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Fekir, les raisons de la colère

Par Antoine Donnarieix
5 minutes
Fekir, les raisons de la colère

Ce week-end contre l’Athletic Club, Nabil Fekir a reçu son deuxième carton rouge direct de la saison. Régulièrement provoqué par ses adversaires depuis son arrivée au Betis, l’ancien capitaine de l’OL traverse une période plus délicate à gérer sur le plan disciplinaire. Mais faut-il s’en inquiéter pour autant ?

« Si vous voulez voir du spectacle, allez au cirque. » En une phrase, Pablo Correa a placé le football dans la catégorie des disciplines où l’émotion n’aurait pas sa place. Dès lors, l’ex-entraîneur de l’AS Nancy-Lorraine n’aurait sans doute pas apprécié la scène jouée dimanche dernier au Benito-Villamarín. Sur le flanc gauche, Nabil Fekir reçoit une ouverture de William Carvalho dans les pieds. Le numéro 8 des Verdiblancos contrôle, observe l’espace libre autour de lui, puis se met à effectuer quelques jongles pour divertir le public sévillan, tout heureux de voir son chef d’orchestre s’amuser. Mais les joueurs de l’Athletic Club ne l’entendent pas de cette oreille : Óscar de Marcos commet une faute sur Nabilon, puis Iker Muniain vient lui susurrer quelques mots doux avant de lui mettre la main au visage. Derrière, Fekir monte au créneau et lui assène un coup de pied au niveau du mollet avant de se relever. Résultat des courses : Antonio Mateu Lahoz brandit le carton rouge à Fekir et le carton jaune à De Marcos. Et Muniain ? Impuni et considéré comme une victime dans l’histoire…

Pellegrini : « Sur vingt fautes qu’il subit, dix sont sifflées »

Cela peut paraître partial, mais l’arbitre espagnol a fait son choix. Avec cette expulsion directe, la deuxième de la saison après un accrochage tendu avec Kerem Demirbay contre le Bayer Leverkusen en Ligue Europa, l’international français montre qu’il peut dégoupiller quand le thermomètre grimpe sur la pelouse. « Je n’ai pas encore parlé à Fekir, expliquait Manuel Pellegrini juste après la rencontre remportée 1-0. Ce n’est pas la première fois qu’il réagit après avoir reçu vingt coups de pied. Sur vingt fautes qu’il subit, dix sont sifflées. Ce n’est pas justifiable, mais c’est compréhensible. » Depuis sa signature au Betis en 2019, le milieu de terrain est surveillé par les défenses de Liga, et les chiffres en témoignent : si Fekir fait partie des plus gros dribbleurs du championnat (100 dribbles réussis, quatrième ex-aqueo avec Gonçalo Guedes derrière Óscar Trejo, Luis Rioja et le leader Vinicius Junior), le Lyonnais de naissance est le joueur qui subit le plus de fautes cette saison : 67 contre 65 pour Vinicius et 60 pour… Muniain.

Son jeu est arrogant et amène à ce type de situation. Et comme Nabil a du caractère, il peut avoir un geste. Il ne va pas aller mettre un coup de tronche comme Zidane.

Nabil Fekir serait-il devenu un joueur arrogant ? « Je ne sais pas comment il a évolué dans son état d’esprit, répond Robert Mouangué, son ancien entraîneur en U19 nationaux à l’AS Saint-Priest. Ce qui est certain, c’est que son jeu est arrogant et amène à ce type de situation. Et comme Nabil a du caractère, il peut avoir un geste. Il ne va pas aller mettre un coup de tronche comme Zidane à la Coupe du monde, mais il peut tenir par le cou. Et jusqu’à preuve du contraire, il n’a étranglé ou mis de tarte à personne. Le mec est là pour faire le spectacle, il prend des coups et se fait toucher le visage. Il suffit qu’il pousse l’adversaire pour qu’il prenne un rouge… C’est là où on se dit que les arbitres et les règlements n’ont rien compris. À un moment donné, tu mets un jaune aux deux. Et si tu mets un rouge, tu le mets aussi au mec qui en rajoute et se roule par terre. »

Self-defense ?

Adepte d’un sport pratiqué de manière esthétique et émotionnelle, Fekir voit paradoxalement son nombre de cartons rouges augmenter en Liga. C’est déjà sa cinquième expulsion depuis son arrivée à Séville, soit cinq fois plus que lors de son passage à l’OL de 2013 à 2019. « Cette mauvaise passe, ça m’étonne un peu, évoque son ancien capitaine chez les U19 de l’ASSP, Nadir Draidi. Nabil était quelqu’un de réservé chez les jeunes, il s’affirmait balle au pied. La parole ou les mauvais actes, ce n’était pas son truc. À l’OL, il n’a pas beaucoup pris de rouge étant donné son brassard de capitaine, il faut toujours se montrer plus ou moins exemplaire. Bon, il a causé des débordements à Saint-Étienne, mais c’était du chambrage et c’était bon public. En Espagne, peut-être que cela change et qu’il cherche à se protéger seul car les arbitres ne le font pas pour lui. »

La parole ou les mauvais actes, ce n’était pas son truc. En Espagne, peut-être que cela change et qu’il cherche à se protéger seul car les arbitres ne le font pas pour lui.

Il y a dix ans, Bouangué n’avait pas de souci à se faire concernant l’état d’esprit de son diamant, et le stade Jacques-Joly s’en souvient encore. « C’était un garçon tranquille et bien entouré, évoque l’actuel directeur sportif de l’ASSP. À la provocation, Nabil ne répondait que par son football et sa virtuosité. Je l’ai eu pendant un an, et à chaque match à domicile, il faisait se lever toute la tribune à plusieurs reprises. On entendait des grands « Waouh ! » à chaque râteau ou petit pont, à la manière de ce que fait Paquetà à l’OL aujourd’hui. Nabil, c’était trois ou quatre gestes techniques inouïs par match. Quand je le mettais sur le côté gauche, il ridiculisait l’arrière droit. Et quand c’était en dix, c’était pareil pour le numéro six adverse. » Bryan Dabo, capitaine de l’époque à Montpellier, peut en témoigner. Et si les caméras ne pardonnent plus le moindre écart de conduite aujourd’hui, Fekir reste toujours un footballeur capable de réaliser les plus grands exploits. À commencer par une remontada contre l’Eintracht Francfort, quelques heures après l’annonce d’une liste des 23 dans laquelle Didier Deschamps pourrait le rappeler ?

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Par Antoine Donnarieix

Tous propos recueillis par AD, sauf mentions.

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