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Comment je suis tombé amoureux de Shved, Ljubičić et Fernández (épisode 17)

Par Adel Bentaha, Anna Carreau et Matthieu Darbas
Comment je suis tombé amoureux de Shved, Ljubičić et Fernández (épisode 17)

Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'un joueur. En voilà trois qui ont fait battre la chamade à nos petits cœurs pendant cette fournée de matchs européens : Maryan Shved du Shakhtar Donetsk, Robert Ljubičić du Dinamo Zagreb et Enzo Fernández de Benfica.

Maryan Shved (Shakhtar)

L’action qui nous a fait succomber : Le pressing est une qualité rarement évoquée chez les attaquants. Et pourtant, c’est bien ce qui a permis à Maryan Shved de perturber un Péter Gulácsi trop sûr de lui, afin d’ouvrir le bal du Shakhtar, opposé au RB Leipzig mardi dernier (1-4). À la course devant le portier hongrois, loin de sa surface, l’avant-centre de Donetsk a ainsi trompé son adversaire par deux feintes de corps, droite-gauche, avant de lui chiper le cuir, de lever la tête et de conclure instantanément. La suite ? C’est une action supersonique, orchestrée par les jambes électriques de Mykhaylo Mudryk et le sens du but de Shved, venu placer son corps vers le point de penalty, d’un sublime contrôle orienté, pour enchaîner d’un tir croisé, dévié par Willy Orbán. Un peu d’opportunisme n’a jamais fait de mal à un bon attaquant. Inscrire un doublé en à peine une heure de jeu, pour sa première apparition en Ligue des champions : Super Maryan l’a fait.

Pourquoi il est si excitant ? Car s’imposer à la pointe d’une attaque habituée aux géants (Júnior Moraes, Dentinho, Andriy Boryachuk, Danylo Sikan), lorsqu’on mesure 1,70 mètre, que l’on a (déjà) 25 ans et que l’on dispose d’une formation comme ailier droit impose forcément un certain respect. Cette mobilité a par ailleurs permis de convaincre son entraîneur Igor Jovićević de positionner l’Ukrainien en doublure du revenant Lassina Traoré et de l’associer à Mudryk, dans ce rôle d’attaquant de soutien. Des qualités de jeu en profondeur et de finisseur, que Shved doit en partie à son paternel, Vasyl, illustre canonnier des divisions inférieures ukrainiennes du début de millénaire.

Et il vient d’où ? En attendant la plénitude et la régularité, Maryan Shved a sérieusement bourlingué depuis ses 17 ans. Pur produit du Karpaty Lviv, l’attaquant s’attire ainsi les faveurs de Séville, à l’été 2015, la majorité à peine entamée. Séduit par la finesse technique de ce petit gabarit et désireux d’amener un compatriote au chevet de Yevhen Konoplyanka, confronté au mal du pays, Monchi pense dès lors flairer le bon coup. Malheureusement, cantonné en réserve, Shved ne s’épanouit que très rarement en Espagne. Retour à la case départ, du côté de Lviv, où sa palette technique peut à nouveau s’exprimer. Se considérant prêt, il tente alors le pari Celtic, en 2019, de nouveau sans parvenir à ses fins (trois matchs, un but). Le salut viendra (enfin) de Belgique, à Malines, lui offrant ses premières saisons pleines, une visibilité certaine et donc l’opportunité de retrouver les siens, cette fois à Donetsk : « Si le Shakhtar m’appelle, j’y vais à vélo ! », s’amusait-il ainsi sur les réseaux sociaux, en juin dernier. Pas besoin de bicyclette, deux jambes de feu suffisent.


Robert Ljubičić (Dinamo)

L’action qui nous a fait suer : Comme tout latéral qui se respecte, Robert Ljubičić s’est fait remarquer dans les deux surfaces. Celui qui est placé piston gauche a donc démarré sa soirée par une sublime passe décisive pour Mislav Oršić, en récupérant dans sa propre surface un ballon qui traînait puis en mettant sur orbite d’un ballon lobé celui qui sera le héros de la soirée à Zagreb. Après avoir fait sa part du job offensivement, il s’est chargé de mettre dans sa poche Reece James et consorts, obligeant même les Blues à ne passer que par le côté gauche de leur attaque. Mais le jeune hyperactif ne s’est pas contenté de siphonner la ligne de touche, puisqu’à la 81e minute, alors que son équipe est sur les rotules et est sur le point de craquer, c’est lui qui s’impose sur un duel aérien devant Kai Havertz (1,78m vs 1,90m pour l’Allemand) et permet aux siens de conserver cette victoire historique 1-0 contre Chelsea, et par ricochet provoque le licenciement de Thomas Tuchel.

Pourquoi il est si craquant ? Parce que sa tignasse aux faux airs de David Luiz et sa capacité à multiplier les allers-retours sur son côté gauche feraient presque oublier qu’il a été formé milieu central et qu’il y a encore quelques semaines, il cavalait dans l’entrejeu du Rapid Vienne. Le tout pour réussir à cadenasser une équipe de Chelsea lors de son tout premier match de poules de Ligue des champions et briller sur le plan technique face à ce qui se fait de mieux en Europe. Parce qu’il est aussi du genre à faire taire les supporters autrichiens, qui s’étaient amusés de son départ et moqués du fait qu’il préfère rejoindre le Dinamo Zagreb, qui lui a fait prendre une nouvelle dimension dans son rôle de piston. Parce qu’après avoir mené l’ensemble de sa jeune carrière dans l’ombre, Robert Ljubičić et son intelligence de jeu à toute épreuve sont désormais au centre de l’attention. Ses très belles performances du côté de l’Adriatique obligent désormais deux nations à s’arracher le jeune de 23 ans pour la prochaine trêve de septembre : l’Autriche et la Croatie.

Et il vient d’où ? Ses parents croates de Bosnie-Herzégovine ayant fui la guerre de Yougoslavie, Robert Ljubičić fait donc partie de cette nombreuse diaspora vatreni en Autriche. Le natif de Vienne n’avait d’ailleurs jamais mis un pied au pays à damier avant de débarquer au Dinamo cet été, si ce n’est pour deux matchs avec la Croatie U20 et des vacances familiales. Jamais annoncé comme un « crack » , il suit son bonhomme de chemin dans l’ombre de son frangin Dejan, aujourd’hui attaquant de Cologne. Là où son grand frère a la chance de grandir dans les rangs du Rapid Vienne, lui devra d’abord faire ses preuves au Sankt Pölten avant de rejoindre le club de la capitale, que son aîné vient tout juste de quitter. Fils de Zoran Ljubičić, ayant fait une honnête carrière dans les divisions autrichiennes inférieures, il grandit avec son cousin Anto, lui aussi footballeur professionnel en Autriche. Le Dinamo Zagreb, qu’il dit supporter depuis son enfance viennoise, lui donne donc l’occasion de s’affirmer loin d’un cocon familial un peu trop connaisseur, tout en découvrant la terre de ses ancêtres. Avant de vraisemblablement devoir choisir entre ses deux identités.


Enzo Fernandez (Benfica)

L’action qui nous a fait chavirer : Par moments, il semblait mesurer une dizaine de centimètres de plus, endosser une tunique aux rayures noires et blanches floquée du numéro 21 et n’avoir plus aucun secret avec la roulette. À la récupération d’un énième ballon, Enzo Fernández (et son nom très zidanesque) enrobe la balle du bout de son pied droit, épouse le cuir et talonne l’ovale à son coéquipier d’un geste extraordinaire. Au pressing, l’ailier du Maccabi Haïfa Omer Atzili reste sur place, les deux pieds cloués au sol, les jambes écartées et les fesses à terre. Alors oui, au moment de faire les comptes, le petit magicien argentin a pris sa douche sans avoir ajouté son nom au tableau de marque. Mais par ce geste, il a fait plus que ça. Et faire oublier la performance dorée de son coéquipier Álex Grimaldo, auteur d’un centre parfait sur le premier but et d’un missile fantastique sur le second, n’est pas chose aisée. Comme quoi, la douceur vaut parfois mieux que la puissance.

Pourquoi il est si excitant ? Quitte à aller jusqu’au bout de la comparaison avec le divin chauve, Enzo Fernández ne remplit pas toujours les colonnes de buts et de passes décisives. En revanche, il sait garnir les plus belles compilations YouTube de gestes techniques fantastiques et, surtout, engloutir toutes les autres statistiques qui viennent aider un collectif. Pour l’entrée en lice de Benfica face à Haïfa, l’ancien pensionnaire de River Plate a ainsi été le joueur à avoir réussi le plus de passes (78), à récupérer et intercepter le plus de ballons (douze) et à toucher le plus de fois le cuir (à 109 reprises). Et cela, en plus d’avoir remporté tous ses duels. Par sa maîtrise, son toucher de balle, et ses éclairs de génie, le jeune Enzo de 21 ans transforme la moindre passe en véritable occasion et la plus petite des accélérations en mouvement de projection considérable pour les siens. Autant de qualités qui ont poussé Roger Schmidt à lui donner les clés de l’entrejeu de la maison rouge. Mieux, les clés de la maison, tout court.

Et il vient d’où ? Il y a eu Javier Saviola, Hernán Crespo, Pablo Aimar, Gonzalo Higuaín, Lucho González, Radamel Falcao et tant d’autres. Dernièrement, le jeune Julián Álvarez a quitté River pour venir conquérir l’Europe dans les rangs de Manchester City. Mais c’est bien Enzo Fernández qui fait le plus de bruit en ce début de saison. « Il a un super style de jeu et offre toujours une solution à ses partenaires. Il contrôle très bien le ballon. J’aime beaucoup, il cherche toujours à casser des lignes et à trouver ses ailiers et ses attaquants. Vraiment, j’aime beaucoup cet Enzo », avait lancé le champion du monde 1998 Robert Pirès en février dernier, lors d’une visite en Argentine, au micro d’ESPN. S’ils sont désormais nombreux à garder un œil sur la nouvelle star du SLB, il a fallu du temps à Enzo pour se faire un nom. Formé chez les Millonarios, l’Argentin avait dû passer par la case prêt à Defensa y Justicia pour gagner du temps de jeu. Patron de River Plate lors de son retour à la maison en juillet 2021, Fernández met un an à devenir l’un des meilleurs joueurs de l’élite. Avec neuf buts et six passes décisives en 23 apparitions, toutes compétitions confondues, sur ces six derniers mois, le box to box explose et s’ouvre les portes de l’Europe. La pépite originaire de San Martín signe alors un contrat de cinq ans avec les Aigles lisboètes, accompagné d’une clause libératoire estimée à 120 millions d’euros. Soit la plus importante de l’effectif actuel. À ce rythme-là, il ne serait pas étonnant qu’une institution fasse péter le verrou.

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