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Mondial 66 : sous le signe du soupçon… (Partie 1)

Par Chérif Ghemmour
Mondial 66 : sous le signe du soupçon… (Partie 1)

Victimes d'un traitement pour le moins étrange, les équipes sud-américaines ont été les premières à pointer du doigt l'étrangeté de l'organisation du Mondial anglais...

Le 26 juin 2008, l’ancien président de la FIFA, le Brésilien João Havelange, lançait un rocher dans la mare. Selon lui, les Coupes du monde 1966 et 1974 avaient été « truquées » pour permettre la victoire des pays hôtes, l’Angleterre puis l’Allemagne ! « Nous étions les meilleurs, déclarait-il en parlant de la Seleção (championne du monde 1958 et 1962, et aussi, après cette édition 1966, en 1970). Le président de la FIFA était alors en 1966 et jusqu’à 1974 sir Stanley Rous, un Anglais. Et le Mondial 66 se déroulait en Angleterre. Trois arbitres et six assistants ont dirigé les matchs du Brésil contre le Portugal, la Hongrie et la Bulgarie. Sept d’entre eux étaient anglais, et les deux autres allemands. L’idée était tout simplement d’éliminer le Brésil. L’Allemagne a affronté l’Uruguay, et l’arbitre était anglais. L’Argentine s’est mesurée à l’Angleterre, et l’arbitre était allemand. Comme par hasard, la finale s’est jouée entre l’Angleterre et l’Allemagne. » Délires séniles d’un très vieux monsieur de quatre-vingt-douze ans – qui vient de fêter son centenaire en mai 2016 dernier ? Sans doute. Reste que… La victoire anglaise à la Coupe du monde 1966 demeure à jamais marquée du sceau de la suspicion. Les attaques proviennent principalement des trois équipes sud-américaines engagées dans le tournoi : l’Uruguay, le Brésil et l’Argentine. Sans conteste, trois redoutables adversaires pour les Three Lions. Le 30 mai 1964, l’Angleterre avait été ludiquement baladée 5-1 au Maracanã de Rio par une Seleção fastoche. Or, l’Angleterre se devait de triompher chez elle à l’été 66. Et c’est là que les bizarreries objectivement relevées, y compris par les médias anglais ces derniers temps, se firent jour… Pour apporter de l’eau au moulin d’Havelange, avant que la Coupe du monde ne débute, les relations entre l’Angleterre et le Brésil étaient déjà tendues, après que la BBC envoya à Rio une équipe filmer la préparation de la Seleção. Repérés comme « espions » , les journalistes anglais se firent vandaliser leur van de location. Au premier tour même du Mondial british, un Brésil moins flamboyant qu’avant mais favori « naturel » du tournoi subit le dézinguage en règle de son cher Pelé. Matraqué par les Bulgares au premier match (2-0), il renonça au second face à la Hongrie qui l’emporta (3-1) après que deux buts de la Seleção furent annulés. On connaît la suite. Et la fin : face au Portugal, Pelé fut « bousillé » tôt dans le match par Morais une première fois avant d’être achevé par le même boucher du Benfica. Morais ne reçut aucun avertissement ! Le match avait été arbitré par un Allemand (RFA) assisté de deux Anglais…

Trajets interminables et terrains sans but

Paranos, les Brazileiros ? Voyez plutôt… Quand ils débarquèrent en Angleterre à l’aéroport d’Heathrow, le bus censé les transporter n’était pas là. Ils apprirent, comme toutes les autres délégations, que des tests anti-dopage seraient institués selon des critères de dépistage édictés… par le staff médical de l’équipe d’Angleterre ! En arrivant à Bolton, à leur camp d’entraînement de Burnden Park, les Auriverde constatèrent, effarés, que l’herbe de la pelouse était trop haute et qu’il n’y avait même pas de buts ! On suggéra même à la Seleção d’aller s’entraîner ailleurs… Une autre fois, invités à une réception à l’hôtel de ville de Liverpool, les bus censés les y emmener furent conduits par des chauffeurs londoniens complètement paumés. La Seleção arriva à la party avec une heure de retard… Et les Argentins ? À leur arrivée, ils découvrirent qu’il n’y avait pas de buts non plus sur leur terrain d’entraînement. Ils louèrent alors les services d’un charpentier local qui leur tailla des poteaux. Puis on emprunta deux barres transversales, l’une à Aston Villa et l’autre à West Bromwich Albion ! Une session d’entraînement importante à Lilleshall fut étrangement perturbée par l’arrivée très tardive du coach argentin Juan Carlos Lorenzo, véhiculé par un chauffeur qui mit plus de deux heures pour un simple trajet de 50 kilomètres… Paranos, les Argentinos ? Quand ils quittèrent leur camp de base de Birmingham pour se rendre à Wembley afin d’y disputer leur quart de finale contre l’Angleterre, ils devaient normalement être déposés au centre de Londres, non loin du stade mythique. En fait, on les lâcha à Welwyn, à 40 kilomètres au nord de la capitale, avant de les convoyer à nouveau au Stadium. Au Mundial 1978, en se rendant au stade Monumental de Buenos Aires afin d’y disputer la finale contre l’Albiceleste, les Hollandais se plaignirent du trajet normalement court mais devenu interminable de plusieurs heures, empruntant parfois dans des petites rues. D’un bout à l’autre de ce déplacement, des supporters argentins avaient violemment secoué le bus de façon agressive et insultante, terrorisant des pauvres Oranje qui arrivèrent en retard au Monumental. Remember Wembley 66 ?

Où l’avocat insulterait l’arbitre

Arrive donc le controversé Angleterre-Argentine du 23 juillet 1966, toujours surnommé par les Argentins « El robo del siglo » ( « Le hold-up du siècle » ). En cause, l’expulsion à la 35e minute du capitaine et colosse de l’Albiceleste Antonio Rattin, après un second avertissement… Autant le premier carton jaune était consécutif à une faute sur Bobby Charlton en début de match, autant le second provenait d’une faute du même Rattin sur Geoff Hurst alors que le ballon était en jeu de l’autre côté du terrain… Le deuxième jaune sanctionnait-il une faute ou bien une contestation ? L’arbitre allemand Rudolf Kreitlein aurait sévi car il n’aurait pas apprécié le comportement du capitaine des Sud-Américains, les journaux anglais arguant après-match une « violence verbale » . Autrement dit, une insulte… Or, Kreitlein ne parlait pas espagnol. Qui plus est, Rattin, avocat dans le civil et très anglophile, ne se serait pas permis d’insulter l’homme en noir. À l’image, il lui montre son brassard, signe qu’en tant que capitaine, il est habilité à dialoguer avec lui. Rattin en appelle même à un traducteur ! Rien n’y fait : il doit quitter la pelouse. Mais Rattin refuse et il reste de longs instants sur le terrain avant d’être « évacué » par Ken Aston, superviseur des arbitres. Mais au lieu de regagner les vestiaires, le capitaine argentin alla s’asseoir longuement sur la piste de Wembley sous les « Off ! Off ! » ( « Dehors ! » ) des fans anglais… Le jeu mit huit minutes à redémarrer. À onze contre dix, l’Angleterre finira par l’emporter 1-0 grâce à une tête de Hurst à la 78e. Un but toujours contesté par les Argentins pour un hors-jeu probable. À la fin du match, le coach anglais Alf Ramsay qui traita les Argentins d’ « animaux » (une vraie insulte pour le coup, jamais sanctionnée) interdit à ses joueurs d’échanger leurs maillots avec leurs adversaires.

L’Uruguay comme dernière victime

Sans conteste, les Argentins n’étaient pas des anges et pratiquaient un jeu dur. Reste que les Anglais n’étaient pas en reste et qu’il apparut que Mr Kreitlein sortit trois cartons jaunes plus un rouge contre les Argentins et zéro pour les Anglais. Tous les témoignages des joueurs anglais ont attesté qu’ils craignaient les Argentins, sur le papier supérieurs et les plus redoutables adversaires de deuxième partie du tournoi… Même en infériorité numérique, les Gauchos firent quasiment jeu égal avec les Three Lions. Cette expulsion de Rattin était donc plutôt bien tombée. Aux yeux de beaucoup d’observateurs, les suspicions dénonçant un arbitrage-maison s’exacerbèrent alors, surtout après les « anomalies » du premier tour (voir deuxième partie). En tout cas, après le Brésil, l’Argentine était écartée du Mondial. Restait l’Uruguay, dernier adversaire sud-américain redoutable et susceptible d’entraver la marche glorieuse des nations européennes, l’Angleterre la première. Si le score final de 4-0 de la RFA sur l’Uruguay apparaît aujourd’hui sans appel, la réalité sur le terrain fut tout autre. Les Allemands n’inscrivirent leurs trois buts que dans les 20 dernières minutes, après que deux « Charruas » furent exclus, le capitaine Horacio Troche (49e minute), puis Héctor Silva (54e). L’arbitre de la rencontre était effectivement anglais : Mister James Finney… La RFA était certainement supérieure et méritait sa victoire face à des Uruguayens très latteurs, mais la sortie sous escorte policière d’Hector Silva révélait un ras-le-bol un peu paranoïaque mais pas illégitime des Sud-Américains convaincus que le foot européen s’était « ligué » , via les arbitres, contre eux. Et comme d’autres bizarreries, arbitrales ou non, avant ces quarts de finale, avaient émaillé cette Coupe du monde, l’idée d’une compétition « arrangée » en faveur du pays hôte pris encore plus d’épaisseur…

Seeler, photo de la défaite

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