L’Italie envoie ses jeunes au front
Décimé par les blessures et la vieillesse de ses champions du monde, Marcello Lippi a puisé chez les espoirs pour affronter le Monténégro ce week-end et l'Irlande mercredi. A juger sur pièces.
Personne ne connaît Podgorica. C’est pourtant là que les champions du monde italiens vont poser leurs crampons ce soir à 20h45, pour jouer leur cinquième match de qualif’ contre le Monténégro. Le Monténégro, un pays qui a trois ans d’indépendance derrière lui et qui affiche dans son effectif un type du nom de Branko Boskovic, peut-il être pris au sérieux ?
La réponse est oui. Deux matches nuls contre la Bulgarie (2-2) et la République d’Irlande (0-0) plus une courte défaite face à l’Italie (1-2), à Lecce, pour trois matches joués : on a vu démarrage plus dégueulasse. C’est que le Monténégro peut aussi envoyer du lourd. Président de la fédération : Dejan Savicevic, l’ex-plus beau joueur des années 90. Meneur de jeu : Stevan Jovetic, le gars tout en technique de la Fiorentina. Vedette américaine : Mirko Vucinic, le buteur magnifique de l’AS Roma. Autrement, ces noms donnent également une indication du match à venir : ce ne sera pas un derby italo-italien, mais presque.
Bon, et côté azur ? On ne va pas revenir sur les polémiques Amauri et Cassano. On ne va pas s’appesantir non plus sur les blessures à tout va qui frappent la sélection de Marcello Lippi (en vrac : Toni, Gattuso, Gilardino, Camoranesi, Perrotta, Bonera, Aquilani, Leggrotaglie). Mais simplement constater ceci : ayant visiblement compris, après la leçon reçue contre le Brésil à Wembley en début d’année (0-2), que ses vieux champions du monde étaient désormais dépassés, “Il Mister” a décidé de procéder à un grand rajeunissement de printemps.
Pour démarrer, il y a ces trois joueurs appelés pour la première fois : Salavatore Bocchetti, Marco Motta et Giampaolo Pazzini. Les deux premiers sont âgés de 22 ans, jouent respectivement défenseur central au Genoa et arrière latéral à la Roma et figurent parmi les révélations de cette saison de Serie A. Le troisième a 24 ans et il vient juste de contrecarrer son destin d’espoir déchu en quittant son nid florentin pour la Sampdoria de Gênes. Bilan : 8 buts en 7 matches, avec Cassano dans le rôle du passeur de choix. Ils rejoignent les déjà intégrés Chiellini, De Rossi, Aquilani, Pepe et autres Giuseppe Rossi. Sachant que les jeunes Marchisio, Giovinco, De Ceglie, Santon et Paloschi jouent avec les Espoirs, c’est officiel : la Squadra Azzurra ne mourra jamais.
Pour accompagner les juniors, quelques joueurs d’âge intermédiaire refont leur apparition. C’est le cas de Matteo Brighi (Roma), celui de Pasquale Foggia (Lazio), celui aussi d’Alessandro Gamberini (Fiorentina). Des gars dont on sait qu’ils n’exploseront jamais, mais sur qui on peut compter. Après tout, ça sert. La France a bien gagné le Mondial avec Candela, Karembeu, Boghossian et Diomède, et l’Italie a remporté sa dernière Jules Rimet en mettant sur la pelouse Simone Perrotta et Cristian Zaccardo.
Sinon, une dernière curiosité pour finir. Pour se faire le Monténégro et enchaîner l’Irlande mercredi prochain, Lippi mettra Vincenzo Iaquinta au point de pénalty. Iaquinta, ce type au destin contrarié, éternel remplaçant qui sait saisir sa chance quand on la lui donne, avant de revenir prendre place sagement sur son banc. Cette double confrontation peut-elle changer le cours de sa carrière ? Bof, selon lui : « Je ne me sens supérieur ni inférieur à personne » . Nous voilà bien avancés.
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