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Le Mondial des femmes

Par Maxime Brigand, à Saint-Pétersbourg
4 minutes
Le Mondial des femmes

Après quatorze jours de compétition, la Coupe du monde tient déjà une victoire : avoir réussi l’exploit de ramener les femmes russes dans les stades de foot. Mais aussi les Iraniennes et bien d’autres.

Le rire est gras, argentin, et perce le calme matinal qui berce la terrasse d’un café posé au bord du jardin d’Alexandre, à Saint-Pétersbourg. Instant poésie : « Putain, j’espère que Sampaoli va se bouger le cul. Y en a marre de ses discours sur le cœur, sur les couilles des gars. Maintenant, faut qu’on voit du foot, laconcha de la madre! » Là, Neolina, 37 ans et un marmot sur les genoux, tique, puis finit par sourire. Avant la Coupe du monde, cette employée d’un H&M de la ville n’avait jamais mis les pieds dans un stade et ne s’intéressait même pas vraiment au foot. « C’est cool de voir de nouvelles têtes, confie-t-elle. D’habitude, le football est un truc que je regarde un peu de travers, et un match de championnat, ici, ça ne fait pas vraiment envie, hein. Tu aurais envie d’aller voir un Zénith-Amkar Perm, toi ? » Pas sûr, même si l’immense Dmitri Khomich se pointe sur le terrain.

Il y a une semaine, pourtant, Neolina a reçu un carton d’invitation de la part d’une amie qui avait le droit à un +1 pour une soirée un peu spéciale : un Russie-Égypte, au stade Krestovski. Allez, pourquoi pas : « J’avais quand même envie de voir l’ambiance et à quoi pouvait bien ressembler un match de Coupe du monde. Puis, laSbornayaa gagné, donc c’était sympa. Je pense que pas mal de femmes du pays se sont retrouvées dans mon cas. » Soit la découverte d’un monde que les femmes russes connaissaient mal, qu’elles aimaient alimenter de doux clichés sur la violence et le salaire trop élevé des footeux. Aujourd’hui, Neolina tient une conversation sur ce petit génie qu’est Aleksandr Golovin et n’hésite pas à vanner la troupe de supporters de l’Albiceleste : « Alors, Messi ciao, Messi ciao ? » Un Mondial peut bien changer deux-trois choses dans une vie.

Tribunes mixtes

La preuve : le 15 juin dernier, c’est ce qu’il a fait pour de nombreuses femmes iraniennes lors d’un Maroc-Iran, joué à Saint-Pétersbourg, qui restera historique bien au-delà du gazon. Perché sur les hauteurs du Krestovski, il fallait être aveugle pour ne pas voir le stade se transformer en terrain de révolte. Une pancarte a notamment accroché les yeux : « #NoBan4Women SUPPORT IRANIAN WOMEN TO ATTEND STADIUMS« . Oui : alors qu’elles sont interdites d’accès aux matchs de foot dans leur pays, par peur de « l’atmosphère vulgaire » , des supportrices iraniennes ont pu s’installer sur un siège et assister à la victoire de la Team Melli à la dernière minute. L’histoire a tout bousculé, et le 20 juin dernier, des centaines d’Iraniennes ont pu assister à la défaite de leur équipe face à l’Espagne (0-1) au milieu du stade Azadi de Téhéran. Incroyable, mais « temporaire » comme l’avançait, blasée, mais fière, une supportrice croisée à Saint-Pétersbourg il y a quelques jours.

Une bonne nouvelle dans tout ça : si cette Coupe du monde ouvre les Russes eux-mêmes à de nouvelles cultures, elle aura donc aussi permis aux femmes du pays de rencontrer le foot. Assis dans la ligne 3 du métro aux côtés de sa femme, Mikhaïl se satisfait de la chose : « Pour la première fois de ma vie, j’ai pu aller au stade en couple, c’est une nouveauté. Et c’est autre chose que le ciné ! Là, ma femme semble même partante pour s’abonner avec moi pour la prochaine saison du Zénith. » Madame acquiesce alors que derrière, une troupe de supporters nigérians se prépare à sortir de la rame pour foncer vers le Krestovski. Maillot des Super Eagles sur le dos, Hellen a fait le voyage de Volgograd, où le Nigeria a battu l’Islande vendredi dernier, à Saint-Pétersbourg en train : « On se sent en sécurité, et durant la Coupe du monde, j’ai l’impression que tout s’efface : les différences, la couleur de peau, le sexe… On est tous là pour défendre notre nation et on gardera un putain de bon souvenir de cette compétition. » Pour elle, c’est déjà l’heure de compiler les souvenirs.

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