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Messi, le mauvais rêve

Par Pierre Maturana
Messi, le mauvais rêve

Qui aurait pu croire que Lionel Messi galèrerait autant à se mettre au diapason de la Ligue 1 et qui se risquerait vraiment à prédire que l’Argentin ne se réveillera pas ?

Si quelqu’un avait dit début août, lorsqu’il a posé le pied à Paris dans une ambiance d’arrivée de Dieu sur Terre, que Lionel Messi terminerait la première partie de saison avec un minuscule but au compteur, on lui aurait sans doute répondu « mais bien sûr, et la Casa de Papel aura une fin cohérente, la Covid ne passera pas l’hiver et la gentillesse sera la norme sur Twitter ». Ça paraissait impossible. Quand bien même la Pulga aurait eu du mal à apprivoiser le championnat de France, il y aurait eu ici ou là un penalty, un coup franc, un éclair de génie, un deuxième ballon un peu chanceux, une frappe hasardeuse, un adversaire qui se liquéfie et qui lui donne l’occasion de caler un triplé pour gonfler ses statistiques… Mais non, rien de tout ça, que dalle. Juste un petit but, mignon comme tout, contre Nantes, comme il les affectionne : le champ libre, dans l’axe, pas attaqué, aux 25 mètres, enroulé pied gauche, petit filet. S’ajoutent à cet unique petit bijou quatre passes décisives, dont trois contre l’équipe la plus friable de cette saison, Saint-Étienne. Faut le dire comme ça se présente : Lionel Andrés Messi Cuccitini en chie en première division française.

Un bilan peu jojo qui a même quelque peu terni son 9000e Ballon d’or : ses stats en Espagne et sa Copa América faisaient tranquillement passer la pilule jusqu’à la fin des vacances scolaires, mais c’est devenu plus difficile à digérer quand il s’agissait de lui remettre alors qu’il venait de passer trois mois à souffrir face aux défenseurs du cinquième championnat d’Europe. Si le Paris Saint-Germain n’avait pas, cette saison, la force et la faculté de réussir à gagner des matchs mal engagés et souvent indigestes dans le contenu, d’aucuns pourraient facilement s’aventurer à parler de catastrophe industrielle en cours. Ce qui, soit dit en passant, ne serait pas un drame non plus, ça peut arriver de ne pas réussir partout où on passe, de ne pas trouver sa place dans un collectif ou de décevoir les attentes. Mais c’est un autre sujet, revenons-en au terrain.

L’épreuve des poteaux

Au-delà des chiffres, il y a une impression visuelle étonnante, désagréable et tenace depuis que Messi foule les pelouses de l’Hexagone le week-end : tout le monde voit un joueur avec peu d’impact sur le jeu de son équipe, moins impressionnant, moins éclatant qu’à Barcelone, qui fait moins de différences, qui met plus de temps à déclencher une frappe, un dribble ou une passe, un attaquant moins létal au bout des fameuses courses obliques qui ont fait ses heures de gloire et, plus embêtant, un joueur qui rate des choses inhabituelles à son niveau.« Ok, mais il a tiré sur la barre et les poteaux plein de fois ! » lit-on trop souvent… C’est peut-être bien la pire excuse qu’on peut lui trouver, la plus déshonorante pour un joueur qui bataille avec les meilleurs de l’histoire du foot. On peut aussi compter les buts qu’il a marqués avec une barre rentrante ou l’aide du poteau et nuancer son total de pions en carrière, dans ce cas ? Bah non, c’est le jeu ! Qui a décrété qu’un poteau ou une barre aurait fait but ? La physique et la vie sont formelles : s’il avait tiré différemment pour que ça ne finisse pas par toucher les montants, ça aurait pu aller à côté, au-dessus, dans le mur, ça aurait pu être sauvé par le gardien, détourné par le bas d’une cuisse de défenseur, etc. C’est le foot, vous marquez ou vous ne marquez pas.

Jouer « avec » plutôt que jouer « pour »

Au fond, le vrai problème du numéro 30 parisien, ce n’est pas d’avoir fait trembler plus souvent la cage que les filets. Le vrai problème du numéro 30 parisien, en comparaison avec ce qu’il se mettait sous la dent avec le Barça, c’est de se procurer, d’avoir, de ne se créer que (très/trop) peu d’occasions par match. Et de les rater, jusqu’à présent, la plupart du temps. Aujourd’hui, les rencontres où « il en suffit d’une » pour Lionel Messi se font en réalité de plus en plus rares. La mire n’est pas réglée, et peut-être pâtit-il, sans doute, d’une préparation loin d’être optimale entre sa dernière Copa América, son transfert mouvementé et ses adieux – jamais simples – au Barça. Il pourrait aussi être en droit d’attendre que son salut vienne du jeu de son équipe. S’il a certainement compris que ce PSG ne jouerait pas pour lui comme il joue pour un Mbappé irrésistible et comme les Catalans le faisaient, il va bien falloir à un moment que le PSG joue, au moins, avec lui. Et que lui-même s’efforce à se fondre un peu plus dans un onze dont la tactique est difficile à lire et qui n’a bien souvent pour stratégie que de trouver Mbappé. Quitte à se réinventer un peu, voire à faire une croix sur les colonnes de stats pour le bien des Parisiens.

Dry January et réveil en février ?

Bien entendu, comme pour n’importe quel joueur, on peut faire reproche à Messi d’un manque de réussite et s’attendre à ce que le vent tourne en sa faveur, que le cadre se dérobe moins, que le ballon tourne un peu plus, qu’il retombe plus vite, que ses coéquipiers transforment ses quelques offrandes qu’ils ont parfois saccagées en passes décisives… À moins de forcer le parallèle avec son double éternel Cristiano Ronaldo, qui se montre décisif très rapidement à chaque fois qu’il est transféré, il faut évidemment laisser un peu de temps à un joueur, aussi fort soit-il, pour s’acclimater à sa nouvelle vie et son nouveau cadre de travail. Comme tout championnat, la L1 a ses caractéristiques, ses spécificités et ses différences, qu’elles soient physiques, tactiques, techniques, avec les autres ligues.

De plus, dans le bilan certes peu reluisant des débuts de Messi en France, se trouve une bonne louche de choses positives. Pour commencer, il y a une campagne de Ligue des champions parfaitement entamée sur le plan personnel, un vrai bol d’air pour lui : un peu comme Mbappé en L1, Messi a su sortir, par ses cinq buts, dont un golazo déjà culte face à Manchester City, le PSG de situations très délicates dans la majorité des matchs. Il est, grâce à ça, un artisan majeur de la qualification en huitièmes de finale. Puis, malgré tout, sa seule présence et ses prises de balle monopolisent une grosse partie de la vigilance, de l’attention et de la concentration du camp d’en face dès qu’il est aligné. Ce qui, par ruissellement, peut aider sa formation et ses coéquipiers. Enfin, même si la vue d’ensemble est frustrante, le 10 argentin reste toujours capable de fulgurances par moment, de passes aussi douces que tranchantes dont il a le secret, d’accélérations ponctuelles et de feintes à l’ancienne ici et là, par à-coups trop discrets et pas assez fréquents certes… Mais ce sont autant d’éléments qui peuvent aussi nous faire dire que le vrai Messi ne fait que somnoler. Ceci étant, attention : s’il peut se permettre de rater le réveil en Ligue 1 et ne pas faire de ce mauvais rêve une réalité comptable en fin de saison, c’est à la seule condition de ne pas continuer à garder la tête sous l’oreiller quand l’alarme de la Ligue des champions retentira de nouveau dans cette deuxième partie de saison.

Par Pierre Maturana

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