Caniggia : «Ne croyez pas ce que dit Diego»
Depuis qu'il a raccroché les crampons, Claudio Caniggia s'est posé à Marbella. Le chevelu rebelle n'a toujours pas coupé ses tifs, ni les liens étroits qu'il entretient avec le ballon rond. Outre ses parties du dimanche avec ses potes, il joue désormais les conseillers pour des Argentins et des Anglais. L'ancien joueur des Rangers veut même monter une académie de foot...à Marbella.
Pourquoi Marbella ? Je venais souvent en vacances ici, j’aime bien ce lieu. Quand j’ai arrêté ma carrière, c’est ici que j’ai voulu m’installer. C’est un endroit tranquille, relaxant pour moi et ma famille. En Italie, on ne me laissait jamais tranquille.
Son téléphone sonne, il décroche, et baragouine en anglais. Il est en ligne avec Shota Arveladze, qu’il a connu aux Glasgow Rangers. L’attaquant de Levante l’invite à participer à son jubilé prévu le 3 juillet.
Entretiens-tu encore ta condition physique ? Je continue à m’entraîner. Je veux rester en forme sur le plan physique. Je joue au foot avec mes potes. Depuis deux mois, je m’entraîne même 3 à 4 fois par semaine, même si parfois je m’entraîne seul.
La vitesse était un de tes points forts. En combien de temps boucles-tu le 100 mètres ? En 10’70.
Quelles sont tes occupations ? Je n’ai pas quitté le foot. Lors de ma première année de retraite, je n’ai rien fichu. Maintenant, je travaille en tant que conseiller pour des clubs argentins et anglais. Je conseille également des jeunes qui souhaiteraient jouer en Italie ou en Angleterre. J’aimerais cependant ne pas dévoiler le nom de mes clients.
Quels sont tes projets à long terme ? J’aimerais faire quelque chose à Marbella. Je voudrais ainsi créer une académie de football. Je suis d’ailleurs convaincu que c’est un endroit très intéressant. Il y a des jeunes de toutes nationalités, et c’est surtout un endroit où il y a beaucoup de choses à accomplir.
Le joueur typique du sud de l’Espagne est un footballeur très technique, avec beaucoup de talent, mais qui manque de caractère… C’est vrai, on peut dire que les Espagnols se rapprochent des joueurs sud-américains. C’est sans doute là où il fait beau et où l’on mange bien que les équipes ne sont pas très motivées. Enfin, ce n’est pas toujours le cas.
L’Argentine continue de produire des joueurs de qualité. La différence, c’est qu’aujourd’hui ils viennent tenter leur chance en Europe, alors qu’ils sortent à peine de l’adolescence ; un peu comme toi lorsque tu as signé à Vérone, tu n’avais que 21 ans… Je ne sais pas si on peut comparer les deux époques. De mon temps, les clubs les plus importants comme Boca, River ou l’Independiente, comptaient des joueurs d’expérience ou des étrangers au sein de leurs effectifs. C’était donc relativement difficile pour les jeunes de s’imposer. Aujourd’hui le championnat n’est plus aussi performant, et il y a moins d’argent. Même si on fait davantage confiance aux jeunes, et que ces derniers sont plus matures qu’auparavant. Ils sont ensuite revendus en Europe, parce que les clubs argentins ont besoin d’argent. C’est comme cela et pas autrement que les petits clubs survivent.
Pourquoi l’Espagne n’arrive-t-elle pas à s’imposer dans les grandes compétitions ? Je pense que c’est un problème culturel. Avec les joueurs qu’ils ont eus en sélection, c’est incroyable qu’ils n’aient toujours pas gagné la moindre coupe du monde. Peut-être qu’il faudrait un joueur susceptible de les emmener au sommet. Un vrai leader.
On parle beaucoup de Messi et de Agüero, qui préfères-tu des deux ? Cela ne sert à rien de dire qui je préfère. Ils ne jouent pas au même poste, même s’ils seront indispensables à l’Argentine ces 10 prochaines années.
Quels sont les autres footballeurs qui se situent à leur niveau aujourd’hui ? Il y a Cristiano Ronaldo bien sûr, parce qu’il est jeune. Il pourrait progresser s’il partait en Italie ou en Espagne, qui sont des championnats plus difficiles. Il reste néanmoins le meilleur joueur au monde actuellement avec Drogba. J’aime bien aussi Iniesta, Cesc, Xavi, et Villa.
Le fait de n’avoir jamais gagné la coupe du monde fut ta plus grande frustration ? C’est la seule. Et pourtant j’ai eu deux opportunités. En 1990, lors du mondial italien, nous avons atteint la finale, et en 1994 on avait les moyens. Surtout qu’en 1990, j’étais suspendu pour la finale, tout ça pour un carton jaune en demi-finale. C’est ma plus grande frustration. J’ai joué les six matchs, je me sentais au top. On avait une équipe taillée pour gagner.
Ce carton que t’avait mis Michel Vautrot, c’était une injustice ou tu étais vraiment fautif ? Sur le moment, j’ai agi instinctivement. Mais bon, une main au milieu de terrain, cela n’a aucune influence sur le jeu. C’est vraiment dommage. J’ai marqué contre le Brésil en huitièmes de finale. Lors de ce match, je marqué le but le plus important de ma carrière, il y avait une rivalité énorme à l’époque. En demie, je claque un but à Zenga, alors qu’il restait sur un record de 517 minutes d’invincibilité. Tout cela n’a finalement servi à rien.
Peux-tu nous en dire plus sur l’histoire des gourdes que vous auriez trafiquées contre le Brésil ? Branco s’était insurgé par rapport à cela à l’époque… Il n’y a rien à dire. Nous avons gagné parce que nous étions meilleurs sur le terrain.
Tu veux bien reconnaître qu’il s’est passé quelque chose ? Reconnaître quoi (rires) ? Ne croyez pas ce que dit Maradona à ce sujet.
Propos recueillis par Pedro Luis Alonso pour Sur
Traduction : David Sfez
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