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L’heure des deuils honteux

Par Thomas Pitrel
L’heure des deuils honteux

Trois jours après la finale perdue par l’équipe de France, la douleur ne s’estompe pas ? Les pensées continuent à tourner dans votre tête, et vous n’osez pas vous exprimer, de peur de passer pour un fou ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.

La Coupe du monde avait huit stades, le deuil en a sept. Le premier, tout le monde y est passé. Le choc. Cette séance de tirs au but expédiée en dix secondes, alors que le match qui l’avait précédée avait semblé s’étirer sur plusieurs années, voire plusieurs vies. Un jour ou l’autre, aussi, tout le monde devra bien atteindre les trois derniers : la résignation, l’acceptation, la reconstruction. Pour certaines et certains, ils sont même arrivés étonnamment vite. Le lendemain, ils se levaient comme si de rien n’était et reprenaient le cours de leur vie, à la grande surprise de celles et ceux qui étaient restés bloqués à l’un ou l’autre des trois autres stades.

D’abord, le déni. On en entend pour qui le match s’est arrêté sur un 3-3, match nul, pas de champion du monde, on ferme les écoutilles et on se retrouve dans trois ans et demi. D’autres se passent en boucle ce mauvais montage qui tourne sur les réseaux sociaux, dans lequel Randal Kolo Muani marque sur sa fameuse frappe de la 123e minute et fait tout basculer. Mais on ne peut pas rester indéfiniment à ce stade. À un moment ou à un autre, il faut passer à la colère et au marchandage, et celui-là est le plus dangereux. Pourquoi ces 80 minutes d’apathie avant de se réveiller ? Un marécage. Pourquoi ce penalty sur Di María et pas sur Thuram ? Des sables mouvants. Pourquoi personne ne dit qu’il y a un hors-jeu de position de Messi sur l’action qui mène au troisième but argentin ? Parfois, on n’en est pas encore vraiment sorti qu’on entre déjà dans le stade central : la douleur et la tristesse.

Ce sont des yeux dans le vide ne regardant rien par la fenêtre du bus qui nous conduit au travail le matin, puis qui nous ramène chez nous le soir, puis qui nous ramène au travail le lendemain. C’est chaque moment où notre esprit est laissé libre qui se remplit d’épais nuages noirs. Ils se concentrent vite puis tourbillonnent en une tornade de pensées sans fil conducteur. Le doigt cassé de Deschamps, les posts de Benzema, ces connards d’intervenants de talk-shows qui racontent n’importe quoi. Avant la finale, on se disait que de toute façon Kylian en vivrait d’autres, mais en vivra-t-il d’autres ? Et nous, en vivrons-nous d’autres ? On pense à l’Angleterre, à ses 60 ans sans finale. On pense que la France a mis 68 ans avant d’en vivre une. On pense que Griezmann, Giroud, Varane ne sont pas éternels. On pense à Tchouaméni, à Coman et à Lloris. Et on repense à Randal. Putain, Randal…

Et puis, on a honte. Forcément. Parce que « ce n’est que du football » et parce qu’ « il y a des trucs plus graves dans la vie » . On sait bien que c’est vrai, mais on sait aussi que c’est faux. La colère et la tristesse sont bien là, après tout, qu’y peut-on ? C’est donc l’heure des deuils honteux. Ceux que l’on cache. Comme au temps des chagrins d’amour d’enfant, on en parle aux copains, mais pas aux adultes, qui riraient de nos émois précoces, forcément moins graves que les vraies passions de grande personne. On se demande combien de temps il va falloir vivre avec ce bruit de fond. Trois jours après, ça ne passe toujours pas. C’était aussi long en 2016 ? En 2006 ? Ne reste qu’une solution pour en sortir par le haut : rester dignes. Oublier le déni, étouffer le marchandage. S’élever au-dessus de ceux qui perdent avec le seum et de ceux qui gagnent sans classe. Transformer la douleur en expérience. Remonter dans le bus, regarder par la fenêtre. L’horizon. C’est sûr, on en vivra d’autres.

Par Thomas Pitrel

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