D.Belmadi : « Il faut se méfier de l’oie qui dort »
19h31, j'appelle Djamel - milieu droit, 32 ans - depuis le bunker So Foot. 18° C dans la pièce. Il répond du premier coup. Il est au match amical de Valenciennes contre le Cercle de Bruges. Mais il est spectateur pour cause de rééducation. Il ne peut me parler, car il veut regarder ses coéquipiers. Djamel me rappelle deux minutes plus tard. Il peut me répondre. C'est la mi-temps. 1-0 pour Valenciennes. 24° C sur le terrain. Il fait beau à Raismes. Bruits de spectateurs autour de lui. Je dois souvent répéter mes questions. Il a l'air content d'être interviewé.
Tu as regardé l’Euro pendant les vacances ? Si oui, quelle est ton analyse ? Ouais. Disons que les équipes qui ont cherché à jouer, comme les Ruskoffs ou les Espagnols, ont fait plaisir. Ils ont toujours cherché à combiner, à produire du jeu et un autre football. L’Espagne est la preuve qu’on peut gagner une grande compétition avec du jeu. En plus, c’est plaisant à regarder pour les spectateurs.
Le centre d’entraînement de Valenciennes héberge une université. Après les séances, vous allez assister à des cours magistraux en amphi ? Nous, on est des footballeurs. Les études, c’est pas notre truc. On a des journées éprouvantes même si on s’entraîne qu’une fois par jour. La récupération est toute aussi importante. Il est donc difficile d’avoir une activité qui demande de la réflexion. En tout cas, c’est dur pour moi. J’aurais du mal à passer les diplômes d’entraîneur en même temps, y compris le premier niveau.
L’été, c’est mercato. 3 de vos joueurs sont partis à Lens (Chelle, Doumeng et Roudet) et vous comptez trois arrivées de Lensois (Lacourt, Bisevac, Khiter) dans votre effectif. Est-ce qu’il y a un pacte de stabilité entre Lens et Valenciennes ? C’est sûr qu’avec Lens, comparativement à Lille, on n’a pas la même relation. Quand on joue Lille, c’est un véritable derby. Alors qu’entre nous et Lens, il y a une véritable amitié. Il y a aussi un respect vis-à-vis des supporters lensois. La descente en Ligue 2 de Lens ne nous a pas fait plaisir. Et notre entente se matérialise aussi dans les affaires.
L’année dernière, tu as marqué ton unique but lors de la 25ème journée. Cette année, tu as prévu de marquer quelle journée ? Lors de la 1ère si je suis prêt (ndlr il sort de rééducation). J’espère beaucoup plus marquer cette année. Je ne fais pas exprès de ne pas marquer. Je me suis un peu manqué devant le but, mais il ne faut pas oublié que je suis milieu offensif. Mon travail est de marquer, mais aussi de participer. Mon rôle c’est aussi de délivrer la dernière passe.
Le record d’affluence du stade date du 13 mars 1955 avec 21 268 spectateurs pour la venue de Sedan. C’est un peu la lose, non ? La lose ? Tu veux dire la honte, c’est ça ? La honte je ne sais pas. En tout cas, ils devaient avoir une très belle équipe à cette époque.
A ce propos, en 2010, Valenciennes va se doter d’un nouveau stade de 25 000 places. Il va s’appeler le stade Nungesser II. Ils se sont pas foulés dans l’administration. T’as pas une autre idée de nom ? J’ai entendu parler de cette histoire de Nungesser II. Ce n’est pas définitif. Un autre nom circule. Quant à moi, je n’ai pas trop d’imagination.
Le stade Nicolas Penneteau ? Ce serait, je pense, beaucoup d’honneur pour lui.
Une pression supplémentaire ? Ce serait con de devoir l’inaugurer en Ligue 2. C’est sûr que cela la foutrait mal. C’est pour cela que le club fait tout pour que l’équipe soit pérenne en première division. A l’arrivée, cela gâcherait la fête.
En attendant le stade, le club s’est doté d’un nouveau logo. Nouveau blason, nouvelle ambitions ? C’est toujours le même but. On ne va pas faire la fine bouche. Le maintien reste l’objectif de la saison prochaine. La saison dernière, on a fini treizième après avoir passé une bonne période de l’année dans la première partie de tableau. C’est là qu’on aimerait figurer à la fin de cette saison.
Sur le blason apparaît l’oie, animal mascotte du club. Certes, c’est hargneux une oie, mais ca pourra jamais battre un Lyon ? Sochaux aussi, ils ont un lion comme mascotte. Et on les a battus deux fois l’année dernière. Il faut se méfier de l’oie qui dort.
Vous êtes sponsorisé par Toyota, pas trop dégoûté de te coltiner un Rav4 alors que tu pourrais rouler en Cayenne ? (Rires). C’est vrai que si on était sponsorisé par Porsche ou Mercedes se serait mieux. Mais bon, il y a pire que Toyota.
Après le bus boutique qui sillonne les routes du valenciennois, la prochaine étape, c’est le salon de coiffure VA FC avec du gel Penneteau ? (Rires). Pourquoi pas ! Avec des coupes aux couleurs rouges et blanches. Je vois bien le retour de la coupe iroquoise. Histoire de se faire remarquer.
A ce propos, qui a la pire coupe ? Justement Johan Audel rentre à l’instant sur le terrain. Il a une coupe de cheveux avec des dessins. Une coupe à hautes ailes.
A 32 ans, l’éternel globe-trotter a-t-il définitivement posé ses valises ? J’ai été dans 8, 9 clubs en 10 ans. Je ne ferme la porte à rien. Mais je ne suis pas pour autant un mercenaire. Je ne tire jamais de plans sur la comète. Je vis le temps au présent. A fond. Les joueurs sont parfois amenés à bouger pour des raisons familiales par exemple. Lorsque la vie de famille est difficile. Moi, je vais là où je sens le truc. Et en ce moment, je n’ai pas l’esprit à partir ailleurs.
Tu es cité dans deux chansons : La cabane du pêcheur de Francis Cabrel (Belmadi justement, c’est ce que je voulais savoir et j’ai dit vient t’asseoir…)ou Siffler sur la colline de Joe Dassin (Belmadi d’aller siffler là haut sur colline). De laquelle es-tu le plus fier ? La Cabane du pêcheur. J’aime bien Francis Cabrel. Il est plus de notre génération que l’autre.
As-tu récupérer la chaussure que tu avais lancé au visage d’un supporter marseillais ? Oui, je l’ai récupéré. Elle trône même comme trophée dans ma maison. Sur l’armoire de mon salon.
Dernière question avant de se quitter. Un favori pour le titre ? Cela fait 7 saisons que Lyon est champion. Ce serait con d’en pronostiquer un autre. Mais Paris s’est bien renforcé. Marseille aussi. Je vais dire Paris.
Propos recueillis par Maxime Marchon
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