Des cheikhs en bois
Havre des footballeurs en fin de carrière dorée, Dubai est la nouvelle place forte du luxe mondial. Dans ce maelstrom de signes extérieurs de richesse, le cheikh Maktoum organise des tournois amicaux juteux pour équipes européennes en quête de nouveaux marchés et d’argent facile.
Les voyageurs qui arrivent pour la première fois à Dubai sont surpris dès leurs premiers pas dans l’aéroport : un panorama constitué de palmiers géants et de boutiques se dresse alors devant eux… des boutiques à perte de vue. Une rapide visite dans la baie et ses alentours suffit toutefois à comprendre que la capitale du luxe respecte les traditions arabes les plus anciennes, ce qui ne l’empêche pas d’abriter le même fléau chronique que se traînent les grandes métropoles modernes, à savoir la misère.
Dubai est l’un des sept émirats qui composent les Emirats Arabes Unis (EAU). C’est de loin le plus peuplé avec un million d’habitants et des poussières, dont plus de 80% d’immigrés. Fort d’une vertigineuse croissance économique et d’une évolution prospère, Dubai est gouverné par le cheikh Mohammed Bin Rashid AL Maktoum, premier ministre des Emirats Arabes Unis, ou l’homme qui a su insuffler une prospère révolution de développement à un pays qui ne jouissait pourtant pas des mêmes réserves de pétrole que ses voisins.
Certains désignent Dubai comme la perle du Golfe persique. L’ancien port de pêche est devenu avec le temps l’endroit à la mode pour les milliardaires en short, comme Figo, qui peuvent se payer un séjour dans un des luxueux resorts 7 étoiles situés en bordure de plages magnifiques. Des édifices fastueux qui donnent un sérieux coup de vieux aux gratte-ciels de Manhattan, comme ce building en construction qui, une fois achevé, deviendra le plus haut du monde.
C’est dans ce cadre, où le luxe ostentatoire tranche avec l’extrême pauvreté, que Benfica, l’OM, la lazio et le Bayern Munich vont disputer le tournoi qui porte le nom du Cheikh. Une attraction parmi tant d’autres, qui permet à Dubai et à ses dirigeants d’ouvrir le Shopping festival de l’émirat. Dans une ville qui propose une infinie multitude de centres commerciaux, la distraction des habitants se résume souvent à une chose : les courses ou (achats). Et rien de mieux pour les pousser à la consommation que de créer un grand effet d’annonce avec la Dubai Cup. Ou quand le football accélère la stratégie marketing…
La population indigène et les travailleurs émigrés, notamment d’Inde et du Pakistan, sont souvent les plus malmunis ; d’ailleurs ils continuent toujours à se rendre aux souks situés au centre-ville, où les prix sont nettement plus abordables. Entrer dans cet endroit permet de découvrir mille et une sensations d’arômes différents, des épices fines qui réveillent les sens à ceux beaucoup plus écoeurants de la sueur des travailleurs qui pullulent frénésiquemennt dans les différents magasins. Quelques kilomètres plus loin, l’odeur de la sueur disparaît pour laisser place aux senteurs parfumées des boutiques de luxe, des magasins de vêtements de marques et même des grandes enseignes telles Ikea. Dans le Mall Of The Emirates, le plus grand centre commercial de Dubai, il existe même une piste de ski alpin. Sous la chaleur d’un été torride, les Arabes peuvent ainsi taquiner la poudreuse pour moins de 30 euros par heure. Incroyable…
L’homme qu a créé ces nouvelles opportunités de vie dans cette région du globe est ici vénéré, du moins par les riches habitants qui peuvent jouir des privilèges qui leur sont proposés. Mais le Cheikh Maktoum n’est pas qu’un simple bâtisseur de rêves montés de toutes pièces, c’est aussi un amateur de sport, qui a une prédilection toute particulière pour les courses de chameaux et le football. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit à l’origine de la venue des Lisboètes pour un tournoi qui permettra tout de même au vainqueur (1) de remporter la petite bagatelle de 1,8 millions de dollars, ce qui n’est pas rien…
(1) Le Benfica Lisbonne, vainqueur en finale de la Lazio Rome (5 tab à 4 : 0-0 ap prolong.), repart donc au pays avec un joli petit magot…
Paulo Alves et Gonçalo Guimaraes, pour A Bola, Portugal
Traduit et complété par Javier Prieto Santos
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