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La bonne étoile de David Neres

Par Antoine Donnarieix
La bonne étoile de David Neres

Révélation de cette saison au cœur de l’Ajax Amsterdam, David Neres s’est dévoilé aux yeux du monde au meilleur des moments possibles, à savoir avant une compétition internationale majeure organisée par son propre pays. Membre des 23 Brésiliens sélectionnés pour la Copa América, l'ailier de 22 ans fait partie de ces joueurs qui doivent profiter de l'absence de Neymar. Dès cette nuit à São Paulo lors du match d'ouverture face à la Bolivie (2h30 heure française).

Parfois, une statistique suffit à comprendre la dynamique d’une sélection nationale. Au total, 1462 jours séparent la rencontre entre le Brésil et le Honduras du 9 juin 2015 et celle du 11 juin 2019. À chaque fois, les deux matchs se sont produits dans l’optique de se préparer à quelques jours d’une future Copa América. En revanche, les scores de chaque rencontre sont radicalement différents, puisque la Seleção s’était imposée sur un score étriqué en 2015 (1-0), tandis que l’affiche de 2019 vient d’offrir une véritable démonstration de force de la Canarinha contre une équipe hondurienne complètement dépassée (7-0). Dans ce florilège de buts, David Neres Campos est parvenu à ouvrir son compteur personnel avec l’équipe nationale. C’était sa troisième sélection, et ce ne sera assurément pas la dernière.

Antidote à la saudade Neymar

Avec le numéro 7 dans le dos, l’ailier du 4-2-3-1 concocté par Tite sait que cette Copa América constitue une belle carte à jouer pour son avenir. De fait, ses premières sensations au sein de l’armada brésilienne se sont avérées plutôt bonnes : d’abord, une passe décisive à destination de Gabriel Jesús pour fêter sa première cape en mars dernier, et ce, seulement vingt minutes après son entrée contre la Tchéquie (3-1). Ensuite, une demi-heure de jeu lors de la victoire face au Qatar pour se remettre en jambes (2-0) et enfin une première titularisation chez les Auriverdes auréolée d’un but dans le pur style du joueur : une accélération foudroyante en contre après une passe en profondeur de Filipe Luís depuis l’aile gauche, un deuxième coup de rein pour se défaire de son vis-à-vis hondurien puis une frappe limpide de l’extérieur du pied, histoire de donner à la victoire face au Honduras des allures de claque (5-0, 56e). Le tout en donnant l’impression d’en garder sous la semelle à quelques jours de la Copa América.

Fortement apprécié par Tite pour ses qualités de vitesse et de dribbles, Neres profite actuellement de l’adage selon lequel le malheur des uns fait le bonheur des autres. Forfait pour le tournoi à la suite d’une blessure à la cheville droite nécessitant quatre semaines de repos, Neymar va devoir assister à la compétition depuis les tribunes présidentielles, où il aura tout le temps d’observer les performances de Neres, inspiré par le parcours de celui qu’il considère comme une « idole » . En l’absence du Ney contre le Honduras, le boss auriverde plaçait Philippe Coutinho en meneur de jeu derrière la pointe Gabriel Jesús, laissant le soin aux deux fusées Richarlison et Neres de combiner avec leurs défenseurs latéraux dans les couloirs. Une ode à un football vivant et attractif dans lequel la pépite de l’Ajax Amsterdam trouve parfaitement sa place, puisque le système préférentiel d’Erik ten Hag cette saison était le 4-2-3-1. Hasard ou non, les statistiques de Neres dans ce domaine reflètent une certaine aisance avec 12 buts et 15 passes décisives en 50 matchs toutes compétitions confondues cette saison. Costaud.

La dernière séance de Chapecoense

Avant d’éclabousser l’Eredivisie de son talent, Neres a connu une formation au football brésilien dès ses 10 ans chez l’un des mastodontes du championnat local : le FC São Paulo. Élu meilleur joueur du Mondial U20 en 2015, le talent brut s’est vite retrouvé à devoir traverser l’Atlantique, ne jouant que huit petits matchs sous la tunique paulista malgré la forte affection de son père pour le club. Huit matchs, dont une défaite en déplacement à Chapecoense le 20 novembre 2016 (2-0). Huit jours plus tard, l’avion transportant les joueurs de Chapeco s’écrase aux alentours de Medellín, faisant état de 71 morts et 6 blessés graves. Sans être directement touché par la tragédie, Neres semble pourtant prêt à affronter tout type de situation liée à son sport. « Peu avant son premier match chez les professionnels, je lui ai demandé s’il se sentait prêt, expliquait Marco Aurélio Cunha, le directeur du centre de formation du FC São Paulo, au site de l’UEFA. Il m’a tout simplement répondu : « Ne vous en faites pas, j’ai toujours été prêt. » Cette réponse démontrait toute sa personnalité : David est quelqu’un de très tranquille, mais conscient de ses responsabilités. » Voilà sans doute la philosophie adéquate pour participer au triomphe du Brésil, qui n’a plus soulevé de Copa América depuis 2007.

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