Fener-Galatasaray : un enterrement de 1ere classe
Un bon derby turc finit toujours par une bonne grosse baston générale. Le Galatasaray-Fenerbahçe de ce dimanche Pascal n'a pas failli à la règle.
Les deux équipes stambouliotes avaient pourtant débuté la rencontre sous les meilleurs auspices : accolades et échanges de smacks (si, si) sous l’oeil avisé de l’arbitre ; deux minutes de silence à la file (en hommage aux deux soldats turcs assassinés par des terroristes deux jours plus tôt, avec en suivant une sonnerie aux morts qui ébranla les 26 000 spectateurs du stade Ali Sami Yen).
L’enjeu était de taille : la victoire et rien d’autre. La veille, Sivasspor (56 pts), l’improbable leader de la Ligue, avait encore gagné (victoire contre Antalyaspor (1/0) tout comme ses deux poursuivants immédiats, le Besiktas (55 pts) d’Edouard Cissé (qui s’est imposé a Kocaelispor (3/1), et Trazbonspor (50 pts), vainqueur chez la lanterne rouge, Hacettepe (4/1).
Autant dire que la défaite était interdite hier soir et qu’un match nul ferait le jeu de la concurrence… à sept journées de la fin. Cinq heures avant le début du “zirvest derbi”, les fans des Cimbon chantaient déja dans les tribunes sur la B.O de Conan le barbare ou sur… Boney M (Daddy Cool).
Comme on n’est pas tout a fait en Europe, on peut même fumer dans les bars et dans la tribune de presse. Grand luxe. Comme prévu, ce Galatasaray-Fenerbahçe fut âpre, cadenassé, rongé par l’enjeu et sans réelles occasions franches. En tribunes, en revanche, le spectacle valait le détour avec le pogo et les chants des 2000 fans des Canaris, cloîtrés dans un coin du vétuste et champêtre stade du champion de Turquie (1). L’issue -un nul forcément sans but- semblait inéluctable depuis l’entame.
Dans cette rencontre plutôt morne, un homme survola les débats de sa fantastique patte gauche, Emre Belözoglu. Sifflé à chaque prise de balle par ses anciens supporters, l’ancien joueur de l’Inter ou de Newcastle et meneur de jeu de Fenerbahçe a tout tenté pour faire basculer la rencontre.
A mesure que la rencontre avançait, l’état de nervosité des joueurs comme du public grimpait de quelques degrés. Arc-boutés sur la tribune latérale qui fait face a la présidentielle, les supporters des Lions allument des braseros (en une splendide chorégraphie) et n’oublient pas de fustiger Roberto Carlos, coupable à leurs yeux de plonger systématiquement pour chercher des coup-francs dangereux (qu’il ne manquait pas d’expédier avec une belle constance dans les nuages).
Bülent Korkmaz, stratège surprenant de Galatasaray, décida de faire entrer Shabani Nonda alors qu’il ne restait que trois minutes d’arrêts de jeu a disputer et que son equipe pateaugeait depuis une bonne vingtaine de minutes. Drôle d’idée donc qui vira carrément au ridicule lorsqu’un bon pugilat des familles abrégea la rencontre : l’allumeur de mêche s’appellait, une nouvelle fois, Lugano, faucheur uruguayen certifié de la défense de Fenerbahçe, défendu pour le coup par son coéquipier Semih, ce qui eu le don d’ulcérer son adversaire du jour et coéquipier en selectýon, Arda.
Les quiches se sont donc mis à pleuvoir comme à Gravelotte, ne laissant d’autre choix à l’arbitre que de sortir quatre cartons rouges à la suite. Deux par équipe. Triste fin de match qu’Harry Kewell, l’ancien ailier de Leeds et de Liverpool, avisait d’un coin des vestiaires, incrédule. Une fin de soirée crépusculaire qui sentait déjà l’enterrement de première classe. Pendant de temps-la, les fans de Sivasspor font des provisions de raki…
(1) : Le nouveau stade de Galatasaray – Aslan Tepe (et Türk Telecom a partýr de 2010) ouvrýra ses portes fýn octobre 2009.Mehmet Aldean/ Ricoðlü Rizzitegün
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