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Jorge Valdivia, le magicien dose

Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile
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Jorge Valdivia, le magicien dose

Auteur d'une partition exceptionnelle contre la Bolivie, Jorge Valdivia s'est imposé comme un titulaire indiscutable de la Roja. Le numéro dix chilien a enfin résolu le dilemme qui l'empêchait d'évoluer dans le système de Jorge Sampaoli. Il sait désormais courir et penser.

Sacrifié sur l’autel d’un schéma de jeu porté sur la condition physique, Jorge Valdivia a vu le Mondial depuis les bancs brésiliens. En conflit avec l’entraîneur argentin, « El Mago » avait même annoncé sa retraite internationale. Aujourd’hui, le fragile physique du magicien vacillant n’est plus qu’un mauvais souvenir. Alors, Valdivia a décidé de se revêtir de rouge. Surtout, le numéro dix chilien a décidé d’exhumer le don d’ubiquité qui fait de lui l’un des derniers enganches (meneur de jeu qui évolue entre le milieu et la défense adverse) du continent latino-américain. Aussi, le joueur en fin de contrat à Palmeiras (coucou la Ligue 1) a un temps mis de côté son goût de la polémique extra-sportive. À la fin du match contre la Bolivie (gagné cinq à zéro par le Chili), Jorge Valdivia s’est même emporté contre un journaliste, qui affirmait qu’il était avec Vidal le soir de l’accident : « J’ai payé pour mes péchés. J’essaie de m’entraîner, de toujours rester silencieux, laissez-moi tranquille. » Bienvenue dans la vie d’un numéro dix, éternellement condamné à prouver.

Une nouvelle rigueur tactique

À 31 ans, Valdivia a vu en cette Copa América l’un des plus grands défis de sa carrière. L’homme qui n’a jamais ébloui les publics européens de son talent a lutté plus de quatre mois pour récupérer d’une blessure, et gagner les faveurs d’un Sampaoli, enfin décidé à privilégier la clairvoyance d’un milieu de terrain capable de créer et de trouver des espaces, plutôt qu’à la rigidité tactique d’un milieu défensif plus porté sur le sacrifice. Vendredi soir, contre la Bolivie, Valdivia a offert un récital d’élasticité, se baladant entre les lignes du tapis rouge déroulé à l’hôte de la compétition par des timides Boliviens déjà qualifiés pour les quarts de finale. Résultat : deux passes décisives (dont une merveille pour l’improbable buteur Gary Medel), une flopée de dribbles réussis, et quarante-six passes distillées dans le camp adverse.

Mais surtout, ce match a couronné un nouveau Valdivia. Après un match amical de préparation contre le Salvador, Jorge Sampaoli affirmait : « C’est lui qui déterminera s’il peut jouer tous les matchs. On aura besoin de lui lors des rencontres fermées de la Copa. » Un revirement du disciple de Bielsa, qui avait titularisé Valdivia à une seule reprise lors du Mondial, face à l’Australie. Désormais, Valdivia mènera le toque chilien, même lors des matchs à qualification directe. Et ce, grâce à la rigueur tactique et surtout physique que le « Mago » a acquise. Alexis Sánchez peut en témoigner : « Il est motivé, plein d’envie. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Il reste à l’entraînement pour travailler. » Et d’ajouter : « On dirait moi, il court partout. » Cette constance physique, chère à Sampaoli, ne l’empêche pas de résoudre le sempiternel dilemme du numéro dix : être mobile tout le temps, ou se préserver pour surgir le moment venu. Contre la Bolivie, Valdivia s’est imposé comme le vecteur du jeu chilien, mais aussi comme le protecteur de balle attitré de la Roja. À l’instar de Messi avec l’Argentine, les Chiliens confient le cuir à Valdivia chaque fois que les solutions sont moindres, et que la pression adverse se fait sentir. Le natif de Maracay – au Venezuela – a couvert tout le terrain, combinant principalement avec ses compères du milieu que sont Díaz, Aránguiz et Vidal. En quarts de finale, le Chili va affronter une sélection uruguayenne solide, mais peu inspirée depuis le début de la Copa América. Un défi de plus pour Valdivia, qui devra lutter pour détruire le robuste bloc défensif de la Celeste.

La coqueluche du public

Aujourd’hui, Valdivia n’est plus l’homme accroc à la boisson, accusé d’abus sexuels, et joueur indiscipliné qu’il a souvent été tout au long de sa carrière. Aujourd’hui, il est le cerveau choisi par Jorge Sampaoli – devant Matías Fernández ou David Pizzaro – chargé d’offrir à Sánchez, Vargas et aux amoureux du football, des éclairs de génie qu’ils transformeront en but, ou en soupir d’admiration. Souvent critiqué pour ces écarts de conduite, Valdivia a gagné le cœur du public chilien lors de cette phase de poules. Vendredi, les 47 000 âmes de l’Estadio Nacional se sont empressées d’accorder la rédemption à l’accidenté Arturo Vidal. Mais surtout, les supporters chiliens ont ovationné leur numéro dix sur chaque caresse de balle. Le Chili pardonne toujours à Valdivia. En échange, tout un pays dépose entre les pieds du magicien l’espoir d’une passe millimétrée qui pourra changer le cours d’un match. Ou de l’histoire.

Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile

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