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Dans les coulisses du Stade poitevin, face au RC Lens

Par Paul Citron, au stade Michel-Amand de Buxerolles
5 minutes
Dans les coulisses du Stade poitevin, face au RC Lens

Ce dimanche, le Stade poitevin accueillait en 32es de finale de Coupe de France le très à la mode et très impressionnant Racing Club de Lens de Franck Haise au pays du Futuroscope. On y était.

Il n’est pas encore 10 heures du matin, mais dans les travées du stade Michel-Amand de Poitiers règne déjà une effervescence inhabituelle. « J’en peux plus, rigole Jérôme, responsable buvette. Depuis vendredi, on n’arrête pas. » Dans près de quatre heures, à 13h45, le coup d’envoi du match de la journée sera donné, mais, pour l’instant, pas de joueurs à l’horizon. Ce sont les bénévoles qui s’activent. « Ce matin, on était là à 8h30 pour faire 2500 sandwichs, détaille Céline, derrière le comptoir, occupée à servir les premiers demis de la journée et dont le regard est coincé entre le masque et l’énorme bonnet de Noël. C’est sûr qu’on n’a pas l’habitude. » L’habitude, au stade Michel-Amand, ce sont quelques centaines de spectateurs, qui viennent assister aux matchs du Stade. Le club de Poitiers, qui évolue en National 3, croise cette année le fer en championnat avec le Stade bordelais ou les réserves des Girondins de Bordeaux et des Chamois niortais, avec l’ambition assumée de décrocher une promotion rapidement. Il s’en est donné les moyens : il a attiré sur son banc cet été Xavier Dudoit, ancien joueur pro à Lorient et ex-entraîneur de Romorantin, et a plus recruté que le PSG (8 nouveaux arrivants) pour tenter d’entamer la remontée du club dans les plus hautes sphères du football français, auxquelles il n’a plus goûté depuis le milieu des années 1990 et une saison en deuxième division en 1995-1996. La saison précédente, le Stade poitevin avait écrit la plus belle page de son histoire en se payant l’AS Monaco de Lilian Thuram et Mickaël Madar en seizièmes de finale de Coupe de France (2-1). Il n’était également pas passé loin de s’offrir en 2019 le scalp de Rodez, alors en Ligue 2, dès le huitième tour de Coupe (1-3).

Cinéma, maillot gri-gri et retrouvailles

Autant dire que les exploits du mois de décembre, le Stade poitevin connaît. Aux alentours de 12h30, et alors que « Jingle Bells » a déjà résonné une bonne douzaine de fois, les premiers encouragements se font entendre : les joueurs poitevins sortent fouler la pelouse après le brunch. Décontractés, mais remontés à bloc. « On a bien bossé la tactique, toute la semaine. On a fait de la vidéo, tout », confie le milieu de terrain Brian Mériguet, qui avoue aussi être allé au cinéma samedi soir « pour se détendre ». Junior Mendes, le jeune ailier fin aux grandes échasses, fait plus dans la superstition. Il ouvre sa parka pour dévoiler en souriant le maillot avec lequel il avait offert le dernier trophée en date du Stade deux ans plus tôt, en Coupe de Nouvelle-Aquitaine.

D’autres s’apprêtent à retrouver de vieilles connaissances. Jordan Cuvier, l’attaquant vedette, retrouve Franck Haise sous les ordres duquel il avait évolué en jeunes au Stade rennais ; Yvan Kibundu, milieu de terrain du Stade arrivé cet été, était passé par le RC Lens au début de sa carrière. Le ton monte encore d’un cran à l’échauffement, quand le public comprend que les Nordistes n’ont pas laissé les cadres au repos : Seko Fofana, Jonathan Clauss, Florian Sotoca, la plupart des tauliers sang et or sont présents sur la feuille de match. Le rappeur Da Uzi, ancien du club, et Maurice Raspotnik, ancien joueur professionnel des deux formations, donnent ensemble le coup d’envoi fictif.

UP’20 et contre-attaques

Le dispositif poitevin est éloquent : un 4-4-2 à plat, avec devant les deux tourelles Jordan Cuvier et Christopher Fourmy. Les Lensois sont proches d’ouvrir la marque dès la sixième minute, mais pas de quoi décourager le kop des UP’20 (comprendre Ultras Poit’20), le groupe ultra local – bien fourni pour l’occasion – qui donne de la voix pour couvrir le boucan des 208 ultras lensois. « On espère être une centaine aujourd’hui, sans compter les gamins qui vont venir crier avec nous », avait confié l’un d’eux dans la matinée, alors qu’il n’était qu’une quinzaine à installer les banderoles dans le froid. Il avait vu juste.

Sur le terrain, les Dragons poitevins tiennent la dragée haute aux Lensois pendant plus d’une demi-heure. Au milieu, Max Hilaire, international haïtien bâti comme un déménageur, livre un duel de costauds avec Seko Fofana. Du moins, c’est ce qu’on ressent dans les tribunes, puisque après le match, l’intéressé n’en est pas convaincu. « Franchement, il est impressionnant. Tu peux pas t’approcher de lui, il est toujours bien placé. » Mais en l’espace de deux minutes, le ciel tombe sur les têtes viennoises : Ignatius Ganago ouvre le score à la 36e minute, et dans la foulée, les Poitevins sont réduits à dix après l’expulsion de César Neto, le milieu offensif de poche local.

Chambrage, et cam’ dans le pif

Le score en restera là. Frustrés pour autant, les Poitevins ? « C’est un vrai mélange de déception et de fierté, détaille le coach local après la rencontre. On aurait certainement continué à leur poser des problèmes à 11 contre 11. » Jonathan Clauss n’en est pas si sûr : « On a beaucoup de joueurs qui savent ce que c’est d’être outsider dans ce genre de match, alors on n’a pas paniqué. On savait que le plus dur serait de marquer. » « Tu parles bien ! C’est ça la Ligue 1 », lui lance Cédric Jean-Étienne, le capitaine poitevin, au moment de prendre sa place pour se livrer à l’exercice pas si traditionnel de la conférence de presse. Jordan Cuvier, lui, quitte le stade parmi les derniers, avec un goût amer en bouche. Il ressasse sûrement cette première occasion de la 8e minute, qui aurait pu tout changer. « Et voilà, maintenant, c’est fini. On va retourner à notre bon vieux championnat », arrive-t-il tout de même à plaisanter. Il tire au moins deux choses de cette journée : le maillot de son pote Flo Sotoca, qu’il avait côtoyé à Béziers, d’une part. Et ce que ça fait d’être sous le feu des projos, pendant une semaine, et d’avoir droit aux interviews en bord de pelouse. « La caméra, elle est tellement proche, t’as l’impression qu’elle est dans ton nez ! » Alors que l’exploit, lui, leur est plutôt passé sous le nez.

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Propos recueillis par PC.
Photos de Benjamin Bénéat et Iconsport.

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