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Le Portugal pas d’attaque

Par William Pereira
4 minutes
Le Portugal pas d’attaque

Après sa défaite contre l'Allemagne, le Portugal doit absolument gagner contre le Danemark au risque d'y laisser sa peau. Une mission qui s'annonce difficile face à une défense scandinave affûtée. Surtout que les Portugais sont à la peine devant.

Le Portugal est déjà dos au mur. C’était prévisible. Autant que la hausse du niveau de jeu des hommes de Paulo Bento à l’occasion de leur entrée en matière face à l’Allemagne. Certaines incertitudes ont été effacées, d’autres non. De la défaite contre la Mannschaft, on aura appris que la plus mauvaise défense des éliminatoires présente en Pologne-Ukraine est capable de tenir la baraque derrière et au milieu face à l’un des plus grands favoris. Pas mal. Pepe, Bruno Alves, Coentrão, Veloso et Meireles ont fait preuve d’une science du tacle et du repliement défensif difficilement égalable par moments. Mais c’est tout. Devant, la Selecção das quinasen reste toujours à un but inscrit en 2012…

Du neuf chez les neufs ?

Et à y voir de plus près, les seuls Lusitaniens qui ont failli sauver leur bateau du naufrage sont un défenseur central schizophrène, un ailier qui change de coupe de cheveux à la mi-temps ainsi que Nani et Silvestre Varela, auteur d’un raté à l’image de sa saison avec Porto. Mais, en aucun cas, il n’est question d’attaquant ni de buteur. Le pauvre Hélder Postiga est passé pour un con à la pointe du dispositif de Bento. Chaque ballon qu’il touchait se transformait en dribble manqué ou en passe pour la défense allemande. Avec lui sur le terrain, le Portugal a joué à dix contre l’Allemagne. Ronaldo et Nani pouvaient lui distiller des centres parfaits qu’il n’y aurait jamais personne dans la surface pour les récupérer. Postiga est certes le meilleur buteur sous l’ère Bento, mais face aux grandes équipes, il a très rarement été capable de faire le poids, ces dernières années. Et même s’il était aussi lourd que Gignac, ça ne changerait pas.

La preuve, Hugo Almeida, plus grand de deux têtes et plus costaud aussi, ne vaut pas forcément mieux que son camarade, car, jusqu’ici, il n’a pas prouvé grand-chose en club et en équipe nationale depuis son pétard monumental face à l’Inter en 2005. Contre la Mannschaft, il n’a pas pu jouer, à cause d’une sale grippe. À sa place, une lueur d’espoir s’est immiscée dans le onze portugais, Nélson Oliveira. Critiqué par ses supporters pour ne pas l’avoir utilisé pendant les matchs de préparation, Paulo Bento a, cette fois-ci, été contraint de lancer le jeune de Benfica, à qui un bel avenir semble promis. Pour le peu de temps qu’il a joué, il s’est montré plus utile que Postiga pendant plus d’une heure et aurait même pu se transformer en passeur décisif si Varela avait fini le taff sans trembler.

Tireurs d’élite

C’est irréaliste, mais les Portugais s’accrochent à l’espoir qu’Oliveira se mue en révélation de l’Euro, comme Coentrão fut celle du Mondial 2010. C’est dire dans quel état se trouve le secteur offensif lusitanien à l’orée de son affrontement déjà crucial avec le Danemark. Car rejeter la faute sur les seuls attaquants de pointe reviendrait à nier un mal inédit pour la Selecção, à savoir le faible nombre de tentatives de frappe des milieux et des ailiers en dehors de la surface. Ce qui est doublement paradoxal quand on sait que le Portugal est un pays réputé pour avoir des joueurs capables de décocher des obus de 30 mètres depuis de nombreuses années, et qu’en plus, c’est toujours le cas aujourd’hui. Certes, avant, il y avait des Figo, Rui Costa, Maniche, Deco… mais aujourd’hui, Paulo Bento dispose également de très bons tireurs d’élite comme Cristiano Ronaldo, Nani, Miguel Veloso ainsi que Raul Meireles.

Certes, Ronaldo est marqué de très près par les défenses adverses, mais n’est-ce déjà pas le cas au Real Madrid, où il n’hésite pas à tenter de loin ? CR7 est passé de la ridicule habitude de tirer dès les 40 mètres, à celle de ne quasiment jamais frapper. Nani, lui aussi, est bien plus timide qu’à Manchester, même s’il évolue plus comme un 7 traditionnel, à la Figo. Enfin, rien n’empêche Raul Meireles de prendre le ballon et de coller une mine comme avec Chelsea contre Benfica. C’est aussi valable pour Veloso et son pied gauche non moins dangereux. Si les milieux offensifs cessent, eux aussi, de se créer des opportunités, les risques de garder le compteur bloqué à zéro d’ici la fin des phases de poules sont réels. Parce qu’à jouer aussi prudemment que face à l’Allemagne, les joueurs portugais les plus menaçants offensivement resteront Ronaldo, Pepe et Bruno Alves, grâce à leur jeu de tête. Finalement, c’était pas si naze d’avoir Pauleta en attaque…

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Par William Pereira

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