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Bon, c’est quoi cette histoire de jauge de supporters ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Bon, c’est quoi cette histoire de jauge de supporters ?

5000. Le chiffre magique ou maudit. Si le foot a repris, les stades demeurent donc clairsemés en raison de la pandémie de Covid-19 et des décisions gouvernementales adoptées afin d'en contenir la reprise, surtout dans des zones rouges aussi anodines que Paris ou Marseille. Ce seuil semble, forcément, arbitraire, voire inadapté selon les installations concernées. Il n'est pourtant pas près d'être abandonné, et pour l'instant en cours jusqu'au 30 octobre, hormis les dérogations (dont pour le moment aucune pour la L1). Il faudra s'habituer à ce numerus clausus.

Mardi 1er septembre, le Red Star reçoit Le Mans. La question de la jauge du nombre de spectateurs se pose moyennement en National, et Bauer accueille finalement toujours autant de fans de l’Étoile rouge. Personne n’est resté dehors et le signe le plus tangible de la période actuelle concerne le port généralisé du masque, une sensation d’évoluer dans un film d’anticipation de seconde partie de soirée. La distanciation sociale prend surtout ici une tout autre signification au cœur de cette petite enceinte à l’anglaise ou seul un des « côtés » est ouvert (sauf en face, un petit parcage pour les visiteurs). Les chants du kop et la queue à la mi-temps pour sa merguez-frites ou sa boisson procurent presque un sentiment rassurant de réconfort, de retour à la normale.

On pourrait presque croire que le ballon rond reprend doucement sa vie d’avant. Sauf qu’au-dessus, en Ligue 2 et surtout en Ligue 1, les pontes du foot tricolore ont sorti la calculette. Et ils n’arrivent pas vraiment à digérer pareille guillotine pour leurs finances. Parce qu’il s’agit bien de cela, au moment où tous les secteurs de l’économie ont les yeux braqué vers l’État pour connaître ses recettes miracles afin d’assurer la relance, et surtout de maintenir, de garantir les chiffres d’affaires. Il existe peut-être également une facette sportive. Les matchs gagnés et les nuls à l’extérieur seraient en hausse, même si cela reste à confirmer sur une saison.

Indemnités au nombre de supporters absents ?

Cependant, hier, lors du conseil d’administration de la LFP, le directeur général exécutif Didier Quillot a abandonné toute fausse pudeur, évoquant sans honte le cœur du problème. « Nous avons aussi travaillé sur une demande d’indemnité de compensation que nous sollicitons au titre des pertes de recettes billetterie et hospitalités liées aux matchs en jauge réduite. » Le tout formulé tranquillement dans un courrier adressé au Premier ministre et au président de la République. Les pertes étant évaluées autour de 100 millions d’euros, on imagine sans peine la tête du directeur de cabinet qui l’a ouverte avant de devoir rédiger un mémo pour son boss.

Car en soi, cette doléance, alors que le reste du pays s’apprête à manger son pain noir de manière autrement plus dure, frôle quasiment l’indécence. Il faut néanmoins voir aussi cela comme une grande révélation. Les clubs de foot, après des années d’accoutumance aux droits télé, viennent de réaliser à quel point leurs tribunes et leur public participaient à leur « valeur ajoutée ». Y compris auprès des diffuseurs, car rien ne se révèle pire que ces images de match où le latéral déborde en longeant des gradins quasiment déserts. Sans parler du ridicule des chants balancés par haut-parleurs ou rajoutés en bande-son. Ajoutez-y la perte de billetterie (prenons le cas de Strasbourg et sa Meinau toujours à guichets fermés), sans oublier les sponsors, et vous aurez une idée de l’angoisse qui tenaille les présidents de club, d’Angers à Rennes, en passant par Lens et même Toulouse. Le foot pro ne pleure pas sa dimension populaire. Il se rend compte de ce qu’elle lui (r)apporte.

Une bataille politique

Toutefois, la jauge ne déprime pas que les comptables. Au sein du mouvement ultra, de nombreux groupes jettent l’éponge devant le casse-tête imposé par une telle contrainte, de devoir tirer parmi ses membres les heureux élus, ou encore de ne pouvoir exprimer leur passion comme à l’ordinaire. C’est, en outre, l’occasion de pointer l’égoïsme des directions, avec lesquelles ils sont souvent en conflit. Celles-ci donnent l’impression d’avoir poussé à une reprise coûte que coûte, quelle que soit la configuration, et désormais de pleurer devant le résultat et ses effets pervers sur leurs finances.

Il existe, enfin et surtout, un enjeu essentiel pour le gouvernement. À travers cette mesure et la rigueur de son application, il cherche à illustrer, dans un domaine particulièrement médiatisé, la crédibilité de son action et la force de son autorité (mise à mal par les faveurs accordées au Puy du fou, entre autres). Le chaos et le n’importe quoi qui avaient accompagné la soirée de la finale de la Ligue des champions dans la capitale ont laissé, de ce point de vue, un goût amer à l’Élysée. Il s’agit, dès lors, de rappeler à l’ordre un foot pro un peu trop ingrat malgré les soutiens reçus lors du confinement et l’arrêt des compétitions. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, et désormais en quelque sorte « tuteur » de Roxana Maracineanu, maintenue aux sports, n’a pas hésité à endosser, dans les colonnes de L’Équipe, le rôle de prof d’enseignement moral et civique pour sermonner des élèves un peu trop râleurs. « On voudrait tous que cela aille plus loin, mais avec l’accélération du virus, il est normal qu’on soit très attentifs à ce qu’il n’y ait pas de dérogation en zone rouge. On pourrait nous trouver trop exigeants, mais le risque, en ne l’étant pas assez, est d’être contre-productifs, non seulement par rapport aux enjeux de santé, mais aussi aux intérêts du sport. Si demain, parce qu’on n’était pas assez prudents, on crée un cluster à cause d’une manifestation sportive, la société française se retrouverait contre le sport en question. » Cela dit, ce n’est pas en tribune que Neymar a contracté le Covid-19, et la vraie menace pour la suite du championnat réside bien davantage au sein des effectifs et des staffs que d’éventuels clusters en écharpe.

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