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Finale de Coupe du monde Argentine-France : Les Bleus maîtrisent aussi l’art de la défaite

Par Jérémie Baron
Finale de Coupe du monde Argentine-France : Les Bleus maîtrisent aussi l’art de la défaite

Cette finale de Mondial d'anthologie face à l'Argentine restera un nouveau traumatisme pour les supporters de l'équipe de France. Mais aussi un souvenir fou à ranger dans la boîte à souvenirs. Car quand ils tombent sur la plus haute marche, les Bleus le font toujours avec panache et en offrant beaucoup de frissons.

De toutes les finales de grandes compétitions que l’équipe de France de football a eu l’honneur de disputer, celle de 2022 était peut-être, sur le papier, la moins excitante de toutes pour le peuple bleu-blanc-rouge : un Mondial au Qatar disputé au-dessus d’un cimetière de migrants népalais, regardé depuis l’Hexagone dans le froid du mois de décembre avec un plaid et une bouillotte, l’ombre du boycott qui continuait de planer timidement ici et là, une FFF en plein marasme, une équipe de France privée du Ballon d’or 2022, décimée et atteinte d’un virus, le souvenir du sacre de 2018 qui rendait l’hypothèse d’un nouvelle victoire immédiate moins enivrante… Et pourtant. Apathiques pendant 79 minutes, les Tricolores ont tout de même réussi à faire de cette finale de Coupe du monde l’une des plus belles de toute l’histoire. Et à faire de cette défaite – au terme de ce scénario homérique – un vrai gros chagrin, qui est venu nous rappeler – s’il le fallait – les états dans lesquels peuvent nous mettre ce genre de compétition.

Kolo Muani a marqué un but, mais Martínez l’a arrêté

Paradoxalement, cet Argentine-France 2022 aura été finalement plus intense que le France-Croatie 2018, où le suspense n’aura duré que dix minutes et les palpitations n’auront pas été aussi fortes qu’entre 17h30 et 19h ce dimanche. Une habitude pour cette sélection, qui a vécu des traumatismes anthologiques en 1982 (demi-finale de Coupe du monde contre la RFA), 2006 (finale mondiale face à l’Italie), 2016 (finale de l’Euro contre le Portugal) voire même 2021 (huitièmes de l’Euro face à la Suisse) et s’en est souvent nourrie pour faire de grandes choses par la suite. Si l’équipe de France a horreur de la défaite et a élevé le succès au rang d’art sous les ordres de Didier Deschamps, elle montre aussi qu’elle sait perdre avec brio. Ou plutôt, qu’elle ne sait pas s’incliner sans offrir la dose de romantisme qui amènera ses supporters à tout narrer, vingt ans plus tard, avec la gorge nouée, mais la fierté de l’avoir vécu. Comme pour rappeler que ce pays est celui qui a vu naître Raymond Poulidor.

À chaque drame son image. Il y avait eu l’attentat d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston et le tir au but raté de Maxime Bossis à Séville, la claquette de Gianluigi Buffon devant Zinédine Zidane puis le coup de boule de ce dernier sur Marco Materazzi à Berlin, ou encore la frappe d’André-Pierre Gignac s’écrasant sur le montant de Rui Patrício à quelques minutes de la prolongation au Stade de France, avant qu’Éder n’éteigne la lumière ; désormais, il y aura aussi ce but que Randal Kolo Muani était tout proche d’inscrire à la 124e minute d’une finale de Coupe du monde à Doha, mais que ce fou furieux d’Emiliano Martínez a arrêté.

On le sait : les supporters des Bleus sont gâtés depuis la fin du siècle dernier, avec six finales en 24 ans, dont quatre de Coupe du monde. Mais la génération du nouveau millénaire sera aussi celle qui aura vécu deux défaites mythiques aux tirs au but sur la plus haute marche du monde à l’issue de duels couperets, traumatisme ultime. L’histoire est cynique : avec l’équipe de France, on semble plus frémir dans la défaite que dans la victoire (en Coupe du monde, les deux sacres l’ont d’ailleurs été par plusieurs buts d’écart), peut-être aussi parce qu’elle est souvent la sélection à abattre et que cette mission relève de l’exploit pour ceux qui lui font face. En 1982, il fallait vaincre Michel Platini. En 2006, mettre fin au règne de Zinédine Zidane. En 2022, triompher de Kylian Mbappé est devenu un accomplissement. Et ce dernier est sans doute le symbole ultime. Mettre un triplé en finale d’un Mondial et repartir avec la médaille d’argent : un échec a-t-il déjà été aussi beau ?

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