Juve-Inter, déprime à Turin
C'est un sommet, mais un sommet tronqué : le Juventus-Inter de ce soir ne changera rien aux positions du championnat italien. Gagnant, Mourinho. Perdant, Ranieri. Requiem d'une saison frustrante.
C’est Cobolli Gigli, le président de la Juventus, qui cause : « Oui, ce match est très important, et oui, il faut le gagner. Ne serait-ce que pour une question d’orgueil et d’honneur, car il sera très suivi » . Quand une équipe en vient à vouloir gagner « pour l’orgueil et l’honneur » , c’est souvent mauvais signe. C’est pourtant ce qui arrive aujourd’hui à la Juve, qui reçoit l’Inter Milan à Turin avec une seconde place au classement et un retard irrécupérable de 10 points. 10 points d’écart et une deuxième place ? Pas dégueu, a priori. Sauf que 10 points à 7 journées de la fin, quand on est la Juventus, c’est trop.
Où s’est fait l’écart ? Au match aller, perdu 1-0 un peu bêtement. Lors de tout le reste de la saison aussi, comme l’admet Cobolli : « Sans doute s’est on trop focalisés sur l’Inter. On pensait qu’il suffirait de les battre deux fois pour les dépasser. Quitte à croire que les autres matches étaient déjà gagnés d’avance. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche » . Il y a de ça, effectivement. Quand la Juve se fait accrocher par le Chievo et finit par concéder le nul 3-3, l’Inter, lui, s’impose. Salement, difficilement, mais il s’impose 4-2 au finish. Exemple parmi d’autres d’une année où les valeurs des deux clubs semblent s’être inversées entre l’ex équipe qui gagnait tout sans rien mériter, et celle qui s’écroulait quand elle avait le monde entre ses mains.
Mais au final, la différence était déjà faite avant même que la saison ne commence. Côté mercato, le Juve de Ranieri n’a pas cru bon l’été dernier de faire venir un seul grand joueur, préférant miser sur des types intermédiaires du genre Poulsen ou Mellberg. Erreur, évidemment : Benitez, qui pratique le même genre de laideur à Liverpool, prend soin d’emballer le tout d’un Torres ou d’un Gerrard.
Résultat, une saison frustrante. Pas mal, sans plus. Des jeunes qui poussent, de l’enthousiasme, des résurrections, OK, Marchisio, Giovinco, De Ceglie, un beau combat contre Chelsea, les coups francs de Del Piero, OK. Mais bon. Personne n’étant disponible côté Juve, c’est José Mourinho qui assassine lucidement : « Sur le plan des phrases, la Juventus a fait un grande année. Ils ont commencé la saison en disant vouloir gagner le scudetto, puis ils ont dit qu’ils étaient finalement plutôt faits pour la Champion’s League, et enfin ils ont annoncé qu’ils allaient revenir sur l’Inter. Aujourd’hui, il leur reste la Coupe d’Italie » . Et encore : pour espérer remporter la coupette, il faudra passer sur le corps de la méchante Lazio.
Que la Juve batte l’Inter ou non ce soir, qu’elle empoche ou non la Coupe d’Italie, ce sera de toute façon grande lessive cet été. Trezeguet est mal barré, Diego, Silva et n’importe quel crack capable de faire du jeu espérés, et Ranieri menacé. A sa place, Spalletti de la Roma et Gasperini du Genoa seraient pressentis. Folklore ou réalité ? Ranieri hausse les épaules : « Depuis que je suis arrivé, ça fait la cinquième fois qu’on m’annonce dehors. Je pense qu’il est un peu exagéré de demander ma tête dès qu’on perd un point. Pour ce qui me regarde, j’étais tranquille hier, je suis tranquille aujourd’hui. Et puis bon, ça m’arrivera bien un jour de me faire chasser. C’est la vie » .
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