L’Espagne, sans forcer
L'Espagne a gagné son dixième match consécutif, un record historique au pays du tiki taka. La Roja ne perd plus depuis trente rencontres, et si elle ne perd pas mercredi en Turquie, elle égalera la performance de la Seleccion dirigée alors par l'infâme Javier Clemente. Casillas, le capitaine de la Roja, a lui aussi égalé le nombre de sélections de Fernando Hierro et explosera sûrement le record de 126 capes d'un autre gardien de but tragi-mythique, si tout se passe bien : celui de Zubizarreta. Les champions d'Europe continuent donc de soigner leurs stats, même si leur match de samedi contre les Turcs a été leur plus mauvais depuis des mois.
Le Bernabeu semble maudit. Le Real y joue mal et l’Espagne a fait comme les Merengues : gagner sans convaincre. Effrayés par des Turcs bien en place et pratiquant un pressing constant sur le porteur du ballon, les créateurs espagnols ne se sont jamais sentis à l’aise sur le terrain. Troisièmes du dernier Euro, les Ottomans n’ont rien perdu de leur grinta. Fatih Terim a fait de cette équipe une sorte de Liverpool des sélections : Un bloc ultra–compact, énervant, pas très esthétique, mais terriblement efficace. Ne leur manque plus qu’un Gerrard ou un Torres. Et un grand gardien.
Les premiers à tirer sont les Turcs : Nihat, Semih Senturk et Tuncay Sanli obligent Casillas à se détendre. Le silence du public en dit long. Les champions d’Europe sont dominés et battus par la fougue turque. La seule frappe cadrée côté ibérique est l’œuvre de Torres à la 42ème minute. Villa, revenu de blessure, ne propose rien, ni aux spectateurs, ni à ses coéquipiers. Le 4-3-1-2 de Del Bosque est inoffensif. Les attaques, lentes et stéréotypées. Bref, le manque de jeu sur les côtés se fait cruellement ressentir. Tout comme l’absence d’Iniesta. Cazorla, chargé de le remplacer dans un poste d’électron libre, ne trouve pas ses marques sur le terrain. Seul Sergio Ramos, le meilleur joueur du match, réussit à poser des problèmes à la défense de Terim par ses montées incessantes. Fin de la première mi-temps.
L’Espagne attaque bien sa deuxième période. Mieux en tout cas que la première. Les Turcs courent toujours autant, mais la fluidité et la rapidité dans les passes de l’Ibére-nation imprime un rythme beaucoup plus élevé. A la 60eme minute, le Bernabeu respire enfin sur un coup franc de Xavi, mal repris par Ramos mais qui profite à Piqué qui marque, seul, l’unique but du match. Le défenseur du Barça, pour sa première sélection en match officiel, ne pouvait pas rêver meilleure entrée. Soulagé par l’avantage, Del Bosque remplace illico Villa par Silva. L’Espagne reprend une configuration plus classique, le 4-1-4-1, qui lui permet de gérer le match tranquillement sans se faire inquiéter.
Cinq matchs et autant de victoires. Six points d’avance sur la « terrible Bosnie » . L’Espagne, qu’elle joue bien ou pas, enchaîne les victoires et prend confiance. La Roja est presque en Afrique du Sud, et ce ne sera pour faire du tourisme.
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