effluves de gaz lacrymogènes. Depuis, Paris est un club qui célèbre ses titres confiné, avec des supporters gentiment assis à leurs sièges. Un facteur qui a joué, aussi, à éloigner un peu plus le public de ses héros, ce que l’attitude des acteurs sur le terrain n’a pas aidé à arranger. « Je ne me sens pas représenté par les joueurs, tranche Alexis, 36 ans, trente ans d’amour du club dans le rétroviseur. Je ne suis pas nostalgique de l’époque Canal et Colony Capital, mais je me sentais plus proche des joueurs. Je les sentais plus investis pour défendre nos couleurs. Même l’époque Matuidi, Ibra, Maxwell… On avait l’impression qu’ils se battaient pour nous. » Ce dixième titre sera historique, mais il arrive peut-être au pire moment de l’histoire récente du club, celui où la majorité des supporters boude ce qu’est cette équipe au plus profond d’elle-même, et la manière avec laquelle elle empile ses trophées, avec facilité et sans panache. Reste les éternels optimistes pour voir un rayon de soleil dans ces épais nuages. Du haut de ses 47 ans, Joël suit le PSG depuis les années 1980 et refuse de se laisser blaser : « Un titre c’est un titre, et j’aurai les frissons le soir où il arrivera… J’ai connu les années galères, il faut arrêter de faire les enfants gâtés. Je ne dis pas qu’ils ne m’énervent pas, qu’ils ne me déçoivent pas, mais dans vingt ans, on retiendra ce dixième titre. » Un titre pour les livres d’histoire, c’est mieux que rien.

Par Alexandre Aflalo

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